Nous voici revenus dans ce bon vieux 1992. A cette époque, point de Virtua Tennis, de Top Spin ni de Smash Courts. Les références sur consoles étaient Super Tennis (déjà sur Super NES) et Final Match Tennis sur PC Engine. Super Tennis avait déjà frappé assez fort l’année précédente en proposant un soft fun et facile à prendre en main. Mais voilà, c’était sans compter Blue Byte, petit développeur allemand qui allait chambouler l’ordre établi.
L’octet bleu du bonheur que l’on dit éternel
Blue Byte, société allemande à l’origine de jeux comme Great Courts, Battle Isle et The Settlers, a été achetée en 2001 par Ubi Soft (éditeur de Jimmy Connors sur Super NES). Great Courts est sa première série à succès. Le premier épisode sort en 1989, un deuxième en 1991, le tout sur les ordinateurs du moment comme l’Amiga. Jimmy Connors Pro Tennis Tour est en fait une sorte de Super Great Courts (les adaptations Super NES de l’époque portaient souvent ce genre de nom). Censé être issu du premier Great Courts, il est pourtant meilleur que celui-ci, mais aussi que Great Courts 2. Alors que les versions micro nageaient encore dans un gameplay et des graphismes plutôt typés de la fin des années 80, ce Super Great Courts était parfaitement à l’aise au milieu des productions du début des années 90.
You cannot be serious !
Eh non, pas de jeu à son nom pour McEnroe, contrairement à Sampras, Agassi et son contemporain Jimmy Connors. Jimmy Connors qui donne son image et un peu son style de jeu à cette simulation sportive. Ha ! Ça y est, le mot est lâché. Si-mu-la-tion. Même si cela parait ridicule face à la production actuelle, à l’époque, ce jeu passait sans problème pour une simulation face à un Super Tennis très orienté arcade. Pour faciliter un peu la lecture et plutôt que d’écrire moult fois Jimmy Connors Pro Tennis Tour, je vous propose de l’appeler JC (pour Jimmy Connors donc, et pas Jean-Claude votre camarade de classe chevelu). JC est donc un jeu de tennis (ho ho ho la grande nouvelle) qui propose trois modes de jeu : Entraînement, Exhibition et World Tour.
Grand Chelem
L’entraînement se passe très vite. On se retrouve sur un court avec un entraîneur (à choisir parmi cinq) qui explique les rudiments du jeu et la façon d’utiliser tous les boutons de la manette. Chaque entraîneur explique certains compartiments du jeu.
Le mode exhibition permet de rapidement faire un match. C’est le seul qui permet de jouer à deux. On sélectionne le type de match (simple ou double) et le nombre de joueurs humains (1 ou 2). Plusieurs combinaisons sont possibles dans le cas du jeu à deux : un contre un, deux joueurs humains contre deux joueurs gérés par la console ou encore un joueur humain et un joueur géré par la console contre une paire équivalente. Pour finir, on choisit la surface (dur, terre battue, synthétique indoor, gazon, désert et un terrain sous la neige) et le nombre de sets gagnants (1, 2 ou 3). Les règles de base du tennis ne sont pas très compliquées et sont très vite assimilées en cours de jeu.
Le dernier mode est en quelque sorte le mode histoire. Vous contrôlez Jimmy Connors pendant une année tennistique complète. Le but est d’arriver premier à la fin de l’année. Pour cela, il faut avoir gagné le maximum de points dans la trentaine de tournois qui ont lieu pendant l’année. Chaque mois, vous pouvez choisir de participer à un tournoi. Plus vous y allez loin, plus vous gagnez de points. Tous n’ont pas le même prestige et ne proposent donc pas la même récompense en termes de points, les quatre tournois du grand chelem et le masters étant les plus prestigieux. Il faut d’ailleurs noter que tous sont basés sur des tournois réels, ce qui est plutôt sympa. Lors du mois de décembre, qui sert d’habitude de pause dans la compétition professionnelle, le jeu propose des tournois fictifs dont le plus amusant est Antartica, qui permet de jouer sur un terrain totalement enneigé. Pour sauvegarder votre progression, il y a un système de mot de passe. Ce n’est pas très pratique, mais c’est efficace.
On ne peut pas dire que les modes de jeu soient très nombreux. Dans le contexte de l’époque, c’était un contenu tout à fait honnête, voire plutôt bon.
40/0
Plongeons un peu dans une partie. Après tout ce blabla, rien de mieux qu’un bon service à plus de 200 km/h.
Le jeu est très simple à prendre en main. Chaque bouton correspond à un coup particulier. En fond de court il sera possible de réaliser un coup lifté, slicé ou à plat mais aussi un lob ou un amorti. Au filet, vous aurez la possibilité de réaliser une volée claquée ou assurée mais aussi un lob ou un amorti. Appuyez sur un bouton et le joueur prépare le coup, relâchez-le et il enclenche la frappe. Plus vous préparez longtemps, plus la frappe sera forte. Le service, quant à lui, est très particulier dans ce jeu et en même temps vraiment intuitif et agréable : en appuyant sur un bouton vous lancez la balle en l’air ; vous le maintenez enfoncé puis, quand la balle redescend, vous le relâchez pour frapper la balle. Pendant ce temps, lorsque la balle s’élève, un curseur montera en même temps sur le terrain de l’adversaire. Puis lorsque la balle redescend, le curseur descend en même temps. Le but est donc de déplacer le curseur dans le carré de service de l’adversaire. Avec cette méthode, il devient très agréable d’essayer de placer sa balle dans les coins. Évidemment, chaque bouton va permettre de faire un service différent. Vous pouvez servir à plat, lifté ou slicé. Inutile de préciser que le service à plat est celui qui vous permettra de faire s’affoler les radars.
Le jeu est rapide à prendre en main. Vous commencez à jouer avec des tactiques simples, puis au fil de l’apprentissage, il vous sera possible de diversifier les tactiques de jeu. Contrairement à ce qui se passe dans des jeux très orientés arcade, dans JC il arrive parfois que vous sortiez la balle du court si vous cherchez trop à viser les lignes. C’est ainsi que ressort le côté simulation du soft : on ne peut pas faire n’importe quoi, il faut faire attention pour bien conserver la balle dans le court. Cela change de la concurrence. On peut appliquer plusieurs techniques différentes et gagner avec un jeu de fond de cours ou avec des attaques au filet. Le jeu au filet est vraiment agréable et varié alors que Super Tennis était injouable de cette façon. Les possibilités sont vraiment multiples et sont encore plus nombreuses si on arrive à cerner les points faibles des adversaires. Ce qui m’amène à parler des joueurs.
Il existe seize personnages non historiques. C’est dommage, mais à l’époque les éditeurs payaient pour un seul nom. A côté de Jimmy Connors il y a donc quinze inconnus. Chacun a des forces et des faiblesses : un coup droit puissant mais un mauvais revers, un jeu au filet très performant ou un excellent jeu de fond de court.
Le jeu est vraiment agréable, du fond du court comme au filet. Tous les styles et techniques sont jouables et plutôt équilibrés, ce qui change beaucoup de la concurrence de l’époque. Je pense que c’est pour cela que ce jeu a marqué son temps, bien plus que Super Tennis. Cet épisode Super NES est d’ailleurs bien meilleur que les épisodes Great Courts 1 et 2 sur micro. C’est une vraie réussite et il aura été difficile à détrôner par la suite. Un petit regret tout de même, les surfaces sont trop peu différentes et le rebond de la balle est presque similaire sur terre battue et sur gazon. Un autre petit bémol : le jeu en solo, une fois maîtrisé, est peut-être un peu trop facile et seuls deux ou trois des seize joueurs vous donneront vraiment du fil à retordre. Le mode deux joueurs et la possibilité de prendre le contrôle de joueurs plus faibles permettent de rallonger fortement la durée de vie du soft.
Silence s’il-vous-plaît
Ha ! Du côté de la bande-son, ça peut paraître assez aride. Et pourtant, on parlera plutôt de sobriété. La balle a un bruit différent pour chaque surface et l’arbitre annonce le score grâce à des voix digitalisées parfaitement audibles. Le tout est agréable et le public se fait même entendre à la fin des échanges.
Visuellement le jeu est bon pour l’époque, les joueurs sont bien animés et les coups ressemblent à de vrais coups de tennis. De ce point de vue-là, le jeu est ce qui se fait de mieux en la matière. C’est coloré et lisible. Parfait.
Game, set and match player one
Alors au final, que va-t-on retenir de ce jeu ? Eh bien pour commencer, le tournoi de Wimbledon en Angleterre est le seul qui peut être interrompu par la pluie ! Ha ha ha ! Oui donc… Au final, nous avons un excellent jeu. Une bonne simulation de tennis tout à fait représentative du sport. Le jeu est très agréable à jouer et facile à prendre en main. Il a été longtemps une référence en matière de jeux de tennis. Il est de plus d’une durée de vie relativement longue. Si le World Tour présente un intérêt qui devient vite limité par manque de challenge, le mode Exhibition est lui quasiment sans fin, encore plus si vous trouvez un partenaire humain. Non vraiment, il n’y a rien à reprocher à ce jeu, sauf peut-être le manque de différences entre les surfaces.
Graphismes : 18/20
C’est du tout bon pour la Super NES. Les animations des joueurs sont réalistes. Tout est fluide, il n’y a pas un ralentissement.
Son : 14/20
C’est sobre et parfait. On est encore loin des vrais bruits de balle sur un court de tennis mais les bruitages sont tout de même bons.
Scénario : -
Dans le tennis, les histoires se trouvent plutôt dans le caractère et la vie privée des joueurs. Mais cela ne nooous regarde paaas.
Jouabilité : 18/20
Excellente. C’est simple, précis et facile à apprendre. Tous les coups, techniques et tactiques du tennis sont là.
Durée de vie : 18/20
Assez phénoménale. Même si le World Tour peut ennuyer au bout d’un moment, le mode Exhibition permet vraiment de faire tout et n’importe quoi : du petit match rapide en solo au double à rallonge avec un ami.
Général : 18/20
Ce jeu a été la référence tennistique depuis le jour de sa sortie et pendant un temps assez long. C’est un plaisir d’y retourner, bien que les jeux récents le rendent obsolète, car il est très agréable à pratiquer.
Rejouabilité : 14/20
Très bonne. Une fois le jeu acquis, on avait tendance à y revenir souvent pour une petite partie grâce à son excellente durée de vie. Qu’en est-il maintenant? Sa réalisation plutôt moderne (on sent la marque des années 90) et son gameplay très agréable et accessible font qu’il est tout à fait possible de l’apprécier pour quelques heures, même si vous l’avez raté à l’époque. Ça vaut le coup de l’essayer.