En 1992, le petit monde du comic-book a tremblé sur ses bases : les Big Two, Marvel et D.C., se voyaient menacés par un nouveau venu, Image Comics. La boîte fut fondée par sept anciens dessinateurs de chez Marvel : Todd McFarlane (million seller avec Spider-Man), Erik Larsen (Spider-Man aussi), Marc Silvestri (Uncanny X-Men), Jim Lee (X-Men), Jim Valentino (habitué aux séries cosmiques), Rob Liefeld (X-Force) et Whilce Portacio (Punisher) claquent la porte de la Maison des Idées pour s’autoproduire, et ainsi profiter des retombées financières de leurs séries.
Le premier à voir le jour, le Youngblood de Liefeld, passe la barre du million de ventes, bientôt suivi par le Spawn de McFarlane. Peu après, c’est Jim Lee qui vient affoler les compteurs avec son WildC.A.T.S. (pour Cover Action TeamS).
ET PENDANT CE TEMPS-LÀ, À VERA CRUZ…
Pourtant le monde du jeu vidéo, habitué à porter les personnages de comics en pixels, ne s’intéressera que très peu à Image. On verra bien un jeu Spawn d’ici peu, ou le Darkness de Marc Silvestri bien plus tard, mais en cette année 1995, seuls les C.A.T.S. auront droit de cité. Et encore, par le biais de Playmates, jusque-là uniquement connu pour son Earthworm Jim.
Le jeu reprend l’histoire du bouquin. Une histoire assez sommaire. Pour vous dire la vérité, les Daemonites ont envahi la Terre dans le plus grand secret. En effet, ces parasites sont capables d’infiltrer n’importe quel corps humain, comme le plus minable des Goa’Ulds. Leurs ennemis séculiers, les Kherubims, ont heureusement placé sur notre monde une équipe de super-héros pour nous débarrasser de la menace.
L’équipe, dirigée par le seigneur kherubim Lord Emp (Jacob Marlowe de son identité terrestre), comprend l’androïde Spartan, la guerrière coda (une sororité d’amazones kherubims) Zealot, le gros costaud Maul, le mec avec des griffes Warblade, la strip-teaseuse exorciste (si, c’est possible) Voodoo, le tireur d’élite Grifter et la téléporteuse Void.
TOI PLUS MOI PLUS LUI PLUS L’AUTRE
Jim Lee’s WildC.A.T.S. est un beat ‘em all en deux dimensions, dans la mouvance des Bare Knuckle et autres Final Fight. D’ailleurs, en dehors de ses héros, rien ne le distingue vraiment de la masse.
Le jeu vous proposera de jouer avec plusieurs personnages, mais à la différence de ses modèles précédemment cités, le choix ne vous sera pas laissé. À la manière du Superman sur le même support, chaque niveau correspond à un perso. Et de manière amusante, vous ne jouerez qu’avec les mâles de l’équipe. Machistes, chez Playmates ? Avec un nom pareil ça ne serait pas forcément étonnant. Pourtant, jouer Zealot ou Voodoo aurait eu de la gueule.
Enfin bref, le principe sera toujours le même quel que soit le personnage. Vous avancez dans la douzaine de niveaux vus de profil en lattant tout ce qui bouge. Régulièrement, le jeu vous empêchera d’avancer tant que vous n’aurez pas éliminé les ennemis présents. En fin de niveau, vous rencontrerez un boss. Et si les ennemis de base ne ressemblent pas à grand-chose, leurs chefs sont des têtes connues pour l’amateur de la B.D., puisqu’on retrouvera les membres de la Triade (Slagg, Attica et H.A.R.M.), ou bien encore le seigneur daemonite Helspont en big boss.
Pour vous défaire de cette racaille, vous n’utiliserez point le Kärsher cher à notre petit président adoré. Vous disposez à la place de la croix directionnelle pour vous diriger (le sol est vu de trois quarts, permettant de se placer au fond de l’écran ou à l’avant-plan), du bouton B pour sauter, du Y pour frapper et du X pour utiliser votre attaque spéciale (Spartan peut par exemple envoyer un rayon laser). En cours de jeu, vous trouverez bien peu de bonus à ramasser. D’ailleurs à vrai dire, en dehors des objets de soin, je n’ai pas trouvé d’autres items utiles.
JEU DE MAINS, JEU VILAIN
Bon, on va mettre les points sur les « I » dès le départ. Jim Lee’s WildC.A.T.S. n’est pas un bon beat ‘em all. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce n’est pas non plus un mauvais jeu. C’est un titre moyen en tout.
Visuellement, le jeu est assez pauvre. Les décors sont basiques (des immeubles, des immeubles et encore des immeubles), les ennemis manquent de variété et on ne peut pas dire non plus que le style si typé de Lee soit respecté à la lettre, loin s’en faut. Ce n’est pas catastrophique non plus, mais disons que le jeu manque de charisme. Et ce n’est pas la bande-son sans âme qui viendra me contredire.
Il en va de même pour le gameplay. Mais ça, ce n’est pas forcément de la faute de Playmates : marqué par le succès qu’il a rencontré sur X-Men (le premier numéro est toujours le comics le plus vendu à ce jour), Jim Lee a conçu sa nouvelle série comme un clone, d’autant qu’il manquait un vrai scénariste à la base, avant que Chris Claremont puis, surtout, Alan Moore, ne s’en mêlent.
Du coup, Spartan est le sosie de Cyclops, Warblade de Wolverine, Maul de Colossus… Vous l’aurez compris, ce Jim Lee’s WildC.A.T.S. est une copie quasiment conforme du beat ‘em all X-Men que l’on peut trouver en arcade. Alors à vous de voir si vous préférez les Panzani ou les Barilla, mais moi j’ai fait mon choix.