_Gaia Gensouki
Appelé « Illusion of Gaia » aux USA.
Développé par Enix, paru en France en 1994._
Histoire (ou histoire… ?)
L’histoire se déroule dans l’Histoire (huh ?!?). Plus clairement, les différentes étapes s’appuient sur des lieux réels et historiquement chargés (Grande Muraille, Nazca, …). C’est un passé lointain, mais avec pas mal d’anachronismes. De toute manière il s’agit d’un jeu vidéo et pas d’un manuel d’histoire (ou est-ce « d’Histoire » ?). Ne recherchez donc aucune cohérence historique, mais plutôt un amalgame d’éléments divers de par leur géographie et époque respectives.
Vous incarnez Paul, jeune garçon unique rescapé d’une expédition passée à la Tour Pandémone (la Tour de Babel ?) qui vit disparaître son père (quelle idée aussi d’emmener un gosse dans une telle expédition !). Depuis, il vit au village de Cap Sud avec ses grands-parents, et va à l’école comme les enfants de son âge devraient tous le faire. Pendant son temps libre il tape le carton avec ses amis dans une grotte située sur la côte et les fait profiter de ses dons de télékinésie (peut-être même se livre-t-il avec eux à d’autres activités moins avouables, mais ce n’est pas précisé et on ne peut que supputer…).
La vie coule tranquillement, mais l’approche d’une comète dont le cycle est de 800 ans et dont l’influence sur la Terre est résolument néfaste va provoquer le départ de Paul de Cap Sud, sans que celui-ci se doute une seconde que son périple va le mener des plaines de Nazca aux pyramides d’Egypte en passant par le continent mythique de Mû et le temple d’Angkor, pour ne citer que ceux-ci, jusqu’à la fameuse tour citée plus haut. Son but : s’emparer des six Statues Hexade et affronter la Comète du Chaos (quel nom ! pourquoi pas la Comète de la Mort qui tue le Retour de sa Race…) pour mettre fin – pour 800 ans au moins - à ses méfaits.
Pour résumer, vous êtes le seul espoir de l’Humanité !!! Le sort de notre planète repose sur vos frêles épaules…
Personnages
Bien qu’il ne soit possible d’incarner que Paul (plus ses transformations), vous ferez un bout de chemin avec différents personnages, dont ses potes Jonas (l’intellectuel), Eric (le benjamin) et Luc (qui a aussi ‘perdu’ son paternel lors ce cette fameuse expédition). Vous ferez également la connaissance de Flora, fille du roi Edmond, légèrement caractérielle et accompagnée de son délicieux cochon Hamlet (vous comprendrez en jouant l’emploi de cet adjectif… niark, niark), ainsi que de Lili, charmante jeune fille romantique possédant la capacité de se transformer en… fleur (bleue ?). Sans compter Nico, inventeur farfelu et fils de famille riche… sinon recommandable !
NB : je signale ici que le ton du jeu est relativement « enfantin », voire parfois gnangnan. Nintendo s’est souvent vu reprocher de destiner ses jeux aux enfants, celui-ci apporte de l’eau au moulin des détracteurs de Big N par certains dialogues (cf. « La notion même de malheur m’est insupportable ! »). Ceci dit, est-ce bien ou mauvais pour le jeu ? Ca ne gâche absolument pas le plaisir, dont acte ! Ca peut arracher un soupir de temps en temps, pas plus.
Enfin, vous aurez aussi l’occasion de vous rendre dans…
L’abri de Gaïa
Gaïa, l’esprit de la Terre (divinité grecque à l’origine ; le titre original est d’ailleurs « Illusion of Gaïa »), vous permettra de sauvegarder votre parcours, de reprendre des forces, et de prendre l’apparence du chevalier noir Chrysaor ou (vers la fin du jeu) de la guerrière aqueuse Likéfia. Rendez-vous pour cela dans ses abris, que vous trouverez fréquemment, dissimulés derrière un miroir étincelant.
C’est également là que vous apprendrez les différentes techniques inhérentes à chaque personnage :
La charge : Paul effectue un grand bond poing en avant, infligeant davantage de dommages. Certains murs peuvent être abattus de la sorte.
La glissade : en glissant à même le sol, Peul peut se faufiler dans des passages étroits.
La toupie : cette aptitude permet à Paul de gravir des côtes impossibles à emprunter en marchant. Elle sert aussi à franchir de larges gouffres, voire même plusieurs écrans (cfr la Grande Muraille).
De plus il aura la possibilité de se transformer en guerrier (Chrysaor), plus puissant (il manie l’épée) et qui obtiendra lui-aussi des capacités supplémentaires avec le temps :
La boule de feu : Chrysaor envoie une boule lumineuse avec son épée ; très pratique pour déloger les ennemis hors de portée de votre lame.
La barrière bleue : deux ‘plaques’ de protection tournent autour de vous.
Le séisme : en se laissant choir d’une hauteur, il est possible de faire trembler le sol en atterrissant, ce que les adversaires n’apprécient guère. Profitez de leur stupeur pour leur caresser le menton ou déguerpir, au choix.
Enfin, le dernier niveau du jeu (la Grande Pyramide) verra l’apparition d’un autre personnage que Paul peut incarner : Lykéfia. Celle-ci peut (comme son nom l’indique) se liquéfier et ainsi s’infiltrer dans le sol pour atteindre des zones souterraines.
« Powering up »
Hormis ces transformations, Paul trouvera des ‘grenats’ en abattant les ennemis à travers le jeu. Ces gemmes vous permettront d’obtenir un « Continue » lorsque vous en aurez collecté cent.
De plus certains ennemis, en expirant, libèreront des artéfacts qui permettent à Paul d’augmenter sa puissance :
L’épée : améliore la force d’attaque
Le bouclier : renforce la défense
Le cœur : augmente votre ligne de vie
La mort de certains adversaires provoquera l’ouverture d’une porte ou libèrera un passage quelconque, vous permettant de progresser. Il est donc très important de garder un œil sur l’écran-carte, lequel vous indique si vous avez récupéré tous les artefacts disponibles (s’il en reste, c’est donc qu’il reste un ou plusieurs ennemi(s) en vie… soyez sur vos gardes !).
Ennemis
Il y a une grande variété d’ennemis. Les ‘bosses’ (non ! pas celles que vous vous faites en vous cognant la tête sur la porte de l’armoire laissée grande ouverte… les chefs, quoi, bande de béotiens) sont particulièrement bien détaillés et imposants (à défaut d’être toujours très difficiles).
A noter qu’en préambule au combat final contre la comète, il faudra affronter à nouveau chaque boss précédemment vaincu. Rien d’insurmontable.
Maniabilité
La maniabilité (jouabilité pour celles et ceux qui préfèrent) est excellente. Le personnage répond très bien aux commandes. Celles-ci, en plus des classiques déplacements avec la manette multidirectionnelle et des coups d’épée avec le bouton A, permettent à Paul de courir en appuyant deux fois de suite sur la croix, d’augmenter sa force d’attaque en appuyant sur la croix directement après avoir frappé un ennemi ou d’utiliser un objet équipé (autre que l’épée) avec B. Il est aussi possible pour le jeune garçon d’attirer certains objets à lui à l’aide de sa flûte avec les boutons R ou L (indispensable pour libérer certains passages).
Les autres formes de Paul (Chrysaor et Likéfia) ne modifient pas drastiquement la maniabilité. Ils sont plus puissants et disposent d’autres atouts, c’est tout.
Graphismes
Les graphismes sont vraiment beaux. Un régal pour les yeux. Les personnages sont bien dessinés, les couleurs bien choisies et variées.
Mis à part sur la carte (où le(s) personnage(s) est/sont toujours vu(s) de dos avec le décor tournant autour) on ne note pas d’effets spéciaux massifs (rien de comparable à Super Castlevania IV, donc). Pas de rotations, de zooms, de mode 7… mais on ne ressent pas de manque. Le jeu s’apprécie pleinement sans ces fioritures.
Musiques et effets sonores
Les musiques sont particulièrement bien adaptées aux différentes situations ; elles peuvent être angoissantes lorsque l’on explore des ruines, et beaucoup plus enjouées dans une ville ou un village. Elles permettent de se fondre dans l’ambiance requise (par exemple la flûte de pan évoque des images mentales de l’Amérique du sud, donc de voyage lointain, ce qui correspond bien au thème central du jeu).
Les sons et bruitages sont corrects sans casser des briques.
Durée de vie
La durée de vie est certainement raccourcie (par rapport à d’autres jeux du même genre, s’entend) par le fait qu’Illusion of Time est très linéaire. C’est-à-dire qu’on ne se balade pas librement sur la carte en choisissant sa destination, comme c’est le cas pour Secret of Mana ou A Link to the Past, par exemple. En effet le jeu nous impose les lieux où se rendre ; il n’y a donc pas d’exploration de carte proprement dite. Et à quelques exceptions près, il n’y aura pas moyen de faire demi-tour et de revenir à un endroit quitté préalablement. Seuls les niveaux eux-mêmes requerront de fouiller partout, surtout si vous voulez découvrir les 50 rubis que recèle le jeu, et qui vous permettront d’accéder à un niveau spécial en fin de partie. Je vous conseille d’ailleurs de stocker des herbes (non, pas DE l’herbe, chenapans !) qui vous rendront des forces le moment venu, ce dernier niveau n’étant pas exactement des plus simples.
Ceci dit, le jeu est long malgré tout et vous demandera un certain temps avant d’en venir à bout. D’autant que la plupart des « donjons » sont assez longs et labyrinthiques à souhait (la palme revient à Mû, avec sa configuration évolutive en fonction du niveau d’eau mais Célesto est aussi appréciable - c’est un niveau perché en plein ciel dont on doit explorer les deux côtés- ainsi que la Grande Pyramide).
En résumé
Un très bon jeu d’aventure, relativement aisé à terminer malgré tout (j’en suis la preuve vivante : je l’ai fini). Les joueurs/joueuses qui ne jurent que par l’exploration sur carte (cf. Zelda) seront sans doute moins emballé(e)s par Illusion of Time au vu de sa linéarité. Si au contraire vous aimez le côté action / aventure sans pour autant perdre du temps à chercher votre chemin, vous devriez être emballés. A essayer de toute manière !
PS : dans les captures d’écran vous pouvez remarquer qu’on passe du français à l’allemand à l’anglais. Vive l’Europe ! ;-)