Ken… survivant de l’enfer… Ken… souvent croise le fer… ! Aaaahhh, Ken le survivant, toute mon enfance ! Le dessin animé qui m’apprit, entre autres, que l’acupuncture pouvait faire exploser les corps humains, qu’il suffisait d’avoir une coupe d’iroquois pour être un sale type à éradiquer, et que certains champions d’arts martiaux pouvaient habiter à Montélimar ! Ce manga culte a donné naissance à une pleine fournée de jeu Japan only, certains creusant dans le domaine du RPG (et donc bien entendu inaccessibles à un gaijin (NdSig : terme qualifiant toute personne n’étant pas de l’ethnie japonaise en japonais) tel que moi), tandis que d’autres demeuraient de classiques jeux de baffes, ce qui s’avère tout de même plus logique compte tenu de la nature profonde de la série. Ken VI fait partie de cette seconde catégorie.
Le jeu n’étant sorti qu’au Japon et les échanges intellectuels pré-baston entre les combattants se déroulant exclusivement dans cette langue, je présume que Ken VI suit plus ou moins le déroulement de cette fantastique série, malheureusement amputée de certains épisodes lors de sa diffusion française, et dont la traduction fut l’objet du plus scandaleux travail de sape de toute l’histoire du doublage télévisuel (soyez maudits à jamais, Maurice Sarfaty et Philippe Ogouz !). En tout cas, on y retrouve l’essentiel des personnages marquants de la série : Kenshirô bien entendu, mais aussi Raoh (Raoul en VF), Souther, Ryûga et même ce gros tas de saindoux de Zeed.
Le jeu propose un mode ‘story’ (en japonais évidemment), un mode deux joueurs et un mode de combat libre. Outre les classiques coups de base, chaque personnage peut concentrer son énergie pendant quelques secondes (jusqu’à ce que le compteur de coup spécial soit rempli) et lancer ainsi une attaque spéciale qui ne fera pas de bien aux vertèbres de son adversaire. Ne perdez pas de temps, il est temps de déchaîner votre « Hokuto de cuisine » (une fois encore, soyez maudits… !).
Réalisation technique :
Ken VI remplit correctement son cahier des charges en ce qui concerne ses aspects graphiques et sonores. Les sprites sont grands, bien détaillés, et on reconnaît sans peine les différents héros de cette série ultra-violente. Les décors, sans être particulièrement réussis, collent eux aussi à l’ambiance post-apocalyptique du manga. Question musique, elles sont assez fades mais heureusement, les bruitages rééquilibrent la chose. On retrouve même avec plaisir les petits cris de gorge de Ken lorsqu’il se prépare à faire exploser le crâne de l’ennemi à coup d’applications de l’index sur ses points vitaux ! Malgré ces éléments prometteurs, le reste s’avère plutôt désastreux. L’animation des combattants est ridicule au possible : les coups spéciaux sont peu esthétiques et les personnages bondissent partout comme des grenouilles en pleine période de reproduction ! La jouabilité est, elle, tout simplement désastreuse : les guerriers tardent à répondre aux commandes, leurs mouvements hachés et dépourvus de souplesse donnent l’impression qu’on ne contrôle rien du tout, et on fait en réalité un peu n’importe quoi pour se tirer vivant des affrontements. Enfin, le jeu n’est pas assez gore et violent. Pas que je sois une brute assoiffée de sang, mais on parle bien de Ken le survivant ici, pas de Ranma œ !
En bref : 05/20
Ken VI aurait pu avoir la décence d’être d’un bon niveau, vu l’univers très intéressant de la série. Si la réalisation technique tient plus ou moins la route, le nombre de coups, normaux et spéciaux, n’est malheureusement pas bien élevé, surtout comparé à Street Fighter II. Plus problématique, Toei n’avait visiblement aucune expérience dans la conception de jeux vidéo réussis. Animation grotesque, jouabilité mal pensée et gameplay nul au possible, on ne prend pas le moindre plaisir à affronter les nombreux combattants proposés par ce jeu, ou plutôt il est pratiquement impossible d’élaborer un semblant de tactique pour les mettre à mal, puisque le comportement très agressif de ces mêmes adversaires laisse comme unique choix de survie l’attaque perpétuelle et l’acharnement aveugle. A deux joueurs, la difficulté s’équilibre un peu mieux, mais aucun des deux joueurs n’arrive à maîtriser efficacement les personnages, toujours en raison de cette fichue maniabilité, et les duels tournent vite au n’importe quoi. Dommage… Ken le survivant méritait beaucoup mieux que ce jeu de combat de série Z.