Gourmet Sentai : Bara Yarou est un jeu vidéo Super NES publié par Virginen 1995 .

  • 1995
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Gourmet Sentai : Bara Yarou

3.5/5 — Très bien par

Une fois n’est pas coutume, nous allons aborder aujourd’hui un jeu méconnu que l’on doit à Winds. Or Winds, vous connaissez peut-être pas, mais moi si. Winds, c’est le studio qui a pondu la suite du premier Kaizou Shojin Schbibin Man sur PC Engine, rebaptisée en occident « Shockman ». Et rien que parce qu’il avait sauvé cette série qui partait très mal, j’avais envie de tester son seul autre jeu, Gourmet Sentai. Et puis je me suis souvenu d’un truc entretemps (non en fait, j’ai googlé, mais on va faire comme si j’avais de la mémoire) : Winds s’est occupé d’une autre série plus ou moins connue, celle des Cho Aniki. Et d’un coup, tout s’est éclairé.

EN ENTRÉE, BUFFET FROID

L’histoire de ce titre étant à la fois accessoire et incompréhensible (le jeu n’est sorti qu’au Japon), je ne m’attarderai pour une fois pas dessus. C’est la course aux protéines dans un futur post-apocalyptique, et une organisation criminelle fait la mainmise sur le marché. Bref, pas de quoi se relever la nuit. Ceci dit, ce premier paragraphe est l’occasion de vous présenter les personnages. Les héros pour commencer, qui sont au nombre de trois : Bonjour, Madame et Très Bien. Ce sont leurs noms, oui. Bonjour est un gros costaud torse nu, Madame est une charmante demoiselle (ou dame, du coup) peu vêtue, et Très Bien est une tête de gland surmontée d’un éventail. Encore une fois, les pères fondateurs de Cho Aniki nous la jouent homo-érotique tendance portnawak.

Première spécificité du jeu : si seuls trois persos sont sélectionnables à première vue, vous pouvez en débloquer dix (!) de plus au moyen d’une manipulation assez simple à l’écran de choix. Je ne vous la détaille pas, mais je vous renvoie là pour plus de détails : http://www.gamefaqs.com/console/snes/file/571351/38244.

Quant aux ennemis, eux aussi sont assez particuliers. On est bien dans un trip Final Fight/Bare Knuckle, mais… Comment dire ? Dans un univers parallèle où les Double Dragon se seraient accouplés avec la pieuvre de Parodius. Ici, les punks n’ont rien de très masculin, les bunny girls savent se battre, et les têtes de Moaïs sont des robots contrôlés par des personnages miniatures mais fort agressifs.

UN PLAT PLUTÔT COPIEUX

Gourmet Sentai : Bara Yarou est un beat ‘em all en deux dimensions, avec un sol plus ou moins vu en perspective, histoire de donner un très classique effet de profondeur. D’ailleurs, en dehors de sa galerie de personnages truculents, le jeu de Winds ne se distingue pas particulièrement de la masse.

On y dirige son personnage le long d’une demi-douzaine de niveaux en bastonnant tout ce qui bouge, on affronte un boss en fin de stage, on ramasse des bonus sur les cadavres des ennemis… Rien que de très naturel pour tout amateur de beat. Avec cette orthographe, oui.

Concrètement, on déplace le personnage à la croix directionnelle, les directions haute et basse permettant respectivement de se diriger vers le fond de l’écran ou vers l’avant-plan. On a un bouton pour frapper et un pour sauter (plus un bouton pour provoquer l’adversaire, comme dans un bon vieux KOF des familles, et qui ne sert d’ailleurs pas plus que chez SNK), et cela suffit à réaliser des chopes, des enchaînements, des glissades, des coups sautés…

Cependant, outre son esthétique débilo-jubilatoire, Gourmet Sentai : Bara Yarou retient notre attention de par son système de récompenses. Ici, chaque ennemi tué laisse tomber de la nourriture. Cette bouffe peut être toute prête et a en général deux effets concomitants : accroître votre score et restaurer tout ou partie de votre jauge de santé. Ou bien il ne s’agit que d’ingrédients. Dans ce cas-là, une fois un niveau fini, vous apportez vos ingrédients au chef, qui vous préparera en retour de quoi vous soigner.

Autre bonus possible, et tout aussi intéressant : en détruisant certains ennemis vous obtiendrez un clone. Ce personnage est votre sosie tout craché, à ceci près qu’il est plus sombre que vous. C’est le CPU qui dirige ce clone, qui dispose de sa propre jauge de vie mais disparaîtra de lui-même en fin de niveau, même s’il ne meurt pas. Chose amusante, vous pouvez le frapper et il peut vous frapper en retour. Mais à la différence de Double Dragon II par exemple, cela n’affecte pas votre jauge de vie, ni la sienne. Ce concept amusant permet de pallier à l’absence de deuxième joueur en solo, d’autant que votre clone n’est pas qu’un gros boulet et ne s’en va pas à la mort le sourire aux lèvres.

LE CAFÉ ET L’ADDITION

Gourmet Sentai : Bara Yarou est plutôt engageant de prime abord. Les graphismes sont assez fins, les couleurs vives et les animations fluides. À la limite on peut être gêné devant un design aussi biscornu, mais ce n’est pas vraiment un défaut. Ce serait un peu comme reprocher à Shadow Hearts de nous faire affronter des poussins-démons. À l’oreille par contre, le constat est nettement moins satisfaisant, la musique étant rythmée mais d’une banalité confondante.

Qu’importe. Si Gourmet Sentai : Bara Yarou s’en sort aussi bien, c’est probablement parce que sa jouabilité se montre à la hauteur : elle est aussi classique et sérieuse que son visuel est original et décalé. Mais attention ! Le jeu n’est pas simple pour autant, et si les continues sont infinis, l’absence de vies supplémentaires vous obligera à recommencer souvent les niveaux, d’autant que les ennemis même les plus basiques sont affreusement résistants. Le jeu est de plus assez long, et pèche par un rythme haché, loin de la débauche d’adrénaline d’un Final Fight. Bref, pour dire les choses clairement, on s’emmerde un peu parfois. Mais ceci est vite contrebalancé par certaines bastons dantesques.

Gourmet Sentai : Bara Yarou