Lorsqu’on parle de la contribution d’Akira Toriyama au jeu vidéo, on pense inévitablement à Dragon Quest, aux nombreux portages vidéoludiques de Dragon Ball ou, à la limite, à Chrono Trigger et Tobal. Pourtant, une autre série a bénéficié des talents du maître, une série beaucoup plus confidentielle. Son nom ? Go Go Ackman.
LE DÉMON DE MIDI MOINS LE QUART
Au départ, Go Go Ackman est un court manga qui tient sur onze chapitres de cinq pages chacun. Ça fait pas bézef, mais à l’époque Toriyama est englué dans son œuvre fleuve, Dragon Ball, et Go Go Ackman n’est qu’un expédient. Le manga raconte les aventures du jeune Ackman, clone de Trunks sans nez, un démon de deux-cents ans seulement (un gamin, quoi) qui, comme le reste de sa famille, tue des êtres humains pour le compte du Seigneur Démon. Accompagné du démon chauve-souris Godon qui récupère les âmes de ceux qu’il tue, il doit régulièrement faire face à sa Némésis, le ridicule (et dangereux, puisqu’en général il tue plus de gens par sa maladresse que ne le fait Ackman) chérubin Tenshi.
DEUX UN HUITIÈME VALENT MIEUX QU’UN ET DEMI
Go Go Ackman 3 est un jeu de plates-formes démoniaque (blague, haha, lol) qui prolonge plus ou moins l’histoire du manga, les deux ennemis jurés se trouvant ici liés l’un à l’autre par la volonté du grand patron de la police angélique.
L’aventure se compose de cinq niveaux, chacun étant constitué de deux parties (forêt, autoroute, montagne, cavernes, usine…). Au terme de chaque partie, vous devrez affronter un boss. Généralement, la deuxième zone de chaque stage peut être qualifiée de plate-forme pure et dure, alors que la première propose divers types de gameplay : par exemple, vous participerez à une course de moto vue de profil (il faut zigzaguer entre les obstacles et tirer sur les adversaires, ou leur rentrer dedans de côté pour les faire chuter), à une course de hors-bord vue en simili-3D (mais le principe est le même : tirer sur le gros véhicule qui vous poursuit tout en évitant les obstacles), à l’exploration d’un labyrinthe en vue de dessus, ou encore à de la grimpette le long d’une tour, qui m’a rappelé l’un des meilleurs moments de Mickey Mania.
Quant à la partie que l’on pourrait qualifier de classique, pas de grandes surprises. Dans des niveaux vus de profil, vous dirigez Ackman à la croix directionnelle. Vous utiliserez le bouton B pour sauter, le bouton Y pour donner des coups d’épée et le bouton A pour envoyer des bombes, en quantité très limitée.
Cependant, vous pourrez de temps à autre refaire le plein en trouvant l’objet adéquat. De même, vous pourrez régulièrement trouver de quoi restaurer votre jauge de santé. Enfin, vous trouverez des panneaux agrémentés d’un symbole circulaire. Positionnez-vous à cet endroit et vous pourrez vous transformer (en réalité les deux héros échangent leur place) en Tenshi, qui a l’heureuse faculté de voler un long moment, si vous maintenez le bouton B appuyé. Notez que durant certaines zones, vous incarnerez d’office l’angelot, et ce à travers l’intégralité de la zone.
AU DIABLE LES VARICES
Bien que tiré d’un manga obscur, Go Go Ackman 3 possède de nombreuses qualités, à commencer par un humour décapant, malheureusement inaccessible à cause de la langue. Le manga était bourré ras-la-gueule de plaisanteries à caractère sexuel (gentillettes, hein, ça reste du Toriyama), je ne sais pas si le jeu les conserve, Nintendo étant très prude en la matière.
Pour autant, justice est ici rendue au design du maître artiste, dont le style n’est pas sans rappeler Dr. Slump pour le coup, ou les débuts de Dragon Ball, à l’époque où c’était encore marrant. Seul le clone de Trunks qui sert de héros évoque un tant soit peu l’époque Dragon Ball Z. Les graphismes sont ainsi très accrocheurs, à condition d’aimer l’œuvre globale de Toriyama bien entendu, et les animations humoristiques comme la bande-son enjouée contribuent à rendre le jeu attrayant.
Qui plus est, le titre de Banpresto bénéficie d’une jouabilité simple et immédiate, les diverses méthodes de jeu alternatives (les courses 2D et 3D, la phase d’ascension, le labyrinthe…) restant également à portée de tous. D’ailleurs, il faut bien reconnaître que Go Go Ackman 3 n’est pas d’une difficulté particulièrement rebutante. L’aventure n’est donc pas très longue, puisqu’elle se traverse rapidement, mais elle reste plaisante de bout en bout, là où les deux premiers épisodes manquaient cruellement de rythme.