Front Mission est un jeu vidéo Super NES publié par Squareen 1995 .

  • 1995
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Front Mission

4/5 — Exceptionnel ! par

Pour vous, Squaresoft ne rime qu’avec Final Fantasy ? C’est dommage alors, parce que même si cette saga a de grandes qualités, elle ne représente pas le RPG à elle toute seule. Elle ne représente même qu’une seule des facettes de l’entreprise. Et Front Mission en est une seconde, même si pour le coup, ce premier épisode n’a pas été développé en interne mais par le studio G-Craft, qui signera par la suite le fameux Arc the Lad.

C’EST CELUI QUI DIT QUI EST

Nous sommes sur Terre, mais dans un futur assez lointain. La planète est divisée entre deux grandes nations : l’Oceania Community Union (OCU) et les United States of the New Continent (USN). Grosso modo, le Japon contre les États-Unis et, jeu japonais oblige, ce sont bel et bien les gars du nouveau continent qui feront office de badass.

Durant le prologue du jeu, vous incarnez Roid, commandant des armées de l’OCU. Vous avez été envoyé en mission de reconnaissance près d’un entrepôt et vous y retrouvez votre amie Karen. Malheureusement celle-ci s’est un peu trop approchée du bâtiment et se retrouve impuissante lorsqu’en jaillissent des flots d’ennemis. Dans le feu de la bataille qui s’ensuit, vous ne pouvez empêcher Driscoll, le commandant ennemi, de tuer Karen et de détruire l’entrepôt. L’USN met cet incident diplomatique sur le dos de l’OCU, et la guerre commence… Roid se prend un blâme… Et un an passe.

L’USN dispose d’importantes ressources militaires, mais l’OCU est parvenue à lui reprendre Huffman Island, une position stratégique. Roid, qui a quitté l’armée, se voit proposer d’intégrer les Carrion Crows, un groupe de mercenaires qui travaille pour l’OCU. C’est le début de l’aventure…

ARMÉE DE DESTRUCTION MASSIVE

Front Mission est un tactical-RPG qui a pour particularité de mettre en scène de gros méchas bien bourrins comme on les aime. Ah oui, parce qu’il y a un truc que je vous avais pas dit : dans le futur, tout le monde se bat à grands coups de robots appelés Wanzers (abréviation de Wander Panzer, jawohl !).

Votre aventure suivra quasiment invariablement ce schéma : on suit l’histoire à travers de nombreux dialogues, on se fait une grosse baston, et on répare nos Wanzers. Il y a une trentaine de missions obligatoires pour finir le jeu, plus quelques quêtes annexes. Et pour en finir avec les généralités, sachez que vous vous déplacerez de lieu en lieu au moyen d’un atlas sommaire, représentant les villes par de simples points sur lesquels il suffit de cliquer pour s’y déplacer.

Venons-en au plus intéressant : les combats. Ces derniers se déroulent en règle générale à grande échelle, sur des terrains vus de trois quarts et découpés en cases. Vous disposez de plusieurs Wanzers, représentant chacun une unité.

Un Wanzer est constitué de quatre parties : le corps, les jambes, le bras droit et le bras gauche. Chacune de ces parties a son utilité, ainsi que sa jauge de HP propre. Si le corps est détruit, le Wanzer explose et l’unité est détruite. Si ce sont les jambes qui sont touchées, vous perdez en mobilité (le nombre de cases sur lesquelles vous pouvez vous déplacer) et en capacité d’évasion. Enfin, chaque bras est équipé d’une arme, donc si vous paumez un bras, vous perdez l’arme associée. Notez que les statistiques de défense et de bouclier du Wanzer augmentent la résistance de toutes les parties à la fois. Chez les ennemis c’est pareil, sauf que certaines unités adverses ne sont pas des Wanzers : il peut s’agir de véhicules ou d’armes, qui ne possèdent qu’un corps mais qui ont en général plus de HP et plus de résistance.

En ce qui concerne les armes, il existe trois grandes familles : les armes de mêlée, les armes de courte portée et les armes à longue distance, chacune ayant ses propres avantages. Les armes de mêlée (bâtons ou poings nus : pas d’arme équipée) ont l’avantage de frapper fort et de viser en général le corps de l’opposant ; en contrepartie elles sont assez lentes. Les armes de courte portée (fusils, pistolets, mitrailleuses, lance-flammes) sont moins puissantes et peuvent choisir n’importe quelle partie du corps comme cible, mais elles sont plus rapides et elles suffisent généralement pour détruire un bras ou une jambe. Les armes à longue distance enfin (lance-missiles) peuvent être utilisées de plus loin et certaines peuvent même attaquer deux fois par tour ; par contre elles n’ont pas beaucoup de munitions. Pour info, il existe aussi des armes « de moyenne distance », des hybrides comme les bazookas et les lance-grenades.

Tout ça pour dire que l’étape du petit mécano n’est pas à négliger, elle se révèle même incontournable. Vous ne choisissez pas le mécha avec lequel vous allez vous battre, mais vous pouvez accéder au magasin dans n’importe quelle ville et y réparer ou modifier votre colosse d’acier. C’est les fans de tuning Jacky qui vont être contents, parce qu’on peut pratiquement transformer son mécha en star de la mode.

Dans la pratique, on peut équiper jusqu’à quatre armes sur son robot. Mais attention : le poids total de votre équipement entre en compte, et ne doit pas dépasser la limite donnée par la statistique de Power Output. En gros, il ne faut pas que votre robot soit trop lourd, sans quoi il n’aura pas assez d’énergie pour bouger. D’ailleurs plutôt que d’équiper des armes sur vos bras, vous pouvez choisir des bras directement armés, moins puissants mais plus légers. Vous pouvez aussi, si vous en avez les moyens, vous payer un backpack (je préfère le laisser en anglais, parce qu’un sac à dos, ça fait plus scout que robot) afin d’obtenir plus de puissance - et donc de pouvoir transporter plus de poids - et de pouvoir porter plus d’objets dans votre inventaire.

MISSION : SUCCEEDED !

Tout d’abord, un grand merci à Terminus Traduction qui nous fait bénéficier du jeu dans un français irréprochable. Bon, tout n’était pas perdu jusqu’alors puisqu’une traduction anglaise avait déjà eu lieu, mais dans notre langue c’est encore mieux, non ? D’autant que le titre de Square n’est pas bas du front (blague, *APPLAUSE*), son histoire nous emportant assez loin dans cette guerre futuriste.

Visuellement, Front Mission est quasiment irréprochable. Certains lui reprocheront peut-être ses couleurs marronnasses un peu tristes, mais c’est pour mieux souligner l’aspect peu engageant de ces tas de ferraille au demeurant fort bien dessinés. Les animations sont vives (on est même surpris que ces gros monstres se déplacent aussi vite), les combats sont mouvementés et le jeu ne lésine pas sur les effets pyrotechniques. Accompagnant cette guerre des pixels, les thèmes musicaux sont rythmés et entraînants.

Quant à la jouabilité, il n’y a pas grand-chose à reprocher ici non plus. Il faut aimer les combats de deux plombes et l’aspect pimp my bot, mais à vrai dire ce n’est pas spécialement plus ennuyeux que dans un RPG medfan où on va passer son temps à choisir quel est le mieux entre l’épée en mousse et la hache en carton.

Par contre c’est vrai que les combats sont longs, et souvent stratégiques. Vaincre l’adversaire vous demandera un investissement considérable en temps, des détours quasi-obligatoires du côté de l’arène (qui permet de combattre pour gagner du blé) et une certaine dose de maîtrise de vos nerfs face à des opposants bien retors.

Il n’y a pas énormément de RPG tactiques à l’époque, et quasiment tous (en dehors des Majin Tensei) se déroulent dans un univers d’heroic-fantasy. Nul doute que ce Front Mission fait donc souffler un vent de fraîcheur, et qu’il mérite de fait un grand intérêt.

Front Mission