Suite aux versions Nes et Game Boy, Dragon’s Lair ne pouvait que logiquement se retrouver sur la 16-bits du constructeur japonais. De par la puissance supérieure de la console, Dragon’s Lair sur Super Nes se devait d’être la version la plus à même de correspondre à l’esprit d’origine du légendaire Laser-disk. Non, ne fuyez pas : Elite n’a sans doute même pas songé à reproduire le système « interactif » du Dragon’s Lair des salles d’arcade, et a préféré transposer l’univers créé par Don Bluth dans un jeu d’action purement traditionnel. Dirk, chevalier sans peur et sans reproche de son état, se retrouve à explorer un ténébreux donjon rempli de pièges et de créatures démoniaques pour secourir l’idée que se font les Américains d’une princesse médiévale (c’est-à-dire une Pamela Anderson en satin vert, d’ailleurs conçue après une lecture assidue de Playboy pour la petite histoire). Le château regorge évidemment de chausse-trappes et de créatures reptiliennes agressives, à commencer par le fameux roi-lézard et par Singe, le dragon qui retient la princesse Daphné prisonnière. Fallait rester écuyer si les plaies et les bosses ne vous tentaient pas…
Pour faire face à toutes ces situations problématiques, le brave Dirk peut flanquer de grands coups d’épée à ses adversaires, jeter de petites hachettes et d’autres projectiles sur une courte distance, et tue également les créatures hostiles lorsqu’il leur saute dessus. L’opposition ennemie est assez vivace mais heureusement, on déniche souvent des vies supplémentaires en détruisant les lanternes qui parsèment le château. Les stages sont plutôt courts mais se déroulent habituellement sur plusieurs étages reliés entre eux par un enchevêtrement de plates-formes, d’escaliers et de cordes. Chaque salle du château comporte également plusieurs issues qui libèrent l’accès vers d’autres niveaux. Dragon’s Lair comporte donc un minimum d’exploration puisqu’il s’agira de trouver la bonne sortie pour qu’un nouvel itinéraire apparaisse sur le plan général de l’endroit. Bien évidemment, la sortie la plus aisément accessible ne mène généralement que vers une zone déjà visitée, et il faudra crapahuter par le chemin le plus compliqué et dangereux pour accéder à de nouvelles zones. Le château est vaste et Dirk devra traverser de très nombreuses salles – 24 au total - avant d’accéder à la princesse et à son gardien draconique.
Réalisation technique :
Dragon’s Lair propose une réalisation graphique intéressante, non en raison de l’orgasme visuel qu’elle provoque (malgré des couleurs très vives et quelques effets de lumière et de transparence intéressants), mais parce qu’elle se révèle vraiment très particulière. La palette de couleurs est utilisée d’une façon inhabituelle, et mélange les rendus les plus sombres et les teintes les plus flashy. Le style général est plutôt cartoonesque mais on a l’impression qu’Elite a voulu élaborer un véritable dessin animé avant de se rétracter face aux limitations techniques de la machine. Au final, on peut conclure que les graphismes disposent d’un cachet particulier auquel certains se montreront sans nul doute sensibles. Personnellement, je les trouve plutôt déplaisants mais bon, chacun son truc après tout… L’animation suit la même tendance : elle ne fait que donner l’illusion d’être souple et réaliste car on constate bien vite que les mouvements ne sont pas très décomposés, voire même très simplistes par moment. Curieusement, on retrouve ce même design atypique et un peu bancal dans Space Ace, autre jeu Super Nes inspiré d’un laser-disk dessiné par Don Bluth. La jouabilité n’est vraiment pas terrible. La maîtrise du personnage est pesante, Dirk dérape lorsqu’il se déplace et l’absence de répondant dans les commandes augmente encore la difficulté du jeu, déjà assez solide à la base. Lorsqu’on escalade une corde, c’est encore pire : le mouvement s’effectue de manière ridicule et s’avère effroyablement lent, vous laissant à la merci de n’importe quelle bestiole en maraude. Bon, ceci dit, contrairement à la version Nes, il y a tout de même moyen de progresser et il est possible de quitter le niveau en cours à n’importe quel moment, c’est un bon point. Je ne saurais vous parler de la bande sonore : il semble qu’elle ne fonctionne pas sous émulation.
En bref : 11/20 : Dragon’s Lair n’est pas un mauvais soft en soi. Cette version Super Nes remporte haut la main la palme de la meilleure adaptation du jeu sur une console Nintendo… à tout le moins de la plus jouable. Cependant, si on ne tombe pas sous le charme de sa réalisation graphique très particulière, on est très loin d’être face au jeu du siècle. Trop conventionnel, manquant un peu de punch et mal fagoté question maniabilité, Dragon’s Lair fait un peu figure de production de seconde zone face à l’offre disponible sur la console. En émulation, il reste cependant un petit soft sympathique, même si on s’en lasse très rapidement.