Précurseur en matière de films de combats, Bruce Lee est devenu un acteur star, sa mort précoce en ayant carrément fait une légende. Et pas qu’un acteur, d’ailleurs, puisqu’il était aussi réalisateur, scénariste et producteur, mais également docteur en philosophie (sisi, mieux que JCVD !) et bien entendu expert en arts martiaux, ayant lui-même instauré une pratique du kung-fu, le Jeet Kun Do ou « Way of the Intercepting Fist ». Tant et si bien qu’un film autobiographique a été tiré de sa carrière, et parce que le genre même des productions auxquelles il a pris part a des liens forts avec l’univers vidéoludique, un portage sur consoles dudit film a vu le jour.
IRL LEVEL 33
Depuis le Big Boss jusqu’au Jeu de la Mort, il n’y eut que cinq films, dont un paru à titre posthume, six ans après le décès tragique du Petit Dragon, étoile filante du cinéma hong-kongais dont la réputation est aussi forte, sinon plus, que celle de James Dean. Celui-ci, mettant en scène Jason Lee, propose de retracer, de manière fort romancée, les trente-trois ans qui séparent la naissance du sino-américain de la mort de la superstar. Du coup, le jeu aussi raconte l’histoire, mais de manière encore moins fidèle.
L’HISTOIRE SANS FOND
Dragon : The Bruce Lee Story est un jeu en deux dimensions, à la croisée des chemins entre le beat ‘em all, pour son histoire découpée en chapitres et ses combats multiples, et le beat ‘em up, pour sa mise en scène en écran fermé et son concept de base.
Concrètement, il s’agit de traverser dix niveaux (dans le mode histoire, seul ou à deux) constitués d’autant de combats, qui peuvent être contre un ou deux personnages. Il peut aussi y avoir un challenge particulier, par exemple celui de battre l’adversaire en un temps limité. À deux joueurs, il faudra ensuite déterminer le vainqueur en s’affrontant face à face.
Les combats vous opposent à divers adversaires sans grand charisme, comme un marin armé d’une chaîne, un tandem de cuistots bien brutasses, un duo de ninjettes ou encore l’infatigable Williams, alias Jim Kelly dans Enter the Dragon.
D’autres modes de jeu existent également : vous pouvez effectuer des matches simples et sans rapport avec l’histoire, seul contre l’ordinateur ou à deux. Vous pouvez également jouer à deux contre l’ordinateur, ou à trois en un-contre-un-contre-un, préfigurant le système de Smash Bros.
Bruce Lee dispose de quatre boutons d’attaque : deux consacrés aux coups de poing et deux aux coups de pied. Il ne peut pas réaliser d’attaques spéciales dans le sens « Street Fighter » du terme, mais il peut en échange effectuer divers mouvements comme un grand écart sauté, un piétinement au sol, etc. En outre, collecter les items en yin & yang vous permettra de réaliser de nouvelles attaques plus rapides (en mode Combattant, c’est-à-dire si votre jauge de shi est remplie à moitié ou moins), voire de vous battre au moyen de nunchakus (en mode Nunchaku, soit si la jauge est remplie à plus de la moitié).
PETIT DRAGON DEVIENDRA GRAND, OU PAS
Bruce Lee a beau avoir été une star incontestable, méritait-il un film ? Surtout un film aussi peu scrupuleux ? Et méritait-il un jeu encore moins fidèle à sa vie ?
Probablement que non. Pourtant, loin de ces considérations, Dragon : The Bruce Lee Story n’est pas foncièrement un mauvais jeu. D’ailleurs, visuellement il est plutôt attirant, avec ses gros sprites très correctement animés et ses décors plutôt riches en détails. Seules les inter-scènes, plus ou moins tirées du film, demeurent assez kitch. Côté son, l’ambiance est plutôt bonne.
Mais c’est surtout de par son gameplay que le jeu surprend. Loin des canons du genre, il propose tout un tas d’idées, parfois bonnes (la possibilité de jouer à deux en coopération, voire trois en affrontement, en même temps, le système de shi) et parfois mauvaises (le système de shi là encore, parce qu’il est particulièrement mal exploité dans le jeu, ou encore la maniabilité parfois très approximative).
Autre souci, le titre de Virgin Interactive est très difficile, et traîne un peu trop en longueur. Les jauges de vie ne s’épuisent pas facilement, et il est souvent difficile de trouver la technique pour battre le ou les adversaires.
Dernier point, qui est loin d’être négligeable vis-à-vis de productions comme Street Fighter ou King of Fighters, les adversaires manquent cruellement de charisme, même si l’on retrouve les valeurs sûres que sont Williams, le griffu d’Enter the Dragon, Johnny Sun ou encore le Spectre.
À tout choisir, la plus intéressante représentation de Bruce Lee est… Super Street Fighter II, ou la première apparition de Fei Long, le clone parfait !