Développé par Leland Interactive Media et édité par Tradewest.
Star incontestable du beat ‘em all dans les années 80, la série de Technos Japan n’a pas su prendre le virage des 90’s, en témoignent un Super Double Dragon moyen et un crossover raté avec les Battletoads. Seul le jeu d’arcade paru sur Neo Geo est fidèle à la qualité des premiers épisodes
LE JEU DE LA SÉRIE DU JEU
Mais ici, la faute n’est pas imputable à Technos, puisque ce titre a été réalisé aux États-Unis par une filiale de Tradewest, et en reprenant le background de la série animée. Beaucoup de tares, donc.
Dans la série, Billy et Jimmy Lee sont séparés à la naissance, et si le premier est élevé par un pacifique maître en arts martiaux, le second est récupéré par le terrible Shadow Master qui veut en faire son second. Bien vite, les jumeaux seront tout de même réunis (Jimmy se faisant trahir par son patron) et se battront ensemble, armés de sabres magiques, face aux hordes terrifiantes du Shadow Master.
PETITS MEURTRES ENTRE ENNEMIS
Double Dragon V : The Shadow Falls est un beat ‘em up en deux dimensions proposant de jouer avec dix personnages, plus deux boss déblocables, et reprenant les bases de gameplay de Street Fighter comme de Mortal Kombat.
Du premier, il reprend la maniabilité à six boutons bien connue des aficionados : trois boutons sont dévolus aux coups de poing (faibles, moyens et forts) et trois aux coups de pied. Alliés aux huit directions de la croix, ces coups s’enchaînent pour réaliser des attaques spéciales, là encore directement en provenance du hit de Capcom : quart de tour avant plus poing, bas haut plus pied, etc. Il est également possible de parer une attaque en appuyant vers l’arrière, ou de projeter l’adversaire en utilisant le bouton de coup de poing moyen au corps à corps, soit le B.A.-Ba du petit bastonneur illustré.
Au second, il emprunte ce qui en a fait tout le sel (pour ne pas dire le seul intérêt, et encore…), à savoir le principe de Finish, soit quelques secondes pour achever l’adversaire en fin de combat. Appelés ici Overkill, ces mouvements généralement bien gores sont réalisables avec une facilité déconcertante : il suffit la plupart du temps de se tenir devant l’adversaire, debout ou accroupi, et d’appuyer sur un seul et unique bouton pour le tuer de manière totalement gratuite ! Cependant dans DD5, point de gerbes de sang à n’en plus finir. Ça reste issu d’un dessin animé, alors tout au mieux on a droit à un petit squelette.
Bref, le jeu de Tradewest n’innove en rien. On retrouve la base commune à quasiment tous les jeux de baston du monde, à savoir des combats en un contre un en temps limité, lors desquels il faut vider la jauge de vie de l’adversaire avant qu’il ne vide la vôtre. Même les personnages n’échappent pas aux stéréotypes, avec les héros équilibrés clones de Ryu et Ken, la fille rapide, le boss final abusé. Chose amusante, en dehors des frères Lee et du Shadow Master, les personnages ont le nom qui va avec la fonction : Sickle est armé de grandes lames courbes, Blade n’est pas un chasseur de vampires mais un autre amateur d’armes blanches, Icepeak est aussi froid qu’un glaçon, Bones est un squelette vivant…
Enfin, notez que Double Dragon V propose quatre modes de jeu, avec des noms qui, pour le coup, tapent bien l’embrouille comme il faut : le Tournament n’est pas un tournoi mais un simple mode solo basique, alors que le Battle, qui aurait pu être un simple mode solo lui aussi, est un tournoi ! Le Versus permet de jouer à deux, et le Quest Mode est un mode scénarisé.
L’ATTAQUE DES CLOWNS
Même avec la plus belle objectivité du monde, difficile de ne pas crier au scandale devant cet épisode honni. Pour commencer, le fait même que le jeu s’inspire de la ridicule (et peu fidèle) série animée lui porte tort.
D’autant que le visuel cartoon et grotesque rappellera aux joueurs micros leurs pires moments sur des productions calibrées, comme Shadow Fighter au hasard. Avec ses personnages disproportionnés et animés comme de mauvaises marionnettes, ses couleurs saturées et sa bande-son agressive, Double Dragon V n’a rien pour lui.
Et si, sur le papier, une jouabilité mélangeant habilement les forces de deux séries phares du beat ‘em up 2D (dont une a usurpé le titre), en mettant de côté leurs faiblesses, a quelque chose de rassurant, dans les faits, il en est tout autrement. Les personnages se manient mal, les bugs de collisions pullulent (il n’est pas rare de passer littéralement au travers de l’adversaire lors de certaines attaques, alors que d’autres coups spéciaux vous blessent avant de vous avoir atteint !)…
Qui plus est, la difficulté se fait ressentir de manière importante dès le tout premier combat. Il devient compliqué de fanfaronner lorsque l’adversaire, abusant de ses coups spéciaux, vous empêche de l’approcher, finissant par vous mettre un perfect sans que vous ayez pu ne serait-ce que l’approcher.
Pour qui veut s’y investir, Double Dragon V : The Shadow Falls vaut le coup, avec douze personnages et quatre modes de jeu. Mais il faudra passer outre bien des tares qui le rendent vite insupportable.