En matière de jeux vidéo, il y a les hits incontestables, et les grosses daubasses. Mais de la même façon que l’univers n’est pas manichéen, il existe tout un tas de variations de gris entre les bons jeux et les mauvais : y’a les jeux moyens, fades, qui ne vous font ni chaud ni froid ; les chouchous, ces titres que tout le monde dénigre mais que vous adorez ; et puis il y a les surfaits, ces soi-disant oeuvres d’art qui ne provoquent chez vous que boutons purulents et nausées fétides. Enfin, moi c’est l’effet que ça me fait, en tout cas.
QUESTIONS POUR UN HÉROS
Une partie de Der Langrisser débute par une série de questions visant à déterminer le caractère du héros que vous allez incarner. Première déception, cela n’influe que sur quelques statistiques. Ainsi, vous pouvez répondre que vous fuyez le combat, que vous sodomisez Dieu et que vous tuerez la première gonzesse venue comme la dernière des catins ; au pire cela ne vous fera perdre que trois points d’attaque et un point d’intelligence, genre.
Une fois votre avatar déterminé, le jeu peut commencer. Et tant qu’à commencer, autant partir sur des bases solides, voire déjà vues, revues et un poil vermoulues. Votre héros s’appelle Elwin et il est le fils du héros du premier opus, Langrisser tout court (parce qu’en fait, ce jeu se nomme Langrisser II sur Mega Drive, à la base).
Le gars se balade avec son pote Hein (bienvenue chez les Ch’tis, donc) dans le village qu’ils habitent, quand tout à coup, sortie de nulle part pour leur jouer un mauvais tour, surgit la bande à Basile, également connue sous le nom d’armée impériale. En fait d’armée, c’est une dizaine de gus qui veulent kidnapper la princesse Riana, et comme vous les en empêchez, ils vont décider de raser le bled. Mais ça aussi, vous allez les en empêcher, parce que faut pas vous la faire, à vous.
ICI C’EST MOI QUI DIS C’EST QUI QUI RENT’
Der Langrisser est un tactical-RPG, ces jeux à mi-chemin entre jeu de rôle et jeu de stratégie, dont les plus célèbres représentants sont Tactics Ogre, Fire Emblem ou les productions Nippon Ichi Software par exemple. Et d’ailleurs, pour qui a joué à ces standards, des similitudes troublantes vont rapidement se faire sentir. Quoi ? Non, ça a pas commencé à sentir, c’est juste que j’ai pété.
La progression dans Der Langrisser s’effectue par scénario. Un scénario, en fait, c’est une bataille. Il y en a pas loin de quatre-vingt dans le jeu, et le but est soit d’abattre tous les adversaires, soit de défaire le leader ennemi (parfois avec un challenge supplémentaire, genre emporter la bataille en un nombre de tours donné). Avant chaque bataille, il est possible de passer par le magasin pour s’équiper convenablement, et surtout de gérer ses troupes.
Le jeu de NCS fonctionne sur un principe de commandement assez simple. Votre équipe de combat se compose d’un leader et de troupes. Et l’équipe adverse fonctionne de la même manière. Ce qui n’est pas forcément un avantage d’ailleurs, parce que si vous tuez un leader, vous ne gagnez pas les points d’expérience que vous auriez pu tirer du massacre de ses troupes.
Il y a dix-sept leaders possibles pour votre armée, selon le scénario. Certains sont des personnages à débloquer, et chacun a plus ou moins d’aptitudes. Seul le leader peut être équipé, et lui seul pourra changer de classe, également. Il existe de nombreuses classes possibles, comme guerrier, gladiateur, chevalier ou pirate pour les classes de combat, sorcier, shaman, prêtre pour les classes de magot. Certaines classes ne se débloquent que si vous avez maîtrisé la classe d’avant. Comprenez par là que les classes suivent une évolution (le guerrier devient seigneur, puis maître épéiste…), exactement comme dans Tactics Ogre.
Les troupes sont également de diverses espèces : démons, barbares, elfes noirs, golems, harpies, etc. Ils sont venus, ils sont tous là, et chacun d’entre eux sera plus efficace face à certaines races, et moins face à d’autres. Cependant, une bonne armée n’est rien sans un bon général, et vos troupes seront plus puissantes si elles restent dans la zone d’effet de leur leader. Celles qui l’entourent directement regagneront en outre des points de vie à chaque tour.
Les combats se déroulent au tour par tour. Seulement, là où Tactics Ogre, encore lui, utilisait un système de priorité et alternait les tours entre personnages alliés et ennemis, ici on est plus dans la mouvance Fire Emblem : tous vos personnages jouent d’un coup, puis tous les adversaires, et ainsi de suite. Du coup, la tactique s’efface vite devant le bourrinisme : je me jette sur un ennemi avec mes douze soldats, je le hache menu, et je passe au suivant. À chaque adversaire vaincu, vous gagnez des points d’expérience, qui se cumuleront jusqu’à faire évoluer votre personnage d’un niveau. Et c’est tous les dix niveaux que vous pourrez changer la classe de votre leader.
TU SOUS-ESTIMES LE POUVOIR DU CÔTÉ OBSCUR
On aura beau dire ce qu’on veut, Der Langrisser est un jeu plan-plan. Le scénario équivaut peu ou prou à celui du meilleur Oui-Oui, et seule la possibilité de rejoindre le camp ennemi donne un petit peu de charme au titre.
L’ennui, c’est que Der Langrisser est également très moche. Les sprites sont minuscules, les décors souvent basiques et à peine plus colorés que sur Mega Drive, les animations sont minimalistes et la bande-son aigrelette agresse vite les tympans du joueur.
Pourtant, tout n’est pas à jeter non plus. Le gameplay, par exemple, est plutôt sympathique. Mais deux points l’empêchent d’acquérir un statut d’étalon du genre : le fait qu’il soit fortement inspiré d’autres tacticals, déjà, et le système de tours globaux (d’abord à moi, puis à l’ennemi) qui tue toute volonté de jouer tactique.
Les combats ne sont pas simples pour autant, même si les leaders ne sont plus des monstres de puissance et que l’on peut sauvegarder à tout moment, et avec son grand nombre de missions, Der Langrisser offre également une grande durée de vie (on peut même refaire le jeu pour terminer l’aventure dans l’un ou l’autre des deux camps).
Bref, s’il passe à côté de quelques grosses tares, le joueur en a pour son argent. Ceci dit, ce n’est pas non plus le messie du tactical, comme certains peuvent tenter de nous le vendre. C’est un soft sympatoche, mais qui n’apporte pas grand-chose.