Ça a commencé comme une blague de mauvais goût. Le premier Chou Aniki était un shmup, certes, mais un shmup où l’on affrontait des bodybuilders quasiment nus et tout un tas d’objets de forme phallique. Une sorte de Parodius, mais complètement dans le trip gay friendly. Dont acte. Tout le monde pensait à un simple délire à la Toilet Kid, jusqu’à ce que nous parvienne ce Chou Aniki : Bakuretsu Rantouden, bientôt suivi par un autre jeu de baston sur WonderSwan monochrome. Diantre, c’est qu’ils insistent, les bougres ! Encore à l’heure actuelle (en mars dernier pour être précis), un nouvel épisode est paru sur PSP, preuve que la série n’est pas morte.
OUI JE SAIS, IL AIME LES GARÇONS
En dehors de son propos ouvertement orienté envers les garçons qui aiment les garçons qui aiment les garçons qui aiment les garçons, le titre de NCS n’affiche pas de scénario particulier. Disons que diverses créatures plus ou moins humanoïdes se livrent bataille, histoire de savoir qui est le plus puissant du lot, mais bon : ça c’est le scénar’ de n’importe quel beat (non, je ne ferai pas de jeux de mots là-dessus) qui se respecte.
ON DIRAIT QU’IL VIT DANS UNE AUTRE GALAXIE
Chou Aniki : Bakuretsu Rantouden est un beat’em up en deux dimensions, qui prend place dans un univers pour le moins barré, et oppose huit combattants tout aussi bizarres et décalés. Mais entrons un peu plus dans le vif du sujet, histoire d’élargir le cercle de nos connaissances.
Concernant les décors, on a droit au sacro-saint temple grec (je vous fais pas un dessin, mais les préjugés ont la vie dure - pas de jeu de mots là non plus), à une statue de la liberté masculine, à une forêt peuplée de fées mâles vêtu(e)s de rose, à un train avec des bras… Quant aux personnages, oulah ! Ça mérite bien un paragraphe complet.
Idaten est un bodybuilder bleu et le héros du jeu, mais aussi l’un des moins étranges ; Benten est une femme (parce qu’il y en a aussi, quand même) verte entourée de deux chérubins ; Samson est un colosse gris en string rose avec un trou… dans la tête ; Sabu est un sous-marin avec une tête de rockeur ; Mami19 est une femme-bateau avec des mecs à poil (pas « à poils », nus quoi) dessus ; Adam est un autre gars qui a oublié ses fringues, et qui se balade dans un vaisseau en forme de demi-lune (toujours pas de jeu de mots) ; Botei est un barbare au casque à cornes digne du plus terrible des chefs de guerre ; et Uminin est heu… un préservatif vivant ?
Quand bien même ce cheptel incongru ne vous aurait pas rebuté, la suite est du même calibre. Pour commencer, Chou Aniki ne propose que deux modes de jeu, le solo (où vous devez vaincre les huit personnages à la suite) et le versus pour jouer entre amis. Soit. Les combats durent deux rounds, sont chronométrés, et consistent toujours à vider la jauge de vie de l’adversaire avant qu’il ne vide la vôtre. Re-soit.
Première différence avec la majorité des autres titres du genre, d’ordre purement esthétique : à chaque round vous changez de décor. C’est plutôt sympa et ça coûte rien. Deuxième différence, celle-ci bien plus fondamentale : le jeu se pratique à trois boutons, un pour les coups de poing (attaque faible, bouton Y), un pour les coups de pied (attaque forte, bouton B) et un pour dasher dans n’importe quelle direction (bouton A). Les gâchettes servent quant à elles à se protéger.
C’est en combinant directions et boutons de coups que vous réaliserez les diverses attaques spéciales propres à chaque protagoniste. Ceci dit, attention : plus vous abusez des coups spéciaux et du bourrinage bête et méchant, plus vous videz la jauge de coups située au-dessus de votre jauge de vie. Et si elle est entièrement vide, votre personnage se retrouvera assommé un long moment, laissant toute latitude à l’adversaire pour lui latter les amygdales !
Dernière différence, et non des moindres, les personnages volent comme dans un jeu de baston Dragon Ball Z ou, plus approprié, comme dans un shoot ‘em up. Vous pouvez donc les déplacer sur toute la surface de l’écran, et de même, vous pourrez orienter certaines attaques, entre autres le coup de pied.
ANIKI, IL S’APPELLE ANIKI
Certes, Chou Aniki est probablement le seul jeu, la seule série même, qui s’intéresse un tant soit peu au milieu gay (en dehors de certains jeux pornos, peut-être). Pour autant, je ne pense pas qu’un seul homosexuel puisse se féliciter de cette caricature grotesque et, à la limite, insultante.
Et puis c’est vrai que cette belle brochette de combattants est tout sauf convenue, mais difficile pour autant de s’identifier, je suppose, à cette Gay Pride farfelue, sortie de cerveaux de designers de toute évidence bien touchés. Quoi qu’il en soit, il faut au moins reconnaître une qualité au jeu, son originalité.
La réalisation n’est en outre pas dégueulasse, les sprites étant gros et détaillés, et les décors chiadés et riches en couleurs. L’ensemble s’anime de manière homogène, quoi qu’assez lente, et la bande-son comme les voix digits assurent un certain décalage, là encore.
Après, reste encore à déterminer si Chou Aniki : Bakuretsu Rantouden est un bon jeu. Et là, c’est pas gagné. La maniabilité est poussive, les déplacements souvent laborieux et la jauge de coups casse le rythme. Qui plus est, les adversaires ne sont pas nombreux, mais ils sont retors.
Dommage donc que toutes les originalités du jeu fassent un flop. Et il en va de même pour le changement de décors entre les rounds, puisque les arrière-plans étant peu nombreux, ils reviennent souvent. Le jeu manque également de modes comme le tournoi ou l’entraînement, des classiques du beat ‘em up.
Si bien qu’au final, Chou Aniki reste un jeu de baston sans saveur, malgré son grand portnawak conceptuel. La série n’aura jamais réussi à briller, la faute à des développeurs qui se reposent un peu trop sur un concept daubé.