D’une manière générale, je suis allergique aux félins. Bon, c’est vrai, mon rêve serait tout de même de posséder un tigre, que je promènerais en laisse un jour de Noël sur un axe surpeuplé, genre la rue Sainte Catherine à Bordeaux. Mais en dehors de cela, tous les cousins plus ou moins éloignés des chats, je les abhorre. Même en jeu vidéo, parce que ces bestioles y sont généralement représentées comme super cool et détendues du slip, alors que la plupart du temps elles sont pénibles à contrôler. Regardez Bubsy le lynx, ou Eek le chat : chiants, hein ? Et Chester Cheetah… Vous connaissez pas ? Alors laissez-moi faire les présentations.
L’ANIMAL LE PLUS RAPIDE DE L’OUEST
Chester Cheetah est un guépard, le félin le plus rapide au monde. Mais Chester Cheetah est avant tout un guépard de zoo, ce qui signifie qu’il manque un peu d’exercice physique. Comparé à ses cousins sauvages, il est également bien plus cool : il porte des lunettes de soleil et chevauche une moto pour tous ses déplacements !
Aujourd’hui, Chester a décidé de fuir le zoo, à la recherche de la mystérieuse Hip City dont il a trouvé l’emplacement sur une carte au trésor. Malheureusement, à peine évadé, il se retrouve nez-à-truffe avec cette grosse brute d’Eugène, qui s’empresse de lui voler sa carte, de la déchirer et de l’éparpiller aux quatre coins des États-Unis.
LE SEIGNEUR DES CHEETOS
Chester Cheetah : Wild Wild Quest est un jeu de plates-formes linéaire, comme son prédécesseur. Il suffit donc de relier un point A à un point B pour terminer chacun des neuf stages que comporte le jeu…
Non. En fait, c’est un peu plus compliqué que ça. Dans chaque niveau (la plage, le château, le bateau pirate…), il faudra trouver le morceau de carte qu’Eugène a caché, puis se rendre au bout du parcours pour y affronter un boss. Les monstres que vous affrontez sont tous des animaux, à l’exception des boss qui sont… vous verrez bien. Notez que l’ordre des niveaux n’est pas fixe : à chaque fois, vous pourrez choisir parmi trois niveaux, et si vous en terminez un, un autre s’offrira à vous. Une fois les neuf morceaux de carte récoltés, le dixième monde se dévoile.
Concernant le jeu en lui-même, ce n’est pas bien compliqué. Vous utiliserez les boutons A ou X pour sauter, et les touches B ou Y (alliées à une direction, comme dans un Mario) pour courir. Vous éliminez la plupart des ennemis en leur sautant sur le crâne, mais attention ! La moindre touche et vous perdez une vie…
Sauf si vous aviez ramassé auparavant des Cheetos. Ces beignets troués (des donuts, quoi) ont exactement la même forme et la même fonction que dans Sonic, ce qui est logique puisque Chester Cheetah : Wild Wild Quest est construit comme un clone du hérisson bleu, l’aspect exploration en moins. Donc, tant que vous portez au moins un Cheetos (ou Cheeto au singulier ?) sur vous, vous ne pouvez théoriquement pas mourir.
LE MOTARD FANTÔME
À première vue, ce second Chester Cheetah corrige l’intégralité des erreurs de son grand frère. Mais en grattant un peu, on s’aperçoit que l’or n’est que de la peinture jaunâtre.
Par exemple, même si la carte est présentée façon « On the Road Again », avec un Chester digne d’un véritable Hell’s Angel sur la route 66, l’intérieur des niveaux reprend les sacro-saints stéréotypes du jeu de plates-formes, avec ses décors fluo, ses constructions improbables et ses mécaniques cousues de fil blanc.
Ceci dit, cet épisode est bien plus joli que le précédent. Les environnements sont plus détaillés, les couleurs sont moins épileptiques et le design des personnages est plus fluide. Du coup, là où, du premier volet, ressortait le sentiment de se trouver devant un cartoon interactif, ici l’ambiance est plus cool, plus djeunnz, un peu comme quand SEGA sortait son slogan « What Nintendon’t » accompagné d’un Sonic décidément plus hype que son concurrent plombier.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard. Si le premier Chester Cheetah répondait à une simple demande de jeu publicitaire façon MacDonald Land, ce deuxième opus se place, du moins dans l’esprit de ses concepteurs, comme un challenger du hérisson. Sisi, même que la bestiole dispose de mimiques hilarantes et d’un rythme de déplacement bien plus élevé que dans l’apathique premier épisode. Et les musiques se veulent également plus rock’n roll, pêchues comme il se doit dans un jeu véloce.
Deux problèmes à tout cela. D’abord, si SEGA avait allégé ses décors pour que la Mega Drive puisse les faire défiler à grande vitesse, il n’en va pas de même ici, et Chester Cheetah : Wild Wild Quest rame très souvent, dès que plus de deux personnages se trouvent à l’écran en même temps, en fait. Ensuite, la bande-son a beau avoir du punch, elle se montre sans arrêt agressive et sans une once de subtilité, d’où une rapide lassitude du joueur.
N’est pas Sonic qui veut, et le guépard le prouve une fois encore lorsqu’on s’intéresse au fond de jeu. Oh, certes, la bestiole est parfaitement maniable et le game design éculé ne surprendra pas grand monde. L’ennui, c’est qu’il subsiste des problèmes de détection des collisions, si bien que l’on se fait parfois toucher alors que l’on se croyait en sûreté. Du coup, sans se montrer particulièrement difficile, Chester Cheetah : Wild Wild Quest est parfois frustrant.
Vous l’aurez compris, l’ami rockeur échoue lamentablement à s’emparer du titre de héros de jeu de plates-formes le plus cool de la planète. Pour autant, Kaneko a sérieusement revu sa copie, et si la première itération était décevante, cette nouvelle mouture mérite au moins que l’on s’y essaie.