Dans les jeux vidéo aussi, on a recours à la bonne vieille technique dite « des fonds de tiroir ». Captain Commando est un vieux Beat them all de Capcom datant de 1991, mettant en scène quatre super-héros en lutte contre un maître du monde-wannabe dans une ambiance inspirée des comics américains. Le tyran en question, prénommé Scumocide et certainement prêt à conquérir le monde, se planque sur une des lunes de Jupiter. Les quatre héros chargés de l’anéantir sont Captain Commando (archétype du Super Héros avec plein de Super pouvoirs et accessoirement ancienne mascotte de Capcom) ; Sho/Ginzu (le ninja silencieux et mortel) ; Jennety/Mack the knife (une bizarre momie extraterrestre habillée à la mode du ghetto et armée de deux poignards) et Hoover/Baby Head (un nouveau-né à l’intelligence supérieure perché sur un mecha-robot). Il aura fallu quatre années supplémentaires pour que Capcom se décide à transposer ce jeu d’arcade (qui n’avait d’ailleurs guère récolté de succès) sur la Super Nes alors en fin de vie.
Les quatre héros vont traverser des stages relativement originaux (un musée d’histoire naturelle, un cirque, un dojo, …) affronter des tonnes de voyous à la solde de Scumocide et ramasser diverses armes pour dératiser les zones un peu trop fertiles en hommes de main (marteau, arme à feu). Les possibilités de combat sont les mêmes que pour tous les Beat them all d’arcade signés Capcom : enchaînements de coups, attaque en sautant et l’incontournable coup spécial qui consomme un peu d’énergie (explosion pour le ninja et le bébé, électricité pour Captain Commando, lames tournoyantes pour la momie). Il est bien évidemment possible de jouer à deux joueurs simultanément (même si la version arcade autorisait quant à elle les parties à quatre joueurs).
Réalisation technique :
Contre toute attente, le résultat n’est pas franchement brillant : la plupart des armes ont disparu (plus de Uzi ni de lance-roquettes), les détails gores aussi (plus d’ennemi tranché en deux d’un coup de katana) et d’autres éléments (le fait de pouvoir enfourcher un robot-mécha) sont également aux abonnés absents. Ce serait encore excusable si la réalisation n’était pas inférieure à ce point à la version d’origine. Il est évident que les jeux d’arcade subissent toujours une petite baisse de qualité technique lorsqu’ils sont transposés sur console (même sur Super Nes) mais là Capcom s’est vraiment foutu du monde : les sprites sont grossiers, les couleurs sont ternes, les personnages sont lents et lourdauds à manipuler et la bande sonore, malgré de bons bruitages, est tristement insipide (pour ces deux derniers éléments, il faut reconnaître que la version d’arcade ne proposait déjà rien de très brillant à la base). Pire : l’action elle-même est lente au possible et l’action souffre de ralentissements intempestifs dès que ça s’agite trop à l’écran.
En bref : 07/20
A défaut d’être inoubliable, Captain Commando restait tout de même un Beat them all d’arcade bien foutu, avec une ambiance plaisante et des personnages intéressants. Transposé sur Super Nes, il devient une véritable catastrophe, un portage bâclé, moche, lent et pas très jouable. Qu’on ne vienne pas me dire qu’une telle baisse de régime est normale pour un jeu programmé à l’origine pour l’arcade : d’autres adaptations (Knights of the Round, Street Fighter II, King of Dragons, …) s’en tirent très bien et en 1995, on pouvait raisonnablement penser que l’éditeur japonais maîtrisait les routines de programmation de la 16-bits de Nintendo. Un produit terriblement décevant de la part d’un éditeur comme Capcom.