Adapté relativement tardivement sur la console, ce jeu mettant en scène le lapin le plus sarcastique de l’histoire fut l’une des plus belles réussites de Sunsoft dans la série des adaptations de vedettes des studios Warner, la seule (avec Death Valley Rally) à s’éloigner des principes conventionnels du jeu de plates-formes pour coller parfaitement à l’esprit des dessins animés dont elle s’inspire.
Quand Bugs Bunny se réveille ce matin là, il ne se doute pas encore des péripéties qu’il va vivre tout au long de la journée. Tout commence pourtant de manière classique, par une partie de chasse sous la neige menée par Elmer Fudd et sa meute de chiens pas vraiment futée. La routine pour Bugs, à qui il ne faut pas expliquer deux fois la meilleure méthode pour ridiculiser le malheureux chasseur. Mais à son grand étonnement, le célèbre lapin devra revivre et survivre à nouveau ses plus célèbres aventures à travers une bonne dizaine de stages très variés. Ainsi, Bugs revisitera l’histoire des trois petits cochons et d’Hansel et Gretel, tentera d’échapper à Taz dans la jungle de Tasmanie, participera à une corrida puis à un tournoi face à Sam le Pirate fera mentir les superstitions liées aux chats noirs (avec le soutien de Pépé le putois), et découvrira le chaos des embouteillages martiens. Mais que fabrique donc Bugs Bunny dans cette galère ? Il le découvrira au terme de l’aventure, dans l’atelier de dessinateur de son ennemi juré Daffy Duck, très satisfait des mésaventures qu’à vécu Bugs Bunny dans les cases de la bande dessinée qu’il a lui même dessinée !
Basiquement, Bugs peut sauter sur ses ennemis ou leur flanquer un bon coup de pied aux fesses, mais il dispose également dans sa manche de tout le stock de farces et attrapes popularisé par les cartoons : tartes à la crème, bombes, bâton de TNT, miroirs réfléchissants (qui renvoient les lasers réducteurs des poulets galactiques à la solde de Marvin le martien), cibles de tir à l’arc au sol (qui font tomber un coffre-fort sorti de nulle part dès qu’un maladroit posera la pied dessus !), un chiffon rouge derrière lequel se dissimule une enclume et bien d’autres gadgets vicieux du moins pour ceux qui en seront les victimes !
Les différents stages ne se limitent pas non plus à une simple succession de plates-formes et d’ennemis sans originalité. Pour ne citer qu’un seul exemple, le niveau de la corrida obligera Bugs Bunny à attirer le taureau le plus près possible des cibles disposées dans l’aire de jeu et à sauter au dernier moment pour que le bovidé aille s’encorner dans ces dernières.
Réalisation technique :
Avec leur originalité et la profusion de détails qu’ils offrent, les décors sont absolument superbes. L’esprit des Looney Tunes a été reproduit à la perfection, et les connaisseurs repèreront de nombreux détails tirés des plus célèbres cartoons mettant Bugs Bunny en vedette. Les sprites sont en outre de très grande tailles, et la palette de couleurs a été judicieusement exploitée. De ce point de vue, Bugs Bunny est une superbe réussite à tel point que toutes proportions gardées, on a parfois l’impression, grâce à sa réussite visuelle et à son gameplay, de jouer à un véritable cartoon interactif. L’animation des personnages est très réussie, non que le jeu soit particulièrement rapide, mais les sprites possèdent des tonnes d’attitudes et de mimiques très amusantes. De ce point de vue là aussi, le jeu est un régal. La bande sonore est très sympathique, avec ses thèmes amusants que l’on sifflote longtemps après avoir fermé la console ou l’émulateur. Seule la jouabilité reste un peu en retrait. Bugs n’est pas toujours aussi maniable qu’on le souhaiterait et le jeu offre un challenge sérieux mais vu ses nombreuses autres qualités, on ne s’en formalise pas vraiment.
En bref : 17/20
Amusant, superbement réalisé et d’une variété très appréciable, Bugs Bunny est sans nul doute le meilleur jeu sur console 16-bits mettant en scène un personnage de la Warner. Les stages sont variés et originaux, certains d’entre eux (la corrida par exemple) proposent même des éléments parmi les plus originaux jamais imaginés dans un jeu de plates-formes de l’époque. Une belle réussite en résumé, mais que seuls les joueurs aguerris sauront dompter.