Bram Stoker's Dracula est un jeu vidéo Super NES publié par Sonyen 1993 .

  • 1993
  • Aventure

Test du jeu vidéo Bram Stoker's Dracula

0.5/5 — Nul !! par

Développé par Traveller’s Tales, édité par Sony Imagesoft.

Eh oui ! Il y a bel et bien eu un troisième épisode de Castlevania sur Super NES ! Et c’est cet épisode… Ah, attendez… Ah bon ? Eh bien on me signale dans l’oreillette que non, ce titre met bel et bien en scène un chasseur de vampires, mais Belmont n’est pas son nom. C’est du petit studio Traveller’s Tales que nous vient ce non-jeu, et si le studio s’est par la suite fait connaître pour son surprenant Mickey Mania, à l’époque il n’avait réalisé que le très bon Leander, et le très médiocre Puggsy (oui, j’aime me faire des amis).

MAIS JE SUIS PAS SIMON BELMONT, ALORS ?

Comme son titre peut le laisser supposer, Bram Stoker’s Dracula s’inspire de l’œuvre du fameux romancier irlandais (et ouaip), qui n’est pas l’instigateur de la littérature vampirique comme certains l’estiment, puisque John William Polidori lui damait le pion presque un siècle plus tôt. Eh oui les p’tites jeunottes, vous vous masturberiez pas sur Twilight si Polidori n’avait pas existé…

Pour être tout à fait exact, ce jeu ne s’inspire pas directement du roman, mais bel et bien du film du début des années 90 où Coppola filmait Gary Oldman en train de sucer Wynona Ryder (le film le plus chiant qu’il m’ait été donné de voir, juste devant le Grand Bleu ; dieu merci, j’étais célibataire au moment où Titanic est sorti, j’ai au moins échappé à ça).

Bref, foin de critiques cinématographiques à deux ronds, et place au cinospsis… synospice… cyposnis… à l’histoire du jeu. Vous assumerez ici le rôle du chasseur de vampires Jonathan Harker, bien décidé à carrer son pieu bien profond dans n’importe quel orifice du comte Vlad III l’Empaleur (une sorte de jeu de l’arroseur arrosé) pour tenter de sauver la belle Wilhelmina Murray, en gros sa gonzesse, quoi.

ET IL EST OÙ LE FOUET ?

J’aurais pu vous la jouer classique, en vous disant que Dracula était un jeu d’aventure tatata où vous incarniez bidule le long d’une trouzaine de niveaux avec probablement un boss à la fin. J’ai décidé à contrario, non pas de vous expliquer le jeu, mais de vous le faire vivre. Oui je sais, je suis un gros sadique.

Imaginez que nous sommes au XIXe siècle. Le string-ficelle, Facebook, les pâtes au micro-ondes et Eve Angeli n’ont pas encore été inventés, mais la vie ne manque pas pour autant de mordant (ahah, blague, lol). D’autant que nous sommes en Roumanie. Non, ce n’est pas l’autre pays du fromage, c’est un peu plus à l’est, dans la patrie de notre regretté Crop-Nicolae Ceaucescu, et puisque nous parlons des Carpates, dirigeons-nous vers la petite région de Transylvanie.

Nous incarnons le brave Jonathan Harker, une espèce d’émule du Sammy de Scooby-Doo, facilement reconnaissable à sa démarche dégingandée, toujours zen y compris lorsque le danger se profile à l’horizon.

Notre brave homme se trouve pour l’instant dans une auberge qu’aucune assurance n’accepterait de prendre en charge, puisqu’elle est tout en bois et qu’une étincelle est vite arrivée avec tout cet alcool dans les environs. Et puis il faut dire que la clientèle semble particulièrement antipathique, des loups et des zombies allant et venant entre les tables. On trouvera également un poivrot qui dort sur une pile de tonneaux et se réveille de temps à autres pour vous balancer sa bouteille de gnôle en travers de la gueule, ainsi qu’un géant qui se cache dans les combles et qui, lorsque vous le trouvez, vous indique qu’une épée se cache quelque part dans l’auberge.

Ce bouge a donc quelque chose d’inquiétant, et il serait judicieux que nous poursuivions notre visite de la région en dehors de la taverne. C’est facile, il suffit de suivre le guide : une flèche flotte dans les airs pour nous indiquer notre prochain objectif, mettant donc fin à ce putain d’aspect recherche qui donne son charme à n’importe quel jeu d’aventure. J’ai écrit « donne son charme ? » Je voulais dire « nous pourrit la vie », bien sûr.

Qu’importe. Ayant remplacé notre opinel par une lame un peu plus respectable, nous nous rendons dehors, sur la route qui nous mène vers un sombre château… Sous un soleil qui semble vouloir faire de la résistance, nous rencontrons de nouveaux loups et morts-vivants qui n’en opposent pas des masses, eux, de résistance. Pourtant c’est bel et bien là que nous rencontrerons notre premier boss… Oh mais l’aut’, eh ! Pourquoi c’est lui qui a le fouet et pas moi ? C’est pas comme s’il savait le manier, non plus…

Enfin bref, la menace passée, plus rien ne nous sépare du Castlevan… pardon, du château de Vlad l’Empaleur, dont les soirées sont toujours un succès. À moins que je ne confonde. À votre droite, la bibliothèque ; à votre gauche, le donjon. Pensez aussi à faire la bise aux épouses du seigneur de céans, avant d’aller saluer comme il se doit le comte en personne. Moi faut que je vous laisse, j’ai laissé ma machine à remonter le temps en double file.

BEN SI C’EST ÇA, J’EN VEUX PAS DE TON JEU !

Et comme vous avez bien raison, mes très chers amis ! Bram Stoker’s Dracula vaut moins que l’autocollant apposé sur la cartouche. Avec son aspect jeu micro d’époque (alors que, paradoxalement, il est sorti un peu plus tard sur micros que sur consoles) et ses couleurs criardes à rendre jaloux un stroboscope, les premières images ne donnent déjà pas franchement envie. Mais si en plus les animations sont d’une mollesse incomparable, et la partie sonore totalement gâchée par des bruitages gravillonneux (c’est pas encore entré dans le dico, mais j’ai bon espoir), là c’est un peu trop ! Faut pas pousser mémé dans la peau de l’ours, parce que tant va la cruche à l’eau que c’est pas bien.

Bon, admettons qu’en fait on soit sur CPC, et que la mocheté soit donc une norme. Eh bien même en faisant fi de la réalisation à la truelle, il reste encore des tas de reproches à faire au jeu. À commencer par une jouabilité à pleurer. Sans même parler de l’illogisme des phases de recherche (« Psst, mon pote, je t’ai fait monter ici pour te dire que ton épée, elle t’attend en bas ») et du guide permanent qui tue tout challenge de ce côté-là, il suffit déjà d’appuyer sur une jouabilité aux fraises. Aïe, ça fait mal, hein ? Pourtant, un bouton pour sauter, un bouton pour frapper et la direction basse pour ramasser un objet, ça aurait pu être une base sympa.

Oui mais voilà : il aurait aussi fallu penser à un truc tout bête. Normalement, lorsqu’on frappe un ennemi, il se fait toucher, non ? Eh bien là, non. Du coup, ils ont beau être lents et cons comme des melons (si, c’est con, un melon ; un tout petit peu moins qu’une courgette, mais ça se joue à un cheveu) ces ennemis, il n’en demeure pas moins que la difficulté est gigantesque. Ce qui a au moins l’avantage de compenser une durée de vie médiocre.

Résumons-nous : infidélité à l’œuvre originale, ambiance coco-chic, graphismes en carton, animations deux de tens’, sonorités grésillantes, jouabilité bateau, difficulté abusive et durée de vie pathétique… Tu peux me rappeler pourquoi j’ai mis un point, déjà ?

Bram Stoker's Dracula