Le professeur Stinkbaum est prêt à mettre la dernière touche à un dispositif révolutionnaire qui permettra d’éradiquer la pollution partout où elle se trouve. En fait, un peu à l’instar de ce qui se pratique dans le monde réel, la solution de Stinkbaum consiste tout simplement à déverser les saloperies là où ça ne risque pas de déranger ceux qui les produisent, en l’occurrence dans une autre dimension. Un soir, Boogerman, humble technicien de surface, est de service dans le laboratoire de Stinkbaum lorsqu’il aperçoit une créature bizarre s’emparer de la machine et l’emmener subrepticement à travers un mystérieux vortex. Comprenant très vite les enjeux dissimulés derrière ce cambriolage inter dimensionnel, Boogerman enfile sa tenue de super héros et se lance à la poursuite de la créature, bien décidé à faire respecter le droit inaliénable des humains à cochonner le biotope des autres.
Contrairement à ses congénères passés à la postérité, les capacités surhumaines de Boogerman sont un peu… hum… limitées : il ne vole pas, sa force physique est celle que l’on peut attendre d’un petit homme grassouillet et il ne possède aucun super pouvoir destructeur. Heureusement, grâce à une hygiène de vie très aléatoire, le corps de Boogerman est un véritable bouillon de culture, un réceptacle contenant quelques uns des fluides les plus corrosifs et toxiques de la galaxie. Pour commencer, Boogerman possède une réserve impressionnante de crottes de nez, qu’il projette sur les visqueux habitants de la dimension X avec la dextérité du ninja décochant ses shuriken. Ensuite, pour autant qu’il ait ingéré la boisson gazeuse adéquate, Boogerman crache des glaires verdâtres capables de faire fondre les métaux les plus résistants. Face à un régiment compact d’ennemis, notre homme-orchestre est également capable d’émettre un rot tonitruant, tout droit venu des profondeurs suintantes d’acidité gastrique de son être. Enfin, l’arme ultime de Boogerman, un peu lente à charger mais radicale en toutes circonstances, est un ouragan anal dévastateur, un pet surdosé en méthane qui traversera l’écran en semant la mort et la désolation sur son chemin. En ingérant des piments rouges au préalable, le résultat est encore plus définitif ! Attention, cette histoire (le dernier élément, au moins) est peut-être inspirée de faits réels…
Réalisation technique :
Boogerman n’est pas beau à proprement parler. Les décors sont grossiers et ternes, le sprite principal a vraiment une vilaine trogne, les adversaires (des espèces de lutins et d’autres créatures féériques plus ou moins constituées de morve) ne ressemblent pas à grand-chose. Bref, Boogerman n’est vraiment pas très fin… au sens propre comme au sens figuré ! Plutôt que la beauté graphique, Interplay a préféré tabler sur l’humour gras et la caricature. Tout est représenté en gros traits sommaires, avec des couleurs flashy au possible, et Boogerman est plutôt drôle lorsqu’il se contorsionne pour larguer une caisse. Enfin… moi ça me fait rire, mais il faut dire qu’un rien m’amuse. D’une manière générale, le soft propose des mouvements et des postures cartoonesques en grand nombre… peut-être histoire de faire oublier qu’il ne se passe finalement pas grand-chose à l’écran. Même remarque pour la bande sonore : rien de très artistique mais si les bruits de prout et de crachat vous font inépuisablement rire, il faudra un petit temps pour que vous vous en lassiez. Enfin, la maîtrise de Boogerman est tout à fait décente.
En bref : 10/20
Retirez l’esprit scato et l’humour con à Boogerman et il n’en reste rien. Il est exact qu’à l’époque, ce genre de délire pipi-caca n’était pas la norme, et Boogerman apportait une certaine fraîcheur (enfin… on se comprend !) au jeu d’action sur 16-bits. Malheureusement, cet enrobage comique ne parvient pas à faire oublier que Boogerman est fondamentalement un jeu de plates-formes tout à fait quelconque, sans originalité, sans moments forts et sans réel challenge. Pas pire qu’un autre certes, mais franchement pas mieux non plus.