Si je devais faire un sondage dans la rue auprès de mille personnes, à la question « De quel genre de jeux est Best Shot Pro Golf ? », je suis persuadé que la majorité me répondrait « Ben un jeu de golf, ducon ! » Alors moi, je rirais en douce et je leur rétorquerais « Eh bien non glandu, il s’agit d’une simulation ! »
L’ennui, c’est que si dans les mille personnes il y a un psychiatre, à tous les coups je me retrouve en camisole de force. Et pourtant…
MILLION DOLLAR BABY
Best Shot Pro Golf est bel et bien une simulation. Des années avant que les jeux de sport intègrent un mode carrière, le titre d’ASCII Entertainment propose de transformer Maurice, adolescent boutonneux et timide qui sait à peine viser la cuvette lorsqu’il va faire pipi, en prototype de Tiger Woods, option champagne-Rolex-limousine.
YOU PUTT IN THE WATER
Pour ce faire, il va falloir commencer du départ. Le premier menu, sitôt passé l’écran-titre, propose quatre options. Avant que vous ne deveniez fous à force de marteler toutes les possibilités, je vous explique : la première option permet de débuter la partie, mais uniquement après être passé par la troisième option, la création de votre Maurice. La deuxième option permet, curieusement, de revenir à l’écran-titre (et après dix-huit boucles, j’ai commencé à péter un câble), et la dernière de charger une partie sauvegardée parmi trois au maximum.
Une fois lancé dans la création de votre personnage, vous aurez tout un tas de paramètres à indiquer : son nom, son signe astrologique, l’âge du capitaine, pourquoi la vache qui rit rit, etc. Sans rentrer dans les détails, je vous précise simplement qu’à cette occasion comme durant tout le jeu, A permet de valider un choix et B de l’annuler.
Enfin, vous arriverez sur un écran qui ressemble plus ou moins à l’extérieur d’un aéroport. N’y cherchez pas forcément quelque chose de logique, parce que moi je vous dis ce que je vois, mais ce n’est peut-être pas ça que les graphistes ont voulu représenter. J’en sais rien, et puis je m’en fous, en plus.
Enfin bref, en tout cas c’est de là que vous allez gérer la vie de Maurice, en passant par les divers menus situés en haut d’écran. Il y en a six en tout, qui renvoient pour la plupart sur un tas de sous-menus.
Commençons exceptionnellement par la fin : la dernière possibilité permet d’accéder aux options de jeu et aux sauvegardes, et l’avant-dernière au calendrier des compétitions. Disons que vous avez beaucoup de temps entre chaque compétition, et que vous profiterez de ce temps pour vous entraîner.
C’est là qu’entre en jeu le premier menu. Il propose quatre types d’entraînements : le physique, le moral, le cérébral et le technique. Pour améliorer votre condition physique, vous pourrez pratiquer la musculation, le cyclisme, le jogging ou un étrange sport consistant, d’après le dessin, à courir dans les bois tout en agitant un bâton. Pour entraîner votre esprit, vous pratiquerez la méditation, vous travaillerez votre souffle, ou… je sais pas trop. D’après le dessin, je dirais que vous pratiquerez la sieste en rêvant de devenir une star ? Mais sportif ne rimant pas forcément avec abruti, vous pourrez également améliorer votre intelligence en révisant vos leçons, en jouant sur ordinateur (véridique) ou en apprenant à fabriquer vos clubs. Enfin, vous pourrez travailler vos techniques de golfeur, et apprécier l’étendue de vos améliorations lors d’une partie factice.
Ceci dit, s’entraîner c’est bien, mais vous avez aussi une vie à côté. La deuxième option du menu principal vous amène à une grosse phrase écrite sur fond rouge dont je n’ai pas bien saisi l’utilité, mais la troisième option, elle, est bien plus intéressante puisqu’il s’agit de vos loisirs : promenade en ville, dodo, acupuncture ou sauna, les moments de détente d’un golfeur ne donnent vraiment pas envie de s’y mettre. Du coup on comprend mieux pourquoi ils gagnent autant : c’est pour la vie d’ascète qu’ils ont menée avant de devenir célèbres. La dernière option renvoie quant à elle à des tas de classements et statistiques, ainsi qu’au choix de vos clubs, caddies et vêtements.
Au cas où vous n’auriez pas bien saisi au début, je le répète : Best Shot Pro Golf n’est pas un jeu de golf. À aucun moment vous ne pourrez véritablement pratiquer ce sport. Il ne s’agit que de valider diverses options, et de constater si elles étaient les bonnes en visualisant de petites animations et diverses statistiques. Considérez ce titre comme le Football Manager du golf, quoi.
LA GUERRE DU GOLF N’AURA PAS LIEU
Maurice en a, de la chance ! Parce que la simulation qui le met en scène est plutôt jolie. Les graphismes sont fins, les couleurs chatoyantes, et même si les animations sont peu nombreuses, on s’en passe assez facilement dans ce genre de jeux. La bande-son reposante colle également à l’atmosphère plus ou moins sérieuse du soft.
Pour ce qui est de la jouabilité par contre, il y a deux écoles : celle des gens qui ont bien compris qu’il s’agissait d’une simulation et qui font avec, et celle de mon hypothétique psychiatre qui s’attend à rencontrer un vrai jeu de sport. Là pour le coup, il a de grandes chances d’être déçu, mon psy.
Le problème, c’est qu’une simulation nécessite beaucoup de lecture, beaucoup de réglages, et que faire ça dans une langue que l’on ne comprend pas, c’est uniquement de la torture. Oui, j’ai le sens du sacrifice, n’est-ce pas ?