Sans vouloir faire mon expert, je pense avoir tout de même pratiqué pas mal de RPG, sur huit et seize bits notamment, pour savoir de quoi je parle. Et quand je dis que rarement je n’ai vu jeu aussi mauvais que ce Benkei Gaiden : Suna no Shou, j’estime être proche de la vérité. Ce qui n’est pas forcément étonnant de la part de canards boîteux comme les équipes de Sunsoft.
DES LETTRES DÉCOULENT LES MOTS
Une fois n’est pas coutume, il me sera difficile de vous parler du scénario de Benkei Gaiden : Suna no Shou pour le simple fait qu’il n’a jamais été traduit dans l’une des deux seules langues que je maîtrise.
De ce que j’ai pu en comprendre au vu des premières minutes de jeu, vous incarnez une sorte de moine combattant, ou de ninja peut-être, vivant dans un village dirigé par un quelconque senseï à la Yoda, la peau verte en moins. Si vous sortez du village avant d’avoir parlé à la personne adéquate, un terrible éclair frappe le bled et vous revenez à l’entrée. Je n’ai pas bien compris le sens de cette scène, mais de toute évidence elle vous empêche d’aller plus loin tant que vous n’avez pas dialogué avec le personnage idoine.
Bref, au bout d’un moment (plus ou moins long suivant la vitesse à laquelle vous comprenez que l’éclair se reproduira tant que vous ne réaliserez pas la bonne action), vous finirez par quitter le nid, votre quête, pour inconnue qu’elle soit, vous conduisant à affronter moult démons issus du folklore japonais.
DES MOTS DÉCOULENT LES PHRASES
Dans la pratique, Benkei Gaiden : Suna no Shou est un RPG à la japonaise, reprenant le concept d’alternance entre villes et donjons ou assimilés. Les deux types de sites sont représentés sur atlas, sur lequel vous vous déplacerez à loisir moyennant des combats intempestifs contre toutes sortes de monstres.
Dans les donjons aussi, vous vous fraierez un chemin à coups de katana. Il n’y a que dans les villes que vous trouverez un repos tout relatif : vous pourrez y refaire le plein de vie, y acheter divers équipements et objets, ou encore sauvegarder.
Le système de jeu de Benkei Gaiden : Suna no Shou repose sur les très classiques combats au tour par tour qui se déclenchent de manière aléatoire. Aléatoire, ça veut dire que ça dépend des cas : parfois vous aurez un combat tous les deux pas, et parfois, ô miracle, vous en aurez un tous les trois pas.
Quoi qu’il en soit, le principe est toujours le même : vos ennemis et vous même attaquez à tour de rôle. Lorsque c’est à vous de jouer, un menu apparaît, vous proposant d’attaquer à l’arme blanche, de vous défendre, d’utiliser un objet ou une magie. Ensuite, c’est aux ennemis d’attaquer, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort (de tous les adversaires ou de votre avatar) s’ensuive. Si vous l’emportez, vous gagnerez un peu d’argent pour vos futures emplettes, et une poignée de points d’expérience qui, cumulés, permettront de monter en niveaux et ainsi de devenir meilleur.
Hors combat le menu, que l’on appelle au moyen du bouton A, permet de vérifier et modifier son équipement, de gérer son inventaire d’objets et de sorts, de vérifier ses statistiques… On peut également arriver directement sur les stats - sans passer par des tas de sous-menus - au moyen du bouton B, et la touche Y permet d’accéder aux options.
DES PHRASES DÉCOULENT LES LETTRES
Nous voilà devant un RPG particulièrement austère. À vrai dire même DraQue premier du nom, sur la vénérable NES, est plus engageant que cet ersatz mal fagoté sorti six ans plus tard.
Pour commencer, les graphismes font véritablement honte à la console. Sur huit bits ce serait tout juste acceptable, mais là, la tristesse des couleurs et le minimalisme des décors piquent les yeux. Seuls les monstres, lors des combats, sont un minimum détaillés, mais ils souffrent tout de même d’un design anti-charismatique. Encore que là, c’est plus une question de goûts.
Les animations, également, ont une génération de retard : les personnages qui, en mode exploration (comprendre : hors combats), bougent les jambes alors qu’ils ne se déplacent pas, c’est quelque chose que l’on croyait jusqu’ici en voie de disparition. Pas mieux du côté des bruitages, rapidement pénibles et bien peu réalistes, et des thèmes musicaux qui s’apparentent aux airs traditionnels d’orient mais utilisent des sonorités stridentes rapidement insupportables.
La jouabilité alors ? À vrai dire, il n’y a pas grand-chose à lui reprocher, puisqu’elle s’inspire directement de tous ses prédécesseurs. C’est bien là que le bât blesse, puisqu’il n’y a aucune originalité dans la démarche.
L’aventure est particulièrement linéaire (on ne se retrouve même pas bloqué à cause de la barrière de la langue !) et pas bien longue (comptez peut-être une quinzaine d’heures pour les traînards) ; par contre la difficulté est, comme souvent à l’époque, assez élevée du fait de la difficulté à atteindre les paliers d’expérience.
L’ambiance très japonisante du titre serait pour tout dire sa seule source d’intérêt… Si ce n’était les titres du même genre, bien meilleurs, comme par exemple Bakumatsu Kourinden Oni sur le même support.