Réunir des héros improbables pour les faire s’affronter ou coopérer pour une noble cause, c’est une vieille ficelle du cinéma, qui permet de recycler des personnages un peu datés et de se faire un peu de fric supplémentaire sans rien inventer de neuf. Ainsi en va-t-il de King Kong contre Godzilla ou de Maciste contre Zorro. Dans le monde des jeux vidéo aussi, la pratique est connue. Ainsi, les jeux estampillés Double Dragon du début des années 90, en dépit de la stature fondatrice de la série, marquaient-ils un peu le pas par rapport à un Streets of Rage ou à d’autres jeux de baffes de ces années là. Quant aux Battletoads, ils traînaient derrière eux une réputation de jeux aussi beaux que mal dosés au niveau du challenge, tout particulièrement la version Super NES, la plus belle et la plus injouable de toutes. Rassembler ces gloires en péril au sein d’un même jeu paraissait donc être une idée tout à fait lucrative.
Le vaisseau géant Colossus menace la Terre. A l’intérieur du croiseur galactique, toutes les sales bêtes de l’univers de Battletoads se sont alliées au gang des Shadow Warriors pour conquérir la planète. Il ne reste à Zitz, Rash et Pimple qu’à s’allier aux frères Billy et Jimmy Lee et à prendre d’assaut le vaisseau spatial afin de détruire la menace de l’intérieur. Si on retrouve la totalité des adversaires des deux célèbres séries, l’univers et l’esprit général du jeu se rapprochent davantage des Battletoads que de Double Dragon. L’approche est ouvertement cartoonesque avec des petits personnages un peu contrefaits, des enchaînements de coups plutôt burlesques (avec cette fameuse tendance des mains et des pieds des personnages à enfler démesurément lorsqu’ils portent le coup de grâce à un ennemi) et même quelques séquences ouvertement piochées dans Battletoads (la descente suspendue à un filin, le parcours à grande vitesse en jet-ski, des éléments de plates-formes, …). Pour le reste, Battletoads & Double Dragon se limite à une saine séance de concassage de crânes entre amis, une recette qui a fait ses preuves et continue de rallier les foules encore aujourd’hui.
Réalisation technique :
Assez décevante dans l’ensemble, la réalisation de Battletoads & Double Dragon propose de tous petits sprites un peu difformes, des décors pas vraiment terribles et des adversaires, à l’exception des boss, plus ridicules qu’autre chose. Il s’agit sans doute là d’un choix graphique volontaire, mais on aurait tout de même espéré quelque chose avec un peu plus de gueule. L’animation est correcte, avec de nombreux effets amusants (quand on enfonce un ennemi dans le sol à coup de barre de fer, quand on botte les fesses des punkettes au fouet venues de Double Dragon, …). La jouabilité est bonne, bien que les personnages aient une nette tendance à déraper lorsqu’ils courent, et chacun des 5 combattants sélectionnables dispose de son propre panel d’attaques de base. Cela donne lieu à de nombreux effets amusants suivant le type de coups infligés aux adversaires. La bande sonore est d’excellente facture, avec des bruits de baffes bien bruyants et de vicieuses petites mélodies à retardement pour rythmer l’action.
En bref : 14,5/20
Au premier regard, on se dit que Battletoads & Double Dragon ne paye franchement pas de mine, qu’il s’agit d’un misérable beat them all de série B, pas très amusant et à la réalisation médiocre. S’il est vrai que question technique, les petits gars de Rare ne se sont pas tués à la tâche, on s’amuse pourtant beaucoup avec ce jeu beaucoup plus varié qu’il n’en a l’air. Seul, Battletoads & Double Dragon est déjà défoulant et ne se prend pas au sérieux une seule seconde, mais à deux joueurs, c’est l’éclate assurée ! La présence des éléments de Double Dragon est par ailleurs assez superflue, tant le jeu est largement dominé par l’esprit Battletoads. Une excellente surprise en tout cas.