Oncle Saddam n’a qu’à bien se tenir, la Guerre du Golfe (la première à l’époque) n’est pas terminée ! Elle se poursuivra en 1994 sur un terrain légèrement moins dangereux, celui du virtuel. Merci donc à la Seta Corporation qui, avec son Air Strike Patrol (Desert Fighter au Japon), nous vend du massacre en bonne et due forme.
ON N’A PAS D’IDÉES, MAIS ON A DU PÉTROLE
Forcément, le conflit irakien est encore bien ancré dans les mentalités à l’époque, et la Seta préfère donc cacher la merde au chat en modifiant un peu les noms. Ainsi donc, si vous incarnez de toute évidence un pilote américain, l’action se déroule par contre dans un pays jamais nommé. Quant au charmant dictateur de ce pays, il se nomme Zarak, et c’est à lui que vous aurez affaire en fin de partie.
NOUS ON N’A PAS DE PÉTROLE, MAIS ON VA PRENDRE LE VÔTRE
A.S.P. n’est pas vraiment un shoot ‘em up, ni véritablement une simulation, pas plus qu’un jeu de stratégie. En fait c’est une sorte de clone de Jungle Strike (ou plutôt de Desert Strike en l’occurrence), mais avec des avions de chasse à la place de l’hélico.
Le jeu se divise en missions qui nécessitent à chaque fois de détruire un ou plusieurs objectifs bien précis. Bien entendu, lesdites cibles sont lourdement gardées, par de simples tourelles au départ, puis bien vite par des véhicules au sol ou dans les airs.
Entre deux missions, vous retournerez au QG où vous aurez droit à un briefing complet - donné par un émule du commandant Sylvestre - sur votre prochaine sortie, mais où vous pourrez également faire équiper votre avion (il y a deux modèles sélectionnables, le F-15 Eagle américain et le A-10 Thunderbolt II… américain aussi) afin d’améliorer certaines de ses caractéristiques (vitesse, manœuvrabilité, et forcément puissance de frappe). Vous pourrez, enfin, sauvegarder votre partie.
Au cours des missions, la vue n’est pas à plat comme dans un shmup, ni à la première personne comme dans une simu, mais bel et bien de trois quarts, comme Desert Strike une nouvelle fois (dire que ce jeu est une repompe totale est un euphémisme). Le décor a beau être à ciel ouvert (c’est un désert après tout), une barrière invisible vous empêchera de vous éloigner de votre cible. Eh oh soldat, on fuit pas le champ de massacre… pardon, de bataille.
Vous disposez, pour votre carnage, de trois boutons. Le premier permet de tirer droit devant vous, le second de balancer du mortier au sol selon un angle pour le moins étrange (un viseur vous permet… ben, de viser, c’est à ça que ça sert en principe) et le dernier de mettre un coup d’accélérateur pour vous sortir d’une situation périlleuse.
ET NOUS ON N’A PAS D’ARGENT, MAIS ON VA PRENDRE LE VÔTRE
Rendons à César ce qui n’appartient pas au fils de sa concierge : A.S.P. est très beau. On a droit à de jolis menus, les avions sont bien modélisés, le désert n’a jamais été aussi attrayant, bref, A.S.P., de ce côté-là, tient la dragée haute à Desert Strike.
Pourtant, la réalisation n’est pas exempte de défauts. Ainsi, les animations manquent de réalisme. L’avion vole comme une enclume et les adversaires sont pour le moins statiques. La musique d’accompagnement est assez agressive, et si les bruitages sont quelconques, les voix digits sont par contre franchement comiques. Ainsi, lorsqu’on se fait toucher, le pilote lance un « OK, OK ! » qui ne sera pas sans nous rappeler Leo Gets dans l’Arme Fatale 3. Je ne suis pas sûr que c’était l’effet recherché, mais il n’empêche que cela apporte un petit peu de gaieté à ce jeu qui, par ailleurs, n’a rien d’amusant.
Au contraire, il serait même plutôt rageant, de par sa maniabilité ratée, sa difficulté importante et la redondance de ses missions.
Un triste sire qui, en plus, se contente de plagier Desert Strike et de surfer sur l’actualité géopolitique de l’époque, alors même que le conflit était très décrié de par le monde.
Par principe je ne noterai pas plus de cinq un jeu qui fait l’apologie de l’administration Bush. Mais même un cinq, ce serait encore trop pour ce soft sans envergure. Allez, on zappe.