S’il y a bien un sport auquel je n’ai jamais rien compris, c’est le football américain. Enfin non, y’a aussi le curling qui me paraît un peu obscur, et la pétanque pakistanaise. Mais bref, pour en revenir au football (le vrai foot normal étant appelé soccer par chez eux), c’est un sport qui passe pas beaucoup à la télé, et moi, y’a que comme ça que j’apprends à jouer : devant mon écran, le pack de Kro à portée de bras.
T’AS TON LACET QUI EST DÉFAIT
Alors donc avis aux néophytes : je vais vous causer dans un langage compréhensible, sans mots techniques ni rien, le langage du mec qui y entrave que dalle et qui s’en bat les steaks. Le football est un sport d’équipe. Ça va jusque là ? Il y a deux équipes sur le terrain, de onze joueurs chacune. Le terrain est rectangulaire et comprend deux zones à chaque extrémité : c’est là qu’il faut se rendre avec le ballon (qui est ovoïde plutôt que rond, faut être con pour jouer avec un ballon ovoïde) pour marquer un but en le posant au sol. Ces zones comprennent aussi des poteaux en forme de Y. Faut être con pour faire des poteaux en forme de Y. Ces poteaux permettent de marquer des points supplémentaires en cas de but : il suffit de faire passer le ballon (qui est ovoïde je le rappelle, n’importe quoi) entre les deux branches du Y, en lui filant un coup de pied (au ballon, pas au poteau ; faudrait être con pour filer un chtar à un poteau en fonte).
Forcément, le camp d’en face va pas vous laisser faire, sans quoi il aurait l’air con (déjà que jouer avec un ballon ovoïde…). Contrairement à ce que son nom débile indique, le football américain se joue surtout à la main : on porte le ballon dans les bras, on se fait des passes à la main… Bah forcément, si tu joues au pied avec un ballon ovoïde, ça part dans tous les sens. Donc, l’équipe qui attaque fonce vers l’en-but adverse avec le ballon dans les bras (enfin y’a qu’un joueur qui a le ballon, alors que comme disait Coluche, ça serait vachement mieux s’ils en avaient un chacun). Et le mec d’en face, son seul but dans la vie c’est de donner un méchant ramponneau au type qui a le ballon, histoire de le lui piquer et d’aller lui-même se faire tamponner en retour. Ça ressemble tellement à une foire d’empoigne que les mecs portent un casque et des protections (épaulière, protège-dents, etc.). Moi je serais eux, je prendrais aussi un bouclier et des grenades lacrymogènes, parce que mai 68 à côté, ça fait un peu bal champêtre.
Bref, le but du jeu est de gagner du terrain (pour les attaquants, les défenseurs doivent au contraire leur en faire perdre), et il arrive très fréquemment que le jeu soit interrompu pour sanctionner diverses fautes.
Dans ces cas-là, les équipes optent pour des tactiques dignes des batailles napoléoniennes, histoire de tenter de feinter l’adversaire.
LE LUNDI AU SOMMEIL
Outre le fait que le football est un sport qui provoque rapidement l’ennui, le jeu de Data East est assez moyen.
Visuellement, il ne casse pas trois pattes à un canard, mais difficile d’en demander beaucoup plus à un jeu de ce genre. Ceci dit, le terrain est franchement gris, c’est quand même pas très engageant. La vue est de de dos, comme dans un vrai match à la télé je suppose. Par contre les animations sont franchement lourdingues et, d’ailleurs, le jeu est très mou, un peu comme si on avait réglé un vieux magnétoscope sur le mode de défilement image par image. Le son est, pour faire bonne mesure, absolument insupportable, mélangeant des cris digitalisés à des grésillements que ne renierait pas la vieille CB de tonton Gaston, le routier sympa. Y’a de la musique qu’à l’écran-titre, et autant dire que s’il n’y en avait pas du tout, ça serait encore mieux.
A jouer, ça reste du grand n’importe quoi pour qui n’a pas pris le temps de s’intéresser aux règles du jeu, mais ABC Monday la joue assez simple : en attaque Y sert à plonger - pour déclencher la phase où on choisit les tactiques - et B à mettre les gaz ; en défense A ou B permettent de changer de joueur (le but étant de prendre le contrôle du plus proche du porteur de ballon adverse pour lui rentrer dedans ; cependant les joueurs en défense foncent automatiquement sur le porteur du ballon) et Y de tenter une interception, et lors des choix de tactiques, chacune des touches et des directions de la croix peut être sélectionnée pour tenter l’une des huit techniques de lancer du ballon (comme on peut le voir sur l’une des captures d’écran si j’ai pensé à l’intégrer dans mon panorama).
La difficulté est, je pense, importante ; en tous cas moi je n’ai fait que perdre partie après partie. Mais je conçois que je ne suis peut-être pas une référence. Quant à la durée de vie, elle est correcte, avec trois modes de jeu (championnat, match simple ou versus) et l’intégralité des équipes du championnat américain, AC ou NC (je ne sais pas à quoi correspondent ces dénominations, mais le fan sera sans doute aux anges).
Donc ABC est un énième jeu de foot américain, avec un ballon ovoïde en plus. Rien que cette phrase peut servir d’avis puisqu’elle sous-entend : 1- que les fans adoreront puisque c’est un jeu de foot, et 2- que les autres n’en auront rien à battre.