Avant de commencer ce test, il est de bon ton d’apporter quelques précisions sur le jeu en lui-même. Shining Force III est réalisé par Camelot Software (oui, oui, les mêmes qui ont pondu la m..de appelée Golden Sun) et édité par Sega. C’est un triptyque (comprenez : en trois scenarii), sûrement le projet de RPG le plus ambitieux jamais mis sur pied par Sega (plus encore que Panzer Dragoon Saga). Dans ce test nous traiterons du premier scenario, le seul à avoir jamais dépassé les frontières du Japon. Maintenant que ces quelques points ont été éclaircis, nous pouvons commencer.
PRÉSENTATION
Le jeu commence dans la petite ville de Saraband, ville neutre dans le conflit qui fait rage entre la République et l’Empire, les deux grandes puissances du monde de Shining Force III. En effet, les représentants de ces grandes puissances doivent y signer un traité de paix qui offrira au monde une nouvelle ère de prospérité. Cependant, l’arrivée d’un culte pour le moins étrange (les « masked monks ») met fin aux négociations, en kidnappant le représentant de l’Empire, à savoir l’Empereur.
C’est dans ce contexte que vous incarnez Synbios, le fils d’un Maréchal de la République qui s’est particulièrement illustré durant la guerre contre l’Empire. Avec vos amis Dantares (un centaure) et Masqurin (une magicienne balèze), vous décidez de partir à la poursuite de ce culte pour retrouver l’Empereur. Mais rapidement, il apparaît que ces « moines » sont bien plus que des fouteurs de m..de et qu’ils cherchent à réveiller une divinité endormie. Ce sera tout pour l’instant en ce qui concerne le scénario, j’en ai déjà trop dit ; mais sachez que vous rencontrerez un certain nombre de personnages, comme Medion le fils de l’Empereur, et Julian, un aventurier mystérieux. Ces deux personnages sont d’ailleurs les héros respectifs des scenarii 2 et 3.
GAMEPLAY
Shining Force III reste dans la lignée de ses prédécesseurs, à savoir que c’est un tactical-RPG (à partir de maintenant j’emploierai « T-RPG », c’est plus simple). Dans ce type de jeu, vous avez une équipe de héros qui se déplacent et attaquent au tour par tour, l’ordre dans lequel ils vont attaquer dépendant de leurs statistiques d’agilité. Comme dans tout T-RPG, chaque joueur a droit à un déplacement et une action par tour (attaque, magie ou utilisation d’un objet) et se déplace sur des cases, comme sur un damier, le nombre de cases sur lesquelles il peut se déplacer étant déterminé par sa classe et sa race : par exemple, un centaure pourra, à partir d’un même point de départ, se déplacer plus loin sur la terre ferme mais à une plus courte distance sur un terrain montagneux, plus accidenté. De plus, chaque personnage possède une classe qui lui est propre (archer, monk, mage, fighter…) et une façon d’attaquer bien spécifique. Je m’explique : un archer pourra attaquer à deux cases devant lui ou bien encore en diagonale, mais pas une case adjacente. Un mage est d’ailleurs soumis au même type de restrictions en ce qui concerne les sorts, dont il faut noter qu’ils restent relativement classiques : on retrouve les sorts de feu (réservés à la classe mage), les sorts de foudre (curieusement réservés au héros ainsi qu’à Julian, tous deux partageant la même classe) plus d’autres sorts comme ceux de vent et d’eau. Bref, que du classique. Ceux qui ont joué aux premiers volets de Shining Force (et ils sont nombreux) sauront de quoi je veux parler. Il est aussi bon de signaler que chaque personnage peut déclencher un coup critique qui causera énormément de dégâts à l’ennemi ; malheureusement cela reste aléatoire, aucune statistique connue de moi ne permettant d’en décider. En outre le joueur peut, une fois un certain niveau atteint par les personnages, les faire changer de classe en allant à l’église. Je vous vois sourire d’ici, vous demandant ce qu’une église vient faire là ; mais sachez que dans Shining Force, l’église du coin vous permet de ressusciter vos personnages ou encore de sauvegarder.
Un petit mot sur les phases hors combat, qui se dérouleront la plupart du temps dans des villes, où votre héros pourra acheter des herbes (pour guérir les personnages) ou encore de l’équipement (armes). Les armes seront souvent seules et uniques pour certaines classes, tandis que d’autres classes -comme les Chevaliers- auront parfois le choix entre deux. De plus vous avez accès, dans chaque ville, à un quartier général qui vous permet de discuter avec vos personnages pour apprendre à mieux les connaître.
Le jeu possède un gameplay béton qui s’autorise à proposer un certain nombre de races au sein de son univers, et qui permet vers la fin du jeu d’avoir une équipe d’une trentaine de personnages, qui plus est extrêmement variés (Soldier, Sniper…), seuls un ou deux ayant la même classe. Voilà pour le gameplay, je pense qu’on a fait le tour.
GRAPHISMES
Qu’en est-il des graphismes ? Eh bien, sans être les plus beaux de la console, ils sont également loin d’être les plus moches. Le jeu est représenté en 3D isométrique. Pour vous faire une idée, pensez à Grandia, mais en mieux.
Mais nous allons plutôt nous attarder ici sur les effets graphiques lors des combats, notamment les magies. Sachez juste que le rendu des magies est bien meilleur que dans FF VII, par exemple, mais moins bon que dans les épisodes VIII et IX de la même série. Pour une console comme la Saturn, dont on disait à l’époque qu’elle était incapable de gérer une 3D correcte, le résultat est plus que largement à la hauteur des espérances.
Par ailleurs, on signalera que la caméra peut tourner à 360°, comme dans Grandia (Encore lui ! Arf !). En bref, le jeu possède une bonne modélisation mais, comme la majorité des jeux de l’époque (dont FF VII, n’en déplaise à certains), il a plutôt mal vieilli et pique un peu les yeux. Néanmoins, la réalisation reste plus que correcte et n’est pas le point faible du jeu.
MANIABILITÉ
La maniabilité de Shining Force III ressemble à celle de tous les RPG qui existent ; elle ne pose aucun problème car le jeu se sert de très peu de touches : A permet au joueur de confirmer ses choix et B d’annuler. Le personnage se dirige grâce au stick du pad (parce que j’y joue avec le pad nights qui fut fourni avec Nights into Dreams ) ou bien avec la croix, les gâchettes servant à faire tourner la caméra. Voilà pour la maniabilité.
MUSIQUE
Point crucial dans un RPG s’il ne devait en rester qu’un, la musique de Shining Force III est un pur délice. Ayant eu l’OST bien avant le jeu (je l’écoute au moment même où j’écris ce test), je suis bien placé pour vous dire à quel point elle est inoubliable. A cela, une raison : la musique du jeu fut composée par le grand Motoi Sakuraba ; si vous êtes fan de RPG et que vous ne connaissez pas ce grand monsieur, que la honte soit sur vous, car il possède à son actif les OST de tous les Star Ocean, de Baten Kaitos, des deux Valkyrie Profile, de Radiata Stories et j’en oublie.
Pour faire simple, ce grand monsieur est un incontournable du monde RPG, au même titre que Sakimoto (FF Tactics, Stella Deus) et Yoko Shinomura (Kingdom Hearts, Legend of Mana, Parasite Eve), et bien sûr Nobuo Uematsu (tous les FF). Mais revenons au point qui nous intéresse, à savoir l’OST de Shining Force III : les pistes sont inoubliables, en particulier « Tides of History », « Force to Arms » mais aussi « Sanctity » et « A Light to Lead the Way », qui est de loin ma préférée.
L’OST permet de profiter d’instruments comme la harpe, mais aussi le piano et la basse électrique. En bref, la musique est réellement le point fort de Shining Force III et vous transportera bien au-delà du jeu en lui-même.
Un petit mot sur les bruitages pour vous signaler qu’ils sont extrêmement bien faits et ne gâchent en rien le plaisir provoqué par la musique.
INTÉRÊT ET DURÉE DE VIE
L’intérêt du jeu est énorme, et ce sur bien des points. Seul, le scénario 1 possède déjà un grand intérêt, avec une durée de vie d’environ 40h la première fois, et 45h pour débloquer tous les persos cachés, certains étant très bien dissimulés. Mais là où le jeu atteint son apothéose, c’est quand vous disposez des deux autres scénarii (qui sont en japonais, mais cela ne m’a pas dérangé pour ma part), qui allongent la durée totale de Shining Force III à plus de 150h de jeu, avec un final à la Golden Sun : The Lost Age qui réunit les équipes des trois scénarii pour un combat explosif. Il est à noter que les scénarios suivants sont compatibles avec les sauvegardes des scénarios précédents, et vous permettront de retrouver vos personnages tels que vous les aviez laissés. De plus, la vision proposée par le jeu, à savoir le conflit vu d’abord à travers les yeux de la République (Synbios), puis ceux de l’Empire (Medion), et enfin à travers les yeux de « l’enfant du destin », alias Julian (vous comprendrez en temps voulu), laisse tout bonnement pantois, et n’a aucun équivalent dans le monde du RPG. Le seul point faible que je vois reste dans le scénario 1, qui coûte encore aujourd’hui dans les 100 EUR dans sa version PAL, certains vendeurs peu scrupuleux allant même jusqu’à le proposer à 200 EUR. Par contre, si vous maîtrisez bien le japonais (comme moi HA HA HA), les trois scenarii ne vous coûteront pas plus de 60 euros, les versions japonaises étant bradées.
CONCLUSION
Shining Force III est une tuerie, un triptyque sans aucun équivalent dans le monde RPG. Bien qu’affichant des graphismes plus que largement dépassés, il possède un système de jeu, un scénario et un final qui vous marqueront pendant longtemps. Sans parler des musiques… Néanmoins, si vous n’avez aucune maîtrise des Kanji, ne perdez pas espoir car plusieurs traductions des scénarios 2 et 3 sont en cours, et vont peut-être enfin permettre à ce jeu d’être reconnu comme ce qu’il est : un HIT. Dans son genre, le seul étant à son niveau c’est Ogre Battle 64, le jeu laissant sur le pavé FF Tactics et tous les autres T-RPG, ainsi que les RPG tout court d’ailleurs.