Au milieu des années 90, la franchise Bomberman est en plein marasme. Les derniers Super Bomberman n’étaient que très moyens, et les futurs volets annoncés sur PlayStation et Nintendo 64 se révèleront honteux. Seule exception à cette triste règle, la mouture Saturn va relancer complètement la série, au point d’en devenir le porte-étendard, d’après ceux qui ont eu la chance d’y jouer.
EENIE MEANIE MINEY MOE
C’était une journée de routine pour Bomberman, qui survolait comme tous les jours la planète Bomber à bord de son jet. Quand tout à coup, un détail lui sauta aux yeux : les cristaux de la grande tour avaient disparu, et avec eux le terrible monstre Crator qu’ils maintenaient scellé. L’appel radio ne tarda pas à suivre : l’auteur du vol n’était autre que Mr. Meanie, et désormais seul Bomberman peut empêcher la catastrophe qui se prépare…
PLUS ON EST DE FOUS, MOINS Y’A DE RIZ
Ah, parce qu’il y a une histoire maintenant, dans les Bomberman ? En fait il y en a quasiment toujours eu, mais disons que ce n’était pas vraiment le cœur du jeu. Et ce volet ne déroge pas à la règle, puisque son principal intérêt réside une nouvelle fois dans son mode Battle. Celui-ci est praticable non pas à deux, non pas à quatre, mais bien… jusqu’à dix ! Avec deux multitaps, dix joueurs peuvent prendre part à ces étranges et amusantes batailles de bombes vues de dessus. De nombreux avatars sont disponibles, parmi lesquels Bomberman bien entendu, mais également Bonk (PC Kid), Master Higgins (Adventure Island) ou encore Kinu (Tengai Makyo). Huit décors différents sont sélectionnables.
Mais parce qu’il a été conçu pour plaire à tous, et donc même à ceux qui jouent seuls (ou qui veulent jouer à deux en collaboration plutôt que de se tirer la bourre), Saturn Bomberman intègre également deux modes solo. Le mode Normal propose de traverser de nombreux niveaux en éradiquant toute présence hostile à coup de bombes, jusqu’à se mesurer à Mr. Meanie, alors que le mode Master (qui, lui, se joue exclusivement seul) vous fait retraverser les niveaux en essayant de terminer chaque stage avec le meilleur temps possible.
Ceci dit, tout cela et bel et bon, mais il ne serait peut-être pas inutile de rappeler brièvement le concept du jeu pour les quelques marmottes radioactives qui se sont plongées en hibernation durant les vingt-cinq dernières années. Bomberman consiste en de nombreuses joutes se déroulant sur un écran fermé vu de dessus. Le but du jeu est de tuer ses adversaires à coups de bombes, qui explosent en croix. Leur portée est assujettie aux bonus que vous aurez récoltés, mais également aux éléments du décor, destructibles ou non, qui arrêteront le souffle de l’explosion.
Des bonus, il y en a à revendre. Ils se découvrent en faisant disparaître les éléments destructibles sus-cités. Le skate augmente la vitesse de vos déplacement, la flamme accroît la puissance de vos bombes et la bombe vous permet de placer plus de bombes en même temps (sans quoi vous êtes obligé d’attendre que votre bombe explose pour en poser une autre). Le coup de pied permet de frapper vos bombes pour les envoyer valser plus loin, le gant de les soulever pour les jeter, la télécommande de les faire exploser quand bon vous semble, et la veste vous offre quelques secondes d’invincibilité. En outre, il existe d’autres items à collecter pour accroître le score (nourriture) ou parce que le jeu vous le demande (meanies), et même des objets pénalisants, comme les sandales qui font décroître votre vitesse de déplacement.
Enfin, les dinosaures font leur grand retour. Vous vous en servirez de monture, avec deux effets intéressants : ils disposent d’attaques spéciales, variables selon leur couleur, et ils peuvent encaisser un coup à votre place, vous empêchant de mourir. Ici, les dinosaures existent en trois tailles : bébés, adolescents et adultes. Vous ferez évoluer votre dinosaure de deux manières différentes : en collectant des options lors du mode solo, ou en amassant des œufs lors du mode Battle. Si bien qu’en mode Battle l’évolution est plus rapide, ce qui se prête mieux à des parties rapides.
ARME DE DÉCONNADE MASSIVE
Saturn Bomberman fait fort, très fort. Malgré un mode solo toujours aussi dispensable - la série n’est vraiment pas faite pour cela - et un système de jeu monolithique, ce nouveau volet est vraiment le plus abouti de tous.
Pour commencer, le visuel est somptueux. Reine de la 2D, la Saturn nous dispense une nouvelle fois des graphismes d’une grande finesse et de belles couleurs. Bien entendu, la série ne se repose pas sur sa magnificence visuelle, mais Saturn Bomberman affiche des aires de combat suffisamment grandes pour dix joueurs tout en restant parfaitement lisible. Rien à reprocher non plus aux animations, parfaitement gérées malgré le grand nombre d’objets mobiles simultanément présents à l’écran, pas plus qu’à la bande-son qui est comme toujours endiablée.
Et que dire du gameplay ? Jouable à dix, proposant trois modes de jeu complets et retravaillant son système d’options pour enrichir grandement l’aspect tactique des batailles, Saturn Bomberman a su se remettre en question pour offrir aux joueurs ce que la série a de mieux. Aucun défaut à signaler : la série reste la maîtresse incontestée du multijoueurs, et cet épisode en particulier en est le représentant le plus exemplaire. Chapeau bas, messieurs les développeurs.