Dire de Fatal Fury (Garou Dentsu au Japon) que c’est une série compliquée à suivre est un euphémisme. Passé les deux premiers volets, un Fatal Fury Special vit le jour, version améliorée de Fatal Fury 2. Puis vint la véritable troisième itération, suite à quoi naquit la sous-saga des Real Bout. Real Bout Fatal Fury, Real Bout Fatal Fury Special, Real Bout Fatal Fury 2… Sans oublier les portages qui ajoutent un personnage par-ci, une nouveauté par là. Essayons de démêler cet écheveau, en nous intéressant au meilleur du lot, né sur Neo-Geo puis porté sur Saturn.
JE SUIS MORT MAIS JE ME SOIGNE
Une chose importante pour comprendre l’organigramme de la série : lorsque le titre se termine par un « Special », cela signifie qu’il s’agit du même jeu que celui sorti juste avant, avec des personnages en plus. Fatal Fury Special était la version « plus » de Fatal Fury 2, Real Bout Special est la version « plus » de Real Bout. Qui lui-même était une version remaniée de Fatal Fury 3. Ça va ? Aspirine ? Donc en gros, si vous voulez jouer au troisième volet, autant vous concentrer sur cette version. Sauf si c’est l’histoire qui vous intéresse, parce que Real Bout Special ne sert qu’à brouiller les pistes : non seulement Geese Howard, censément décédé (une deuxième fois, puisqu’il est également mort à la fin du premier Fatal Fury) à la fin de Real Bout, peut être affronté ici, mais en outre son demi-frère Wolfgang Krauser, qui lui est normalement mort à la fin de Fatal Fury 2, est lui aussi présent. Bon. Admettons.
I’VE GOT THE POWER !
Real Bout Garou Densetsu Special est un beat ‘em up en deux dimensions qui reprend l’intégralité des personnages de Real Bout et en récupère des premiers épisodes : le toréador Laurence Blood, le vieux sage Tung Fu Rue, le punk Duck King ou encore le gras double Cheng Sinzan font ainsi leur retour, entre autres. Par contre le jeu n’introduit absolument aucun nouveau combattant. Mais avec plus de vingt avatars sélectionnables et quelques versions cachées, le choix est tout de même fort large.
Comme toujours, le but du jeu est de vider la jauge de vie adverse. Les combats se déroulent en deux rounds gagnants et sur trois plans (depuis Fatal Fury 3, avant il n’y en avait que deux) : le plan normal, l’arrière-plan et l’avant-plan. Vous pouvez passer de l’un à l’autre quand vous voulez, pour esquiver une attaque et/ou contre-attaquer. La jouabilité est toujours basée sur quatre boutons, mais depuis Real Bout les contrôles ont un peu changé. Vous disposez donc d’un bouton dédié aux coups de poing (A), un pour les coups de pied (B), un pour les attaques puissantes ©, qui peuvent être aussi bien des coups de pied ou de poing selon le personnage, et un pour changer de plan (Z). Les boutons X et Y et les gâchettes droite et gauche peuvent aussi être paramétrés pour déclencher facilement vos coups spéciaux.
À propos de ces coups spéciaux, Real Bout Special reprend la jauge de puissance de Real Bout tout court. Si cette jauge est à moitié pleine, vous pouvez déclencher un Guard Cancel, une puissante attaque que l’on déclenche après avoir paré un coup adverse ; ce Guard Cancel ne vide pas la jauge.
Lorsque celle-ci est complètement remplie, vous passez en mode Super. La jauge se vide alors petit à petit et, pendant ce temps, vous pouvez déclencher autant de Guard Cancels que vous voulez, ou bien un Super Special, soit un coup spécial plus mieux bien ; dans ce cas la jauge se vide entièrement.
Enfin, si elle est complètement remplie et qu’en plus, il ne vous reste que la moitié, ou moins, de votre jauge de vie, vous passez en mode Power. Le résultat est le même qu’en mode Super, à quelques différences près. Vous pouvez déclencher autant de Super Specials que vous voulez (ou que vous pouvez, parce que les manipulations de boutons pour les déclencher vous coûteront un pouce à chaque fois), mais également réaliser ce que le jeu appelle des Hidden Abilities, soit des méga coups spéciaux de la mort qui roxxe les marmottes.
Dernier point marquant : Real Bout proposait des décors sans bords, desquels vous pouviez tomber. Real Bout Special ne reprend pas tout à fait cette formule, mais à chacune des extrémités des environnements se trouvent des objets destructibles (des palmiers, des rochers, des statues…) qui agrandiront un peu plus l’aire de jeu une fois que vous les aurez mis en miettes.
LE VRAI BOUT SPECIAL ?
Véritable joyau de la Neo-Geo (qui en a pourtant connu bien d’autres), Real Bout Garou Densetsu Special est un jeu somptueux. Les personnages, redessinés depuis Fatal Fury 3, ont beaucoup de charisme et les décors sont de pures pépites. Bref, les graphismes sont d’une très grande finesse, et les jolies couleurs qui les parent leur vont à merveille. En outre, la cartouche mémoire permet à la Saturn d’afficher une vitesse d’animation quasiment égale à l’originale. Seuls les temps de chargement viennent nous rappeler que l’on n’est pas sur Neo-Geo. En contrepartie, le support CD permet, il m’a semblé (je n’ai pas mis les deux en parallèle, donc je ne saurais l’affirmer), des musiques de meilleure qualité.
En dehors de sa réalisation, Real Bout Garou Densetsu Special est un plaisir à jouer. Depuis Fatal Fury 3, la série est plus nerveuse, les combats sont violents, aspect renforcé par les bruitages secs lors des impacts et la reculade du personnage touché. Les combos ne sont pas légion, la série ne mise d’ailleurs pas vraiment dessus, mais les affrontements sont souvent spectaculaires, avec un grand nombre de coups spéciaux réalisables par combattant.
Et sans parler de difficulté outrancière, disons que ce Real Bout Special est, comme ses pairs, assez technique. Avec une vingtaine de personnages, il offre également une belle diversité et, comme tout bon beat ‘em up, il dispose d’une durée de vie infinie à deux joueurs. Conclusion : les défauts de Real Bout Garou Densetsu Special se comptent sur les doigts de la main d’un manchot empereur. Autant dire que s’il n’y a qu’un jeu de baston sur Saturn, c’est assurément lui.