Power Instinct 3 : Groove on Fight est un jeu vidéo Saturn publié par Atlusen 1997 .

  • 1997
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Power Instinct 3 : Groove on Fight

3/5 — Très bien par

Si SNK et Capcom restent les maîtres incontestés de cette discipline (je ne cesse de le rabâcher), ils ne sont pas les seuls à s’être intéressés au beat ‘em up en 2D. D’autres compagnies, nombreuses, ont tenté de s’immiscer entre les deux géants, la plupart du temps pour subir un cuisant échec. Certaines sont tout de même parvenues à trouver leur public, comme Arc System Works avec son Guilty Gear ou Noise Factory avec son Power Instinct. Les deux ont d’ailleurs un lien de parenté, puisqu’ils sont tous deux édités par Atlus.

ÇA TE BRANCHE, ON S’EN PAYE UNE TRANCHE ?

Groove on Fight est en réalité le quatrième volet de la saga, un Power Instinct Legends s’étant glissé entre celui-ci et Power Instinct 2. Quoi qu’il en soit, l’histoire est à peu près toujours la même, et elle importe peu. Le scénario gravite autour du vénérable clan Goketsuji, qui organise un tournoi d’arts martiaux afin de déterminer qui deviendra le nouveau chef de clan, lorsque le précédent cède sa place. Tout descendant du clan, de près ou de loin, a le droit de participer, mais durant les précédentes éditions du tournoi, une féroce bataille s’est livrée entre les deux vénérables aïeules Oume et Otane. De victoire en trahison, chacune des deux sœurs a été à un moment ou à un autre le leader, mais il s’agit désormais de l’histoire ancienne, puisque vingt ans se sont écoulés depuis le précédent tournoi. Le sang des Goketsuji s’est entretemps raréfié, et désormais le tournoi est ouvert à tous.

YEAH, GROOVY BABY !

Vous l’aurez compris, Groove on Fight est un beat ‘em up en deux dimensions, émule de Street Fighter II. D’ailleurs, la série a commencé par un premier volet qui n’apportait absolument rien au genre, se contentant de reprendre les bases du mètre-étalon. C’est seulement à partir du deuxième opus que les choses ont commencé à évoluer, et Power Instinct 3 représente une sorte d’aboutissement en la matière.

Pour commencer, les développeurs ont fait table rase du passé, et quasiment tous les combattants sont nouveaux, à l’exception des indétrônables Oume et Otane, désormais liées à la vie à la mort (les deux représentent un seul et unique personnage, puisqu’elles sont attachées dos à dos !). En tout et pour tout, le jeu comporte quatorze combattants, dont onze sélectionnables d’office. Une soubrette robotique, un fan d’Iggy Pop, un clone du Midnighter d’Authority (pour les connaisseurs), une violoniste sorcière… Le sérieux n’est pas vraiment de rigueur.

Les combats se déroulent en deux rounds gagnants, chronométrés, durant lesquels vous devez comme toujours vider la jauge de vie de votre adversaire avant qu’il ne parvienne à la même extrémité. Cependant, depuis Power Instinct Legends, les affrontements se déroulent en équipe de deux, à la manière des Capcom vs. Il est possible à tout moment de changer de combattant, et cela permet en outre à celui resté en retrait de se régénérer petit à petit. Cela permet en outre de réaliser des attaques en duo.

D’ailleurs, tout concourt à faire de ce jeu un rejeton illégitime des beat ‘em up Capcom de l’époque. Du côté de l’écran de jeu, on retrouve en bas d’écran une jauge de spécial qui se remplit à mesure que vous réalisez des coups normaux ou spéciaux, ou que vous bloquez les attaques adverses. Une fois pleine (elle peut être remplie sur trois niveaux), vous pouvez déclencher un Super Special dévastateur au moyen d’une combinaison de touches plus complexe que la moyenne.

Et autre preuve de filiation avec la famille Street, la jouabilité passe désormais à six boutons, contre quatre auparavant. Ceci dit, en l’occurrence ce n’est pas vraiment du plagiat puisque, outre les coups de poing et de pied, faibles et forts, qui étaient déjà présents jusque là, le joueur découvrira une touche d’esquive, et une de coup puissant. Ce dernier est plus lent que les coups normaux, mais également plus efficace. Chaque personnage dispose en outre d’une attaque non-blocable, particulièrement lente mais qui, si elle touche, est irrésistible comme son nom l’indique. Dernier détail de gameplay, plutôt amusant : le corps de l’adversaire vaincu reste au sol lors du deuxième round. Il est alors possible de s’en saisir pour l’utiliser en tant que projectile humain sur son opposant !

O TEMPORA, O MORES…

Un détail cloche lorsque l’on entame une partie de Groove on Fight après avoir pratiqué les autres épisodes de la série. En effet, si ces derniers n’inventaient pas la roue en ce qui concerne la jouabilité, ils avaient le mérite de posséder une ambiance farfelue, décalée et finalement une âme propre. Power Instinct 3 est moins humoristique, et par là même y perd un peu de son identité.

Cela se retrouve bien entendu dans les graphismes du jeu. À mi-chemin entre un Jojo’s Bizarre Adventure et un Guilty Gear, le design des personnage est très typé mais manque de fantaisie. Les sprites sont plus fins, plus détaillés, mais moins colorés. Et même les décors souffrent de cet état de fait, évoluant vers une sorte de style rétro-futuriste sympathique mais pas « powerinstinctesque ».

Pas mieux du côté de la bande-son : les thèmes sont mous, mal fagotés et bien loin des délires de Power Instinct 2. Et puis surtout, le jeu est excessivement lent. Tant et si bien que cela en devient pénible à jouer. Ajoutons qu’il gère assez mal les collisions (il n’est pas rare de manquer une touche alors que l’on était de toute évidence à portée).

En contrepartie, la difficulté est bien mieux dosée que précédemment, et finir le jeu reste dans le domaine du possible. Le casting étant pratiquement nouveau, il faudra par contre un certain temps d’adaptation. D’autant que les nouvelles possibilités de gameplay offertes par les deux boutons supplémentaires agrandissent le champ des possibles.

Groove on Fight est donc pour le moins déstabilisant. Pas complètement raté, il subit malgré tout de graves lacunes, légèrement contrebalancées par des nouveautés bienvenues. Quoi qu’il en soit, il est tout de même loin de s’imposer face aux Street Fighter Alpha et King of Fighters qui ont établi leur base arrière sur la console.

Power Instinct 3 : Groove on Fight