Fondé au début des années 90, le petit studio Toy for Bob a débuté sa carrière par la série des Star Control (les deux premiers volets seulement, les suivants étant dus à d’autres développeurs) avant de signer un contrat d’édition avec Crystal Dynamics. De cette union naîtront The Horde, Unholy War et le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, Pandemonium ! (avec un point d’exclamation au bout, pour le distinguer du titre anglais de 1990). Notez que la version japonaise, nommée Magical Hoppers, est graphiquement très différente de celle que nous connaissons, les personnages ayant été retravaillés dans une optique plus manga.
PARDON AUX FAMILLES… TOUT ÇA
Apprentie-sorcière, la jeune et athlétique Nikki se rend au séminaire annuel des sorciers de Lyr, où elle fait la connaissance du bouffon Fargus et de sa marionnette plus ou moins autonome, Sid. La réunion est assez barbante, mais Nikki y découvre un livre de sortilèges tellement puissants qu’elle ne peut résister à l’idée d’en tenter un. Mal lui en prend, puisque ce faisant, elle invoque le terrible Yungo, qui rase complètement le château de Lancelot. Horrifiés, les nouveaux compagnons vont se mettre en route pour trouver la machine à vœux, la seule qui puisse rétablir la ville telle qu’elle était avant la catastrophe.
ON REMET TOUT À PLAT
À l’image du célèbre Nights… into Dreams ou du Kirby 64 : The Crystal Shards de la concurrence, Pandemonium ! est un jeu de plates-formes en deux dimensions qui se déroule dans un univers censé reproduire la 3D, ce que l’on appelle bien souvent de la 2.5D, ni vraiment l’un, ni tout à fait l’autre. Ainsi, la caméra tournoie autour et au-dessus du protagoniste tandis que ce dernier ne se déplace que de la gauche vers la droite ou inversement.
Le jeu comprend en tout et pour tout dix-huit niveaux, auxquels s’ajoutent trois boss : il y en a un tous les six stages. Se déroulant dans un univers médiéval hautement fantaisiste, Pandemonium ! affiche les décors habituels de ce type de cadres : forêts, châteaux, cavernes… Mais également des déserts, des souterrains enfumés, j’en passe et des meilleurs. Quant aux créatures que vous affronterez, il s’agit de ces bestioles difficilement identifiables propres aux jeux de cette époque où les polygones étaient gigantesques et où un triangle pouvait aussi bien représenter un oiseau s’il était bleu qu’un chien s’il était rouge.
En début de niveau, vous pouvez choisir quel personnage incarner. Outre leur faculté à sauter sur tout ce qui bouge (dans un jeu de plates-formes, cette expression n’a rien de sale), Nikki et Fargus se distinguent par le fait que la première peut effectuer un double saut tandis que le second réalise des attaques tournoyantes. En outre, les deux peuvent ramasser des orbes de couleurs : le rouge vous octroie la boule de feu, le bleu le rayon glaçant, et le vert le tir rétrécissant.
Vous pouvez conserver ces bonus tant que vous ne vous faites pas toucher. En parlant de cette douloureuse expérience, notez que votre jauge de santé est représentée par des cœurs, comme dans un bon vieux Zelda. Outre la possibilité de restaurer tout ou partie de ses cœurs, il est également possible de trouver des cœurs supplémentaires, ainsi qu’une invincibilité temporaire.
Enfin, n’oubliez surtout pas de ramasser tous les trésors sur votre route. Tous les trois cents trésors cumulés, vous obtenez une vie supplémentaire. En outre, si vous parvenez à récolter au moins 80% des bonus du niveau (le calcul se fait assez bizarrement, avec un coefficient en fonction du temps de parcours), vous accédez à un stage bonus. Si vous atteignez les 95%, c’est une sorte de flipper où vous contrôlez les flips pour envoyer votre personnage - qui fait office de boule - vers les bonus ; en deçà de ce seuil, c’est à une course-poursuite que vous serez convié.
Enfin, puisque l’on en est à causer de ce qui rend Pandemonium ! un minimum original, certaines portions des niveaux vous métamorphosent en animal. Il existe plusieurs bestioles, chacune ayant ses propres capacités : par exemple, la grenouille peut sauter extrêmement haut, tandis que le dragon vole et crache du feu.
BOUFFON MAIS PAS CON
Encore une fois, il n’est pas inconcevable de reprocher à Pandemonium ! son esthétique cubique, les gros polygones donnant naissance à des formes étranges. C’est malheureusement le lot de la grande majorité des jeux 32 bits, mais celui de Toy for Bob a au moins le mérite de proposer un univers coloré, qui plus est parfaitement animé et accompagné d’une bande-son rieuse qui met dans l’ambiance, comme on dit.
Et en plus, il est bien agréable à jouer, ce titre ! Les personnages se manient sans aucune difficulté, la caméra, pour perturbante qu’elle soit au départ, devient rapidement une amie tant elle suit l’action au centimètre près, et les niveaux sont suffisamment bien agencés pour que l’on ait envie de les parcourir dans les moindres recoins.
La difficulté, très progressive, permet de progresser gentiment, à son rythme. En outre, s’ils ne sont même pas une vingtaine, la taille respectable des stages et les nombreux secrets qu’ils recèlent promettent quelques heures derrière l’écran pour boucler l’aventure à cent pour cent.
Sur une console un peu déficiente en la matière, Pandemonium ! s’avère donc un très bon choix pour l’amateur de jeux de plates-formes en manque de bons titres. Celui-là même qui attend encore LE Sonic de la Saturn n’a finalement que Nights, Astal et Pandemonium ! à se mettre sous la dent.