Méconnu en occident, le standard MSX a été produit par nombre de sociétés japonaises (et pas que, puisque Philips s’y est mis aussi) dans les années 80, telles que Sony, Toshiba, Canon ou Yamaha. Ces ordinateurs connaissaient un grand succès à l’époque, et de nombreux développeurs se sont attachés à la production de jeux. Parmi eux, Konami. Si je vous dis Gradius ? Twinbee ? Parodius ? Nemesis ? Ils ont tous été portés sur MSX. Et cette compilation sur Saturn est là pour nous le rappeler.
LES PERLES
Cette compilation regroupe les trente titres que comptaient les trois galettes PlayStation nommées « Konami Antiques MSX Collection » vol. 1 à 3. Parmi ces trente titres, on retrouve beaucoup d’indispensables, quelques hybrides sympathiques et quelques déchets. Commençons par le haut du panier.
Les fans de Gradius vont se régaler. Le premier épisode y est accompagné de Salamander, Gradius 2 (la version MSX, que l’on connaît surtout en tant que Nemesis 2) et Gofer no Yabou episode 2, ou Nemesis 3 si vous préférez. Ces quatre-là présentant assez peu de différences, disons simplement qu’il s’agit de l’une des deux séries fondatrices du shoot ‘em up horizontal, où l’on évolue en armement en suivant un schéma de progression indiqué en bas d’écran.
Si toutefois cela ne vous suffit pas, d’autres shmups sont présents sur le CD, à commencer par la parodie officielle, Parodius. L’épisode MSX est celui qui a lancé la série, et n’a rien à voir avec aucun de ses successeurs. Toujours dans le genre shmup rigolo/mignon, mais vertical cette fois-ci, nous avons droit au premier TwinBee, le vaisseau abeille avec deux bras et deux jambes. Et pour en finir avec les (bons) shoots, mais moins reconnus, citons également la présence de Skyjaguar, un jeu de tir vertical aux jolis décors, et de Knightmare, un shoot à pied dans un univers médiéval-fantastique.
Ceci dit, Konami, c’est aussi des tas et des tas d’autres styles de jeux. Toujours dans la série des incontournables, cette compilation reprend Yie Ar Kung-fu et Yie Ar Kung-fu II, qui sont un peu les ancêtres des beat ‘em up à la Street Fighter. Eh oui ! Vous préférez les jeux de course ? Alors, venez faire un tour sur la glace avec le pingouin Penta, héros des jeux de surf en vue de dos Antarctic Adventure et Pinguin Adventure.
Quant aux amoureux de la plate-forme, il devront se contenter de trois titres, sympathiques mais pour le moins inspirés… par d’autres ! Athletic Land est quasiment un clone du vénérable Pitfall, alors que le très sympathique, mais très tortueux, King’s Valley vous demande d’explorer des pyramides comme Montezuma’s Revenge avant lui. Ici elles sont égyptiennes, mais c’est à peu près la seule différence. Seul Magical Tree fait dans l’original (en tous cas, je ne lui ai pas trouvé d’ancêtre connu), et vous demande de gravir un arbre infiniment élevé et peuplé de pièges et d’ennemis.
LES AUTRES
Il n’y a malgré tout pas que du bon, même chez Konami. Pour commencer, cette compilation comprend un bon nombre de jeux de sport, et s’ils ne sont pas forcément ratés, disons qu’ils ne m’ont pas franchement botté. Cependant, pour l’amateur, il y a un peu de tout : boxe avec Konami’s Boxing, tennis de table avec Konami’s Ping Pong, golf avec Konami’s Golf (super originaux les titres, chez Konami), billard avec Konami’s Billiards, tennis avec Konami’s Tennis et foot avec Konami’s Soccer. On trouve également deux titres multi-épreuves, en l’occurrence Hyper Sports 2 et Hyper Sports 3. Ouf ! Quelques jeux de course sont également présents, et sans grand intérêt, qu’il s’agisse du Road Fighter vu de dessus ou du Konami Rally vu de dos.
Et puis il y a aussi les jeux vraiment mauvais. Mopiranger est un jeu à la Pac-Man où une souris en canoë doit récupérer ses petits sans se faire bouffer, dans des décors labyrinthiques. Time Pilot est un shoot ‘em up multidirectionnel à la Asteroids, et Dieu sait que je ne supporte pas ce genre de jeux. Comic Bakery est un jeu d’action où vous dirigez un boulanger qui, pour fabriquer son pain, devra en ramasser les ingrédients sur la chaîne de fabrication, tout en évitant que des ratons-laveurs (!) les lui volent ou n’arrêtent ses machines. Ça m’a fait penser à un Game & Watch sur un écran de télévision. Pippols est un jeu de tir pédestre chiant à mourir. Et enfin, parce que décidément je ne dois pas avoir les mêmes goûts que tout le monde au vu du succès de ce jeu, je classe le shoot horizontal Super Cobra dans les ratés, la faute à des contrôles catastrophiques.
LES ABSENTS
On regrettera tout de même quelques grands absents, et notamment les patriarches de deux séries légendaires : Metal Gear et Castlevania. Deux épisodes de Metal Gear avaient atterri (et même commencé leur carrière, il me semble) sur MSX, alors que le premier Akumajou Dracula avait été porté, de manière d’ailleurs un peu étrange, sur l’ordinateur. Mauvaise nouvelle pour les fans, aucun de ces épisodes n’est présent ici. Omission d’autant plus regrettable que ce n’est pas la place qui manque sur la galette : la compilation tient en tout et pour tout sur deux mégas ! À l’heure où les jeux sur support CD sont gavés ras-la-gueule de cinématiques gourmandes, les quelques centaines d’octets qui se baladent sur celui-ci paraissent un peu mesquins.
Il n’empêche que ça l’est toujours moins que les trois volets PlayStation, qui ne comprenaient que dix jeux chacun. Ici, on a tout de même droit à trente softs, et quand bien même certains ne sont pas des indispensables, d’autres valent à eux seuls le téléchargement. L’émulateur utilisé, quel qu’il soit, retranscrit fidèlement les sensations ressenties sur la machine, et même si on aurait aimé quelques bonus, à la manière des compilations Capcom plus récentes, celle-ci permet de (re)découvrir de nombreux hits.