Développé par Psikyo et édité par Atlus sur Saturn, connu sur PlayStation en tant que « Mobile Light Force » (avec une jaquette qui n’a rien à voir avec la choucroute).
Encore tout jeune à l’époque, Psikyo n’a à son actif que le fort séduisant Sengoku Aces. Il faut dire que ces anciens de Video System se concentrent alors sur les shoot ‘em up en salles d’arcade, un monde qui est gentiment en train de se casser la gueule à ce moment-là. Gunbird est la deuxième tentative du studio de s’imposer dans cet univers cloisonné, où les manic sont en train de prendre le pas sur les titres traditionnels.
MIROIR, MON BEAU MIROIR…
Que ce soit dans ce premier Gunbird ou dans sa suite, le scénario n’est qu’une variation sur un même thème : plusieurs personnages sont à la recherche d’un artefact enchanté qui leur permettra de réaliser leur souhait le plus cher. Ici il s’agit d’un miroir, dont les morceaux ont été éparpillés aux quatre vents. Autre thème récurrent : un trio de pirates, loufoques mais surarmés, tentera par tous les moyens de vous dépouiller de vos possessions.
LE LION, LA SORCIÈRE ET LE NUAGE MAGIQUE
Gunbird est un shoot ‘em up vertical. Tellement vertical, même, qu’il vous impose un mode Tate issu de l’arcade, si bien que vous devrez posséder un écran capable d’être positionné à la verticale pour pouvoir en profiter. Ceci dit, sur émulateur ce n’est pas un problème.
L’aventure comporte sept niveaux, mais compte en réalité deux boucles, soit un total de quatorze stages. En pratique, les quatre premiers niveaux de la première boucle sont déterminés au hasard. Le premier niveau de la seconde boucle est inédit, et remplace l’un des quatre de la boucle précédente. Ceci fait, vous aurez accès à trois des niveaux restants, puis aux trois derniers, identiques à ceux de la première boucle mais bien évidemment plus difficiles. Notez cependant que cette seconde boucle n’est qu’un bonus, la véritable fin du jeu se situant à la fin de la première. Au deuxième passage vous n’aurez droit qu’à un écran « The End », maigre consolation après avoir subi le martyr lors d’une seconde partie bien plus compliquée que la première.
Gunbird ne fait donc pas dans la simplicité, ce cheminement tortueux nous le prouve, et ce ne sont pas les avatars à votre disposition qui viendront me contredire. En lieu et place des classiques vaisseaux spatiaux, Gunbird met en scène cinq personnages volants : un aventurier obsédé sexuel muni d’un jet pack, une jeune sorcière juchée sur son balai (il s’agit de Marion, que l’on a déjà pu croiser dans Gunbarich), un robot, une experte en arts martiaux qui vole en nuage magique, et un vieux soldat dans un hélicoptère trop petit pour lui ! Pas mieux du côté des adversaires, puisque du Moyen Age à la forêt équatoriale, en passant par le temple en ruines et la base souterraine, les ennemis que vous allez affronter n’ont rien de très sérieux. Mention spéciale à certains boss comme le chevalier géant, le ptérodactyle mécanique ou encore l’indécrottable trio de pirates suscité.
Même le système de jeu de Gunbird n’est pas très catholique. En théorie, vous disposez d’un bouton pour tirer droit devant vous (que vous pouvez laisser appuyé pour éviter de vous flinguer le doigt et la manette) et d’un autre pour lâcher les indispensables Smart Bombs, là encore bien farfelues (genre des clones fantomatiques qui nettoient tout l’écran…) mais toujours disponibles en quantité limitée.
Vous récolterez bien évidemment des bonus de puissance, permettant d’augmenter votre force de frappe sur trois niveaux, et de nouvelles Smart Bombs, en récoltant les options adéquates. La particularité de Gunbird, c’est que si vous entrez en contact avec un ennemi, vous perdez un niveau de puissance. Et si vous êtes au niveau minimal, vous perdez une bombe. Bien entendu, si c’est un tir qui vient chatouiller vos naseaux, c’est directement une vie que vous paumerez.
MAIS GEORGES N’EST VRAIMENT PAS PRATIQUE
Sauf à travailler dans une prison, chez un huissier ou au service des recouvrements du Trésor Public, et donc à être allergique à toute forme d’humour, vous devriez rapidement être séduit(e) par Gunbird. Quand bien même les textes sont en japonais, les mimiques des personnages et, surtout, l’univers barré du jeu sont vraiment amusants.
Dessiné avec un trait manga résolument attachant, le jeu jouit de graphismes très fins et colorés (comparativement, sa suite sur Dreamcast a un peu déçu étant donnée la puissance de la console comparée à son aînée), et une bonne humeur contagieuse s’en échappe. La musique est rythmée et entraînante, quoiqu’un peu répétitive parfois, et l’animation est d’une grande fluidité, même lorsque les tirs fusent dans tous les sens.
Et soyez sûrs que ce genre de situations arrive bien souvent ! En effet, le principal défaut du jeu de Psikyo - et c’est souvent le cas dans les productions de ce studio - est sa difficulté, parfois si élevée qu’elle en devient injuste. On a l’impression que certains tirs sont absolument impossibles à éviter, notamment lors de l’abominable seconde boucle.
En dehors de ce gros point noir, Gunbird est bien sympathique. Sa prise en main immédiate, son univers décalé et sa réalisation sans failles lui laissent une petite chance de s’immiscer dans le peloton de tête, sur une console qui a pourtant connu tellement d’adaptations de jeux d’arcade qu’elle est presque devenue une spécialiste en la matière.