Gun Frontier est un jeu vidéo Saturn publié par Xing Entertainmenten 1997 .

  • 1997
  • Shoot Them Up

Test du jeu vidéo Gun Frontier

3/5 — Très bien par

Simple petite comparaison : en 1997, la Saturn se dotait de quelques-uns des plus célèbres manic shooters, parmi lesquels DoDonPachi. Et pendant ce temps-là à Vera Cruz, les humoristes de chez Xing Entertainment décidaient de publier un hit méconnu de Taito, un shoot vertical âgé déjà de sept ans. Sept ans ! En années de chien, ça fait jamais que cinquante balais, mais en années de « shmupeur », ça représente l’équivalent de ce qui sépare la découverte du feu des pâtes au micro-ondes. Et Gun Frontier a beau être tiré du dessin animé éponyme, ce n’est pas cela qui le sauvera du naufrage commercial.

WE’RE GOING STRAIGHT TO THE WILD WILD WEST

Origines mangas obligent, le scénario de Gun Frontier est un poil plus étoffé que celui des shmups de son époque. Nous sommes en 2120, et il est désormais certain que dans ce futur pas si lointain, les Terriens auront colonisé d’autres planètes de la galaxie. Parmi ces dernières, nous apprend le jeu d’aujourd’hui, se trouve Gloria, riche en minerais d’or. Le voyage jusqu’à ce monde vaut un bras, mais les colons avides de richesse tentent quand même le coup, arrivant là-bas essorés mais prêts à se refaire une santé. Au fil du temps, émigrés et autochtones mettent en application de nombreuses avancées scientifiques terrestres, et si cette planète vit encore à la mode de l’Ouest Américain du temps de la ruée vers l’or, quelques anachronismes se font sentir, à l’image de véhicules futuristes et de vaisseaux en forme de révolvers ! L’ennui, c’est que toutes ces richesses attirent également les pirates de l’espace, les Wild Lizards, qui ne tardent pas à envahir la planète. Deux des inventeurs terriens décident alors de contre-attaquer, aux guidons de leurs flingues volants !

DES AGENTS TRÈS SPÉCIAUX

Un contexte ma foi fort séduisant, qui se retranscrit dans le jeu par des environnements steampunk de bon aloi, où le désert de rochers le dispute à la ferraille rouillée. Tanks, trains, avions, canons… tout un tas de machines de guerre, qui théoriquement n’ont rien à faire dans le Grand Ouest, se sont liguées pour vous pourrir la vie le long des six niveaux que compte ce shoot ‘em up vertical, par ailleurs fort classique.

Le but du jeu est encore et toujours de dézinguer toute menace, en l’air et au sol. Pas tant pour nettoyer la planète de ses envahisseurs, que pour garder la vie sauve, puisque ceux-ci ne se privent pas de vous canarder en retour. Leurs tirs sont invariablement en forme de traits jaunes, afin que le joueur puisse s’y repérer facilement.

Pour vous défaire de vos assaillants, vous disposez de deux boutons. Le premier vous permet de tirer droit devant vous, et le second d’expédier une Smart Bomb. Le tir frontal a le mérite de toucher à la fois les ennemis se trouvant à votre altitude et ceux au sol (pas comme un Twin Bee par exemple), et il a le bon goût de fonctionner en automatique, si bien que vous pouvez laisser votre doigt enfoncé sur la touche plutôt que de la marteler comme un forcené.

Pour le reste, Gun Frontier fonctionne sur un principe de chasse aux options bien connu de l’amateur du genre. Les pièces d’argent qu’abandonnent certains avions de chasse une fois abattus permettent d’augmenter la puissance du tir de base. Toutes les cinq pièces, vous grimpez d’un niveau de puissance, sachant qu’il y en a trois ou quatre. Quant aux bombes, c’est en amassant les lingots d’or (qui hélas se présentent eux aussi sous la forme de traits jaunes) que vous pourrez remplir votre stock. Si vous parvenez à accumuler vingt-cinq bombes, vous passerez alors au statut de Bomber Max.

Dès lors, vos bombes ne sont plus les petits pétards du 4 juillet qui jusque là ce contentaient d’exploser où bon leur semblait. Que nenni. Désormais elles recouvrent tout l’écran, éliminant adversaires et projectiles de votre route. Plus surprenant, elles laissent un sillage d’explosions sur leur tracé, comme si vous répandiez du napalm dans les rizières coréennes (ah, c’était le bon temps !), et ce dans l’ordre inverse de l’hypoténuse opposée à l’angle droit. C’est-à-dire que si vous vous dirigez vers le bas, la bombe partira vers le haut, et vice versa.

Un dernier mot concernant les boss. Comme vous pouvez vous en douter, ces derniers vous attendent à chaque fin de niveau, et ils sont en général énormes. Mais le plus particulier d’entre eux est le dernier. Lorsque vous vous trouverez face à lui s’enclenchera une phase de duel assez originale. De votre succès ou de votre échec dépendra la fin que vous pourrez admirer.

DRÔLE DE DRAME

Au chapitre des bonnes idées, saluons l’univers à la fois original et attrayant du jeu. Je ne connais pas le dessin animé dont il est tiré, mais cette ambiance steampunk genre « Les Mystères de l’Ouest » a vraiment de quoi séduire. Bravo également pour la phase de jeu à part que constitue le dernier duel, même si elle peut s’avérer frustrante (vous verrez pourquoi lorsque vous y serez).

L’ennui, c’est qu’entre le début et la fin, tout le reste est assez décevant. Pour commencer, les graphismes font peine à voir en 1997. Lors de son apparition en arcade le jeu avait une certaine classe, et la richesse de ses environnements, alliée à des couleurs volontairement ternes censées retranscrire le côté vieillot de l’aventure, avaient fière allure. Mais sept ans plus tard, alors que ses contemporains nous abreuvent de flashes colorés et de myriades d’éléments virevoltant en tous sens dans des décors toujours plus soignés, Gun Frontier fait désormais ridicule avec ses traits jaunes en guise de tirs ennemis. On se croirait sur Mega Drive (on retrouve d’ailleurs l’espèce de grain que l’on rencontrait si souvent sur cette machine).

Pour autant Gun Frontier reste soigné, ses animations sont fluides… C’est juste qu’il n’impressionne pas. Il ne joue pas la carte de la surenchère, et c’est dommage pour lui. Et que dire de son ambiance sonore ? Catastrophique est le premier mot qui vient à l’esprit. Les musiques tendance synthétique grésillent comme une vieille TSF (c’est voulu ?) et les bruitages sont totalement hors de propos.

Même du point de vue de la jouabilité, Gun Frontier ne surprend pas. Il reste très classique dans son déroulement, excessivement difficile mais pas très long, et le fait est que les lingots d’or se confondent réellement avec les tirs, ce qui peut s’avérer gênant.

Sans être complètement raté, le titre de Taito est juste inintéressant. De manière amusante sa suite (ou préquelle, plutôt) Metal Black, bien que sortie plus tard en arcade, est arrivée plus tôt sur Saturn ! Elle sera plus volontiers conseillée, puisqu’en gros, il s’agit du même en mieux.

Gun Frontier