Batsugun est un jeu vidéo Saturn publié par Banprestoen 1996 .

  • 1996
  • Shoot Them Up

Test du jeu vidéo Batsugun

4/5 — Exceptionnel ! par

Si vous êtes amateur de manic shooters (ou danmaku), vous connaissez forcément, et adulez probablement, les productions de chez Cave. Et pourtant, avant de s’imposer au milieu des années 90 avec ses Donpachi et DoDonpachi, ceux qui fonderont Cave travaillent encore chez Toaplan.

Toaplan, c’est un vétéran de l’arcade qui, à l’époque, est au plus mal. La société mettra la clef sous le paillasson un an plus tard, mais en cette année 1993, elle va délivrer aux amateurs de shoot ‘em up rien moins que le père fondateur de tout un genre. Son nom ? Batsugun.

JE ZAPPE ET JE LATTE

Doit-on vraiment s’embarrasser d’un scénario lorsqu’on développe un shoot ? À cette tragique question, Toaplan répond par la négative : Batsugun, c’est uniquement l’histoire d’une demi-douzaine de pilotes chevronnés, partis en guerre contre une véritable armée de véhicules volants tous plus destructeurs les uns que les autres. Le but est, encore et toujours, de sauver la planète menacée une fois de plus d’invasion.

LE GRAND MÉNAGE DE PRINTEMPS

Lorsque vous entamez une partie, vous pouvez procéder à divers réglages de base. Cette version Saturn permet notamment de régler la difficulté (sachant que comme dans tout manic, le niveau normal est déjà limite impossible à boucler), mais aussi la taille de l’écran et les musiques. En effet, vous pouvez jouer comme en arcade avec un écran à la verticale et des musiques d’époque, ou en profitant pleinement de votre quarante-douze pouces et des remix en qualité CD.

Ceci fait, il vous reste encore à choisir votre vaisseau. Et cela n’a rien de simple, parce que les trois s’avèrent intéressants à plus ou moins long terme. Le premier tire surtout en frontal, quand bien même son rayon d’action se fait un peu plus large à haut niveau ; le second propose un rayon électrique concentré, mais qui évolue vers un tir autoguidé redoutable ; le dernier joue quant à lui la carte du tir un peu plus faiblard, mais capable de balayer l’intégralité de l’écran lorsqu’il est bien gonflé.

Les trois ont donc leurs avantages et leurs inconvénients, et vous devrez donc faire votre choix en fonction de votre manière de jouer. Quoi qu’il en soit, à moins que vous ne souffriez d’un grave complexe de l’âne de Buridan, vous finirez tôt ou tard par arriver au début du premier stage. Batsugun est un shoot ‘em up vertical qui en compte cinq, de stages, chacun conclu par l’affrontement d’un boss gigantesque.

Et si désormais cela ne nous marque pas plus que ça, à l’époque ce fut une véritable claque à bien des niveaux : ainsi le vaisseau du joueur est comparativement minuscule. Mieux encore, son masque de collision ne fait que quelques pixels de large ! Ceci s’explique par le déroulement du jeu : en effet, ici on est bien loin du shoot à papa, les ennemis canardent dans tous les sens. D’ailleurs, ils ne ciblent plus automatiquement le vaisseau, ils produisent des motifs, des patterns, qu’il sera bon de décrypter si l’on compte survivre. D’autant que bien évidemment, ces motifs vont en se complexifiant, avec carrément des rideaux de balles (danmaku, ça veut dire ça) pour ce qui concerne les boss !

Perdu dans la tourmente, votre frêle esquif se transforme rapidement en Enola Gay futuriste. Chaque ennemi descendu rapporte ainsi son lot de points d’expérience, permettant, comme dans un RPG, de franchir des niveaux. Il n’y en a que trois ici, mais entre le tir de base un peu ridicule du premier niveau et la débauche d’effets pyrotechniques du niveau trois, on sent la différence ! Vous semez la mort et récoltez des options sur les carcasses fumantes des adversaires, renforçant encore un peu plus votre arme de destruction massive.

Et si tout cela ne suffisait toujours pas, il vous reste la Smart Bomb. Véritable experte du nettoyage d’écran option je-lave-plus-blanc-que-blanc, cette petite merveille n’est par contre disponible qu’en quantité limitée. Elle ne doit donc être utilisée qu’en dernier recours, et influera directement sur votre score de fin. Car telle est l’une des autres spécificités du manic : la chasse au score. L’aventure est courte et intense (en réalité il faut faire deux « boucles », donc deux fois les cinq niveaux, pour apprécier la vraie fin du jeu), mais le but n’est pas tant de vaincre le boss de fin, que de faire exploser les compteurs.

PAPA EST EN HAUT, QUI FAIT PAS D’CADEAUX

Batsugun, c’est tout d’abord une réalisation irréprochable. Souvenez-vous que nous ne sommes qu’en 1993, et une telle finesse graphique est rare à l’époque. Si le premier niveau ne nous laisse entrevoir la plupart du temps qu’un immense fond bleu, la plage du niveau suivant, le canyon, les nuages et la forteresse sont riches en détails et en couleurs.

Et que dire des ennemis, si nombreux, si impressionnants ? Des boss qui prennent tout l’écran, des tirs dans tous les sens, des myriades de couleurs et jamais, jamais la console ne perd son souffle. La bête a vraiment été taillée pour la 2D et Toaplan lui en rend grâce. Seul point à même d’entacher cette formidable réalisation, la bande-son manque de pep’s et se montre un peu trop old school. Préférez donc les refontes de cette version aux sonorités désagréables de l’arcade.

Quant à la jouabilité, tout est affaire de goûts. Si vous avez les manic en horreur, cela ne s’améliorera pas ici. Toaplan essuie les plâtres et certains défauts, qui disparaîtront ultérieurement, se font sentir. Par exemple, les boulettes adverses sont de trois ou quatre couleurs différentes, et votre propre tir s’y mêlant, cela rend le jeu difficilement lisible. De fait la difficulté est énorme sur la fin, même à l’aune des standards du genre. Et ne parlons même pas de la deuxième boucle, qui est à s’arracher les cheveux.

Le joueur en aura donc pour son argent, d’autant que cette galette a le bon goût de regrouper la version d’origine, plus la Special Version qui apporte quelques refontes esthétiques et sonores, ainsi qu’un système de score un peu plus abouti.

Batsugun