PoPoLoCrois est un jeu vidéo PSP publié en 2006 .

  • 2006
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo PoPoLoCrois

3.5/5 — Très bien par

_PoPoLoCrois Monogatari : Pietro Ouji no Bouken

Développé par G-Artists, publié en Europe par Ignition Entertainment en automne 2006 (Sony pour le Japon et Agetec Inc. pour les Etats-Unis, en 2005)._

N’ayant jamais entendu parler de ce jeu avant de tomber dessus dans une grande surface, j’ai fureté un peu sur la toile et y ai appris qu’il s’agit à la base d’un manga, devenu un animé, devenu un puis plusieurs jeux. Ceux-ci étant restés confinés aux frontières de l’archipel nippon, voilà qu’on nous sort cet opus, qui consiste en fait en du recyclage de deux épisodes déjà existants, avec un peu de neuf quand même, histoire de lier la sauce.

Trois livres et un demi-dragon

Nous prenons en main le destin du jeune Pietro, fils du roi Paulo et de la reine Sania du royaume de PopoloCrois. À l’occasion de son dixième anniversaire, il apprend que sa maman, qu’il croyait décédée depuis sa naissance, est en fait plongée dans un coma depuis son combat, dix ans plus tôt, contre le maléfique Ice Demon. Parce que oui, il faut savoir que môman Sania est en réalité… un dragon (ou une dragonne, hoho). À peine remis du choc de cette incroyable et inattendue nouvelle, notre prince se met en quête du pays des morts, où l’âme de sa mère est probablement retenue captive depuis tout ce temps.

Ceci constitue le premier (« Ice Demon ») de trois livres qui composent le jeu, et est selon mes sources une version éditée du jeu original PoPoLoCrois Monogatari sur PlayStation. Après avoir triomphé de cette première épreuve, le second livre (« Dark King », inédit à cette version) verra le royal paternel possédé par une vile créature, ce qui amènera le pauvre fiston, alors âgé de douze ans, à devoir affronter papounet dans l’espoir de le délivrer de cette influence néfaste. Enfin, le troisième et dernier bouquin (« Maira », basé sur PoPoLoCrois Monogatari II) nous met aux prises avec une déesse déchue que sa vanité a perdue et qui, aveuglée par sa rancœur, n’hésite pas à brandir la menace du retour à la vie active d’un monstrueux et abominable démon vraiment mauvais pour tout bousiller. Voilà.

Toutes ces aventures entraîneront Pietro et ses compagnons à travers les contrées, de la montagne à une ville en train de développer une voie de chemin de fer, des étendues enneigées à des souterrains inquiétants, d’une île flottante bien mystérieuse au pays des morts. La variété d’endroits à visiter ne déçoit pas, même s’il faut attendre le dernier livre pour véritablement voir du pays.

« …à tous mes amis, je vous aime… »

S’il y a bien un truc essentiel à retenir de PoPoLoCrois, c’est son hymne à l’importance de l’amitié. Pietro, de pas franchement verni qu’il est en matière familiale, va se voir entouré par un cercle de compagnons fidèles, qui sauront lui redonner le moral après chaque coup dur ayant entamé sa confiance et sa détermination. Pietro explorera ainsi la carte en compagnie de la sorcière de forêt Narcia, laquelle développera assez vite un intérêt romantique pour le prince ; le Chevalier Blanc, qui mettra son épée et sa peur du vide à son service ; ou encore Gami Gami Devil, vieillard lubrique et inventeur de génie, mais gros crétin en même temps, prototype même de l’inventeur caractériel à la mauvaise foi aussi surdimensionnée que son égo. Pour ne citer que ceux-ci.

On a ainsi droit à une galerie de personnages très stéréotypés « manga », fort variés dans leur comportement, et ma foi plutôt agréables à observer. On découvrira progressivement leurs parcours respectifs et on s’attachera à eux (ou on apprendra à les mépriser).

Ces derniers bénéficient par ailleurs d’un inventaire fort complet et aisé à manipuler. On pourra s’y équiper des dernières acquisitions en matière d’armement ou d’équipement de défense (qu’on achètera dans les villes et hameaux ou que l’on trouvera, plus rarement, dans les nombreux coffres), recharger sa jauge de vie ou de magie, et accéder à tous les objets récoltés (de soin, d’invocation d’alliés pour les combats, …). Les effets des objets dont on peut s’équiper sont clairement indiqués avant qu’on effectue les achats, ce qui s’avère très appréciable. La gestion des personnages est donc très simple.

Ma main dans ta gueule

Les combats dans PoPoLoCrois surviennent aléatoirement, ce qui agace un peu par moments, surtout dans les premiers chapitres du jeu, lorsqu’on est amené à repasser souvent aux mêmes endroits (la totalité de la carte n’étant vraiment explorée à fond que dans le 3ème livre) et ralenti constamment par des créatures en maraude. En même temps, pas de secrets : qui dit RPG dit accumulation de points d’expérience et montées de niveaux, ce qui passe forcément par des affrontements réguliers. De plus, les capacités spéciales de chaque personnage s’obtiennent et s’améliorent aussi via les combats, sans qu’on ait le moindre contrôle dessus.

Les combats sont assimilables à ceux de RPG tactiques, en ce sens qu’une sorte de grille représente la portion de terrain où chacun peut se déplacer, mais il y a des différences : on n’a par exemple pas d’option « se déplacer » seule, mais il faut choisir l’option « attaquer » pour pouvoir bouger nos héros. Ceci dit, étant donné qu’il est loisible de ne pas attaquer au terme de ce déplacement, en s’arrêtant hors de portée d’un adversaire, le résultat est le même. C’est un peu déstabilisant au début, mais on s’y fait. On dispose bien entendu aussi de la possibilité d’utiliser un pouvoir spécial pour dispenser une attaque plus pêchue, sur un ou plusieurs ennemis, ou encore soigner un ou plusieurs alliés.

Ces pouvoirs sont appris spontanément par les divers personnages au fil des combats, sans que rien ne puisse laisser penser qu’on va bientôt en obtenir un. Au terme d’une échauffourée, un décompte de l’argent gagné s’effectue, les persos qui ont récolté suffisamment de points d’expérience montent de niveau et de temps en temps, les capacités nouvellement apprises apparaissent, et c’est tout. Ces dernières peuvent elles-aussi monter de niveaux, et se présentent sous plusieurs variétés. On a donc des sorts offensifs destinés à ôter une bonne quantité de PV aux ennemis, d’autres pour se soigner, d’autres encore pour handicaper ceux d’en face, en les ralentissant par exemple. Plusieurs permettent d’affecter plusieurs personnages simultanément, d’autres un seul.

Quant aux ennemis, ils sont fortement incongrus et fort variés, mais cette variété n’a ni queue ni tête et j’ai eu un sentiment de grand n’importe quoi. Ils sont le plus souvent en rapport avec l’environnement où on les rencontre (androïdes dans un château high-tech, bonshommes de neige dans le froid hivernal, etc.) mais très souvent risibles. Les boss sont plus gros, plus dangereux et plus résistants comme il se doit, et peuvent donner du fil à retordre, et souvent on assignera un membre du groupe pour soigner les autres, qui se chargeront des attaques. Aucun ne m’a particulièrement marqué par son charisme.

Aspect technique

Le jeu est bien coloré, et présente des graphismes en 3D isométrique plutôt jolis, alternant zones de plaines, de montagnes, d’habitations etc. pour une grande variété de lieux, certes déjà vus et revus dans nombre d’autres jeux du même genre, mais que l’on revoit toujours avec plaisir. PoPoLoCrois est un monde anachronique, assez clairement médiéval dans son essence, mais n’hésitant pas à faire intervenir de la haute technologie avec moult machines modernes. On apprécie particulièrement les cinématiques animées, à l’aspect manga, qui ponctuent certains évènements (souvent la résolution d’un passage) et font vivre les personnages un petit peu plus. Sympathique. Par contre, la définition générale des graphismes est à mon sens en-deçà de ce que la PSP peut offrir en termes de netteté et de détails.

Les personnages sont reconnaissables les uns des autres, variés, et présentent de menues animations de temps en temps lors des déplacements. En revanche, ces mêmes animations lors des combats (attaques spéciales notamment) demeurent sommaires et décevantes, assez raides et basiques. Pas de surenchère d’effets visuels non plus, avec force explosions et éclairs ; c’est dommage.

De même, les bruitages sont minimalistes et peu variés. Quant aux musiques, elles ne restent pas en mémoire, mais ne s’imposent pas non plus, et ont le bon goût de s’inscrire dans le ton général du jeu. Les textes sont en anglais, avec des séquences parlées lors des cinématiques, de bon aloi.

La maniabilité est bonne, les déplacements s’effectuant aisément (Pietro court naturellement ; il faut maintenir un bouton enfoncé lors de ses pérégrinations pour qu’il se contente de marcher, par exemple pour inspecter quelque chose attentivement). Les combats s’effectuant au tour par tour, il n’y a aucun souci de ce côté-là non plus.

Enfin, je signalerai des temps de chargement qui risquent bien de vous énerver par moments, chaque changement de zone entraînant d’intempestives pauses.

En bref

PoPoLoCrois, outre son nom qui témoigne de l’affection qu’ont certains développeurs nippons pour les langues de chez nous (popolo = « peuple » en italien, crois = 1ère et 2ème personnes du singulier du présent de l’indicatif de « croire », que vous devez connaître ; le tout exposant le concept de « croire en les gens », central à l’univers du jeu), propose un univers sympathique et chargé en ondes positives, malgré les déboires du jeune prince, car ses amis sont avec lui pour l’aider à surmonter les épreuves. Moi qui suis un grand sensible, j’ai été ému de cet affichage de bons sentiments (^^), naïf certes, mais what the hell ? Techniquement perfectible au vu de la puissance de la PSP (pour le peu que j’en sache sur cette machine), et lassante par endroits pour cause de combats aléatoires survenant toutes les 6 secondes, l’aventure suscite toutefois du plaisir à parcourir cet univers farfelu, coloré, varié, et plein de PNJ sympathiques, et à observer l’avancement du scénario avec intérêt, celui-ci suivant Pietro à diverses étapes de sa jeune vie.

Verdict : 7/10

PoPoLoCrois