Valkyrie Profile est un jeu vidéo PlayStation publié par Enixen 1999 .

  • 1999
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Valkyrie Profile

2.5/5 — Moyen par

Nombreux sont les jeux asiatiques de qualité à n’avoir jamais pris la peine, peut-être par snobisme, de se poser sur le vieux continent. Parfois, cependant, leur renommée nous parvient et nous ne pouvons dès lors que contempler leur étoile vers le lointain Soleil Levant.

Valkyrie Profile serait représentatif de cette situation, quelque peu déprimante pour les pauvres Européens délaissés que nous sommes. Il m’a en effet semblé être perçu comme un de ces jeux mythiques disponibles uniquement en import, au même titre que tant d’autres d’ailleurs, tels Xenogears. Étant grand amateur de jeux de rôle, j’ai donc voulu savoir de quoi il en retournait, et je me suis ainsi engagé aux côtés des Guerriers Einherjars de Lenneth.

- Technique : Vraiment réussie. On est d’entrée servi par les visions idylliques et grandioses du royaume de Midgar, avant-goût de l’univers médiéval-fantastique qui nous attend. Le jeu exploite en effet une 2D fluide et très réussie, se permettant de nombreuses animations autour d’un thème manga gentillet. Il n’y a cependant pas de scènes cinématiques, hormis lors de certains sorts dans les combats. Les musiques sont quant à elle assez discrètes, un peu répétitives pour les combats.

- Gameplay : Je me suis permis de vous épargner les détails graphiques ; ce jeu, vous vous en doutez bien, ne serait pas parvenu à nos oreilles sans une grande réussite de ce côté-là. Je préfère m’attarder sur l’essentiel, la jouabilité en elle-même. Ce jeu possède une grande originalité : c’est un RPG résolument orienté action (j’allais dire arcade). En effet, la vue généralement du dessus, surtout dans les jeux 2D, est ici de profil. Ainsi vous progresserez dans les villages et donjons comme dans un jeu de plates-formes, suivant un scrolling 2D. Un petit peu déroutant au début, mais on s’y fait. Pour rentrer dans une porte ou une intersection, il suffit alors de s’arrêter devant et d’appuyer sur la touche correspondante (haut ou bas). Cela se révèle cependant quelque peu déplaisant dans les labyrinthes, où l’on se perd bien souvent. Remarquez, c’est là le rôle de tout labyrinthe digne de ce nom. Vous pourrez d’ailleurs sauter lors de véritables passages plates-formes (guère difficiles cependant).

C’est aussi en sautant que vous pourrez éviter les ennemis. À l’inverse d’un FF, où les combats sont aléatoires, ici les niveaux sont parcourus par les monstres. Libre à vous de leur rentrer dedans ou de les éviter. Si vous choisissez la première option, vous rentrez alors dans l’éternel écran de combat. Et voilà un autre très bon point pour Valkyrie Profile, le système des affrontements. Comme dans tout bon RPG japonais, les combats sont en tour par tour. Votre équipe, puis les ennemis, etc. Chaque personnage, suivant sa classe (guerrier, archer, mage ) et son arme, dispose d’un nombre et d’un type précis d’attaque, avec une cadence précise. Chacun dispose d’une touche pour son attaque, et tous peuvent attaquer en même temps. Sachant cela, à vous d’enchaîner, de « construire » les meilleurs combos, alternant attaques à distance, au corps à corps ou de magie. Le nombre de coups placés déterminera en effet les divers bonus que le monstre va recracher, mais plus encore, permettra de remplir une barre de furie, qui pourra être déclenchée par un personnage ayant participé à l’assaut. Et en accomplissant sa « limite » (unique par personnage), il remplit à nouveau la barre de furie, permettant à un autre perso de sortir la sienne ! Vous avez donc compris, si vous avez la technique vous pourrez faire ainsi très très mal. Cependant, magie comme limites consomment des points de compétence, qui doivent se recharger avec le temps. Il ne faut donc pas tout sortir sur un streum qui, de toute façon, a trépassé, même sans l’aide de limite. Vous n’êtes ainsi pas obligé d’attaquer, et pourrez utiliser des objets, et même changer d’arme en cours de combat, suivant le type d’ennemis à abattre. L’originalité de ce système de combat est donc fort louable, technique et esthétique à la fois. Cependant toute médaille a son revers, et il faut une raison à toute baston…

- Scenario. Certains parmi vous ont déjà dû s’interroger, voire s’indigner, sur la note que j’ai attribuée à Valkyrie Profile. Après avoir vanté ses mérites, je me dois de m’expliquer. Peut être suis-je trop exigeant, mais en ce qui me concerne, je considère que le scénario d’un jeu de rôle est un élément crucial ; surtout parmi les RPG dits « japonais », qui nous ont habitués aux histoires merveilleuses et fantastiques, pleines de retournements, riches en événements. J’en veux pour exemple la fantastique série des Final Fantasy, dont chaque épisode est suivi, j’en suis sûr, avec la plus grande assiduité et un intérêt non moins conséquent. Sachant ce jeu développé par Enix, j’étais en droit de m’attendre à une histoire des plus palpitantes et prenantes. Et bien que nenni ! Vous débarquez au Valhalla, où Odin vous explique que la guerre entre Vanir et Aesir est sur le point de débuter, qu’il a besoin de combattants. Vous devez donc, en tant que déesse-guerrière, débusquer les âmes susceptibles d’être entraînées et envoyées auprès des dieux pour soutenir l’effort de guerre. Voilà, Enix vient d’inventer le « Diablo-like », le « pexage » (nd Sigfrodi : se dit pour un RPG quand l’action se limite à faire augmenter les niveaux des personnages joués en accumulant de l’expérience par de nombreux combats, que cela soit nécessaire pour pouvoir progresser dans le jeu ou tout simplement que le jeu soit basé là dessus. Synonyme de « leveling ».) pur et simple de persos sans plus de raison. Ainsi, vous errerez sans grand but de villages bien vides (même pas de commerçants !) en donjons sans grand intérêt autre que les monstres s’y trouvant. Le jeu étant divisé en chapitres, vous aurez au moins 3 personnages à retrouver (avec à chaque fois leur petite histoire, assez triste dans l’ensemble), et deux à envoyer au Valhalla par épisode. À vous donc de les entraîner, de leur faire acquérir certaines capacités et, chose sympathique, corriger leurs petits défauts, ce qui n’a hélas point d’impact concret. À la fin de chaque chapitre Freya, une autre déesse nordique, vous invoquera pour faire un rapport sur la situation. Vous pourrez en profiter pour étudier les faits de guerre de vos anciens protégés.

Mais outre cela point de scénario, point de scénarisation. Il n’y a pas de fil conducteur à suivre. J’en veux pour exemple que dès le début, la carte du monde vous est accessible en entier ! Les rares éléments d’intrigues sont soumis à des conditions difficiles à obtenir ou à connaître sans solution. On recrute un perso, on fait un donjon, on envoie un autre perso au Valhalla etc. etc. etc. Et ce jusqu’à obtenir une fin moyenne B qui ne donne guère envie d’aller voir à quoi peut bien ressembler la A. À noter cependant la présence d’un donjon secret, où vous pourrez continuer à booster vos personnages, en débloquer d’autres, et affronter de gros boss. Mais est-il réellement utile de pexer des personnages, sachant le jeu cloisonné au mode Solo, et qui d’ailleurs ne peuvent pas plus être réimportés ?

C’est donc du fait de l’absence complète de trame scénaristique que le bât blesse. Et il blesse cruellement. Ce jeu avait pourtant tout pour convaincre : une animation des plus réussies, un système de combat dynamique, des personnages charismatiques. Mais il manque pourtant l’essentiel pour un jeu de rôle nippon qui se respecte, je me répète encore, une histoire dépaysante, rafraîchissante, propice aux rêves. C’est peut-être par excès de sensibilité plate et de subjectivité que je pèche, mais j’affirme sans grand regret que ce jeu n’a aucune âme propre. Une telle absence, impardonnable, ne peut amener qu’à une seule conséquence, la division par deux de la note !

Au loin, une étoile vient de s’éteindre…

Valkyrie Profile