Le rallye a longtemps été une discipline oubliée des développeurs sur consoles. Après le succès de Sega Rally et grâce aux possibilités 3D de la génération 32 bits, quelques éditeurs se sont efforcés de combler ce vide. V-Rally arrive donc en précurseur sur Playstation.
Spectaculaire, avec ses paysages superbes et les prises de risques constantes des pilotes, le rallye est pourtant moins populaire que la F1. On y trouve quand même l’époque à un finlandais volant (Makkinen), des anciens champions toujours à l’affût d’une victoire (Sainz…) ou des jeunes loups qui ont déjà démontré leur talent (Colin Mc Rae…). Cette catégorie mélange aussi différents types de véhicules (WRC 4 roues motrices, 2 litres et 1L6). V-Rally offre donc un choix raisonnable de 11 bolides, de la Saxo kit car en passant par la 306 maxi jusqu’aux terribles Subaru et Mitsubishi. Par contre il n’y a aucun pilote officiel, le classement s’effectuant par rapport à chaque voiture. 8 pays s’offrent à vous, des étapes connues du championnat du monde comme la Suède enneigée, le bouillant safari ou la piégeuse Grande Bretagne. Chaque pays compte 6 spéciales ce qui donne au final un nombre conséquent de tracés tortueux. Ces circuits sont soit ouverts comme dans la réalité, soit fermés ce qui fait plus penser à du Rally Cross. Les modes de jeu confirment cette tendance. En effet que l’on soit en arcade ou championnat, on cours toujours en peloton contre 3 autres concurrents. Point d’épreuves en solitaire chronométrées donc. L’arcade propose 3 difficultés avec respectivement 4, 6, 8 spéciales à boucler dans le temps imparti, plus un dernier niveau à débloquer de 12 spéciales. Le championnat propose lui les 8 pays et on peut choisir l’ordre des rallyes afin de coller au mieux à la réalité. Dans ces modes on court par catégorie, ainsi si on choisit une Subaru les concurrents auront tous une WRC. Logiquement le time trial est de la partie, mais il faudra d’abord boucler les autres modes pour disposer de tous les tracés. Pour terminer un mode 2 joueurs propose des affrontements contre un(e) ami(e), avec les concurrents dirigés par la console suivant le mode choisi.
Venons-en au point central d’un bon jeu de course, sa prise en main. V-Rally a été catalogué à sa sortie dans la catégorie des simulations, celles qui exigent concentration et talent. En réalité le jeu n’est pas forcément très réaliste au niveau des modèles physiques. Certes l’adhérence varie selon la surface, les voitures glissent de façon raisonnable de prime abord et un freinage tardif se termine souvent pas un « tout-droit ». On ne tarde pas à remarquer tout de même qu’on peut passer très vite les virages en utilisant la technique du contre-braquage. Pour cela il suffit à l’approche d’un virage à gauche par exemple de braquer une première fois à droite puis immédiatement à gauche. Cette méthode provoque une mise en glisse de l’auto, très utile pour les petites épingles. Une fois maîtrisée on enchaîne les spéciales à toute vitesse. Ceci enlève au réalisme puisque l’on peut glisser très facilement sur n’importe quel terrain, autant la neige que l’asphalte (on ressent tout de même un peu plus de grip sur ce dernier) et quelles que soient les conditions météo.
Le point qui lui a valu le titre de simulation, et accessoirement qui a divisé les joueurs, concerne les collisions. En effet la moindre touchette (autant avec les décors que les concurrents) a tendance faire s’envoler notre bolide qui effectue alors une série de triple axels digne de Candeloro. Une petite erreur peut donc être fatale au classement, chose assez rare pour être soulignée pour les jeux de course de l’époque. Sachant que les spéciales de rallye ne sont pas de grandes avenues rectilignes, on mesure la concentration nécessaire pour finir les championnats. Cette absence de sensation de poids se fait aussi ressentir après un dérapage, où il est difficile de remettre droit la voiture, et sur les bosses où la réception est souvent délicate. Petit détail à moitié pardonné dans le premier cas car la manette Playstation de base n’offre pas de directions analogiques. Dommage par ailleurs que les murs invisibles délimitant les circuits soient beaucoup trop près de la route. Il est impossible de tomber véritablement dans un ravin ou de foncer dans un champs.
Pour conclure sur la prise en main, on regrettera un certain manque de « patate » à la ré-accélération, évidemment plus sensible sur les 2 roues motrices. Les réglages disponibles, très sommaires, ne permettent malheureusement pas de combler cela.
On l’a vu au début, le rallye est une compétition très belle à regarder. Le jeu se devait donc de proposer un minimum technique acceptable. On peut de toute évidence dire que le contrat a été bien rempli. Les spéciales de chaque pays restrancrivent parfaitement l’ambiance, avec par exemple une végétation luxuriante en Indonésie ou des bords de mer accueillants en Espagne. Les petits effets comme la pluie ou les projections de poussière sont bien représentés. Par contre les décors ne se différencient guère d’un circuit à l’autre pour un même pays. Les voitures manquent elles d’un peu de polygones, avec des formes assez carrées, mais elles sont bien texturées ce qui permet de les reconnaître en un coup d’oeil. Pour un jeu de 1997 c’est satisfaisant, sachant en plus que l’animation reste fluide malgré un peu de clipping. Petit point non négligeable, le mode 2 joueurs reste fluide et rapide, bien que les décors et bolides soient logiquement moins détaillés.
Si vous avez déjà eu la chance d’assister à un rallye vos tympans s’en souviennent certainement. Ils seront donc plus heureux que vous en apprenant que les sons des moteurs sont beaucoup trop édulcorés. Ici point de claquements de boîte de vitesses ou même de rugissements rageurs à la sortie d’une épingle. Le bruit de votre véhicule se rapproche plus de celui d’une Twingo. Cela aura au moins le mérite de mettre en valeur les petits bruitages comme les cris d’oiseaux ou les applaudissements de la foule. Le copilote, doublé par Hervé Panizzi (frère et copilote de Gilles, le « tarmac master »), propose des instructions basiques mais largement suffisantes et précises pour ne pas finir en toupie. On oubliera volontiers les musiques, même si celle des menus a au moins le mérite de ne pas trop casser les oreilles.
Pour conclure, les menus sont assez jolis et pratiques (les chargements sont assez rapides), mais il n’y a pas de séquence d’introduction ou de vidéos bonus à débloquer.
**Jouabilité : **la sensibilité des commandes requiert un certain temps d’apprentissage, mais le jeu offre de bonnes sensations une fois le tout maîtrisé.
**Graphismes : **mis part le cubisme des voitures, il n’y a pas grand chose à reprocher à ces décors variés, colorés et détaillés.
**Animation : **la fluidité est très appréciable, que ce soit seul ou à deux.
**Durée de vie : **le jeu est dans l’ensemble assez facile. Le nombre raisonnable de spéciales, le domptage des bolides et les parties en duel assurent tout de même de longues heures de jeu.
**Son : **le point le plus décevant, l’ensemble manque de réalisme et de puissance. Seuls les sons d’environnement et le copilote vous immergent dans le monde du rallye.
V-Rally c’est simple : on aime ou on déteste. Sa jouabilité exigeante a vite fait de mettre les nerfs en pelote. Mais malgré tout on peut prendre beaucoup de plaisir sur ce qui demeure la première simulation de rallye sur consoles. Son succès commercial a été tel qu’il est longtemps resté dans les meilleures ventes de jeux PS-One, malgré l’arrivée de concurrents plus réalistes ou d’une suite plus accessible.
(La version Platinum propose en supplément la compatibilité Dual Shock et une nouvelle voiture : la Corolla WRC)