Alors que le premier Time Crisis en arcade avait eu droit à un portage quasiment à l’identique sur PlayStation, Namco s’est refusé à convertir sa suite, invoquant une gageure technique. De fait, le System 23 est radicalement différent de l’architecture de la PlayStation, ce choix est donc compréhensible. Enfin bref, de toute façon cela nous a permis d’avoir droit à un épisode unique, le bien mal nommé Project Titan.
LE JOUR S’EST LEVÉ, SUR UNE ÉTRANGE IDÉE…
Le héros du jeu se nomme Richard Miller, et il est présentement accusé de meurtre sur la personne du président de Caruba (un pays fictif). Tant qu’à être accusé de meurtre, autant que ça ait de la gueule, après tout. Bref, Richard a quarante-huit heures pour sauver sa tête et arrêter le vrai coupable, alors que lui-même est considéré comme fugitif. Y’en a qui se seraient morfondu dans leur appartement ou qui se seraient défenestré, mais pas Richard. Non, lui ne travaille pas chez France Telecom. Lui, il attrape son plus beau calibre, ses douze milliards cinq cent quarante trois millions deux cent soixante sept mille zéro dix huit munitions, et il part buter la gueule de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un être humain. Ou une fenêtre. Ou un meuble. Ou un mur…
NON, MOI C’EST FRACAS, LUI C’EST PERTES
Time Crisis : Project Titan (TCPT) est, comme ses aînés, un jeu de tir. Je veux dire : pas un FPS, un vrai rail shooter, qui se joue avec un flingue en plastique façon House of the Dead. Enfin vous pouvez aussi y jouer à la manette hein, mais c’est comme qui dirait essayer d’arrêter un train lancé à 300 km/h avec le front, quoi : c’est du suicide.
Bref, quoi qu’il en soit TCPT est donc un jeu de tir sur rails, comprenez que vous n’y dirigez pas votre personnage. La vue est à la première personne (voire à la zéro-ième, vu qu’on voit même pas le bout du flingue) et vous ne faites que diriger le viseur. Pour ce faire, bah il suffit de viser l’écran, le pistolet optique de la PlayStation étant vendu avec un système de reconnaissance infra-rouge. Ensuite, il vous suffit de presser la détente pour tirer. Autre point concernant le gameplay, vos chargeurs ne comprennent qu’une demi-douzaine de balles, il vous faudra donc recharger régulièrement (les chargeurs, par contre, vous en avez autant que Dieu peut en bénir). Pour cela, il vous suffira de tirer en dehors de l’écran.
Enfin, il est à noter que contrairement à la plupart de ses confrères, TCPE n’est pas qu’une lente avancée sans fin au milieu de hordes ennemies. Le jeu est constitué de sections courtes, et tant que vous n’avez pas nettoyé une section vous ne pouvez pas avancer. A chaque section, vous trouverez un ou plusieurs endroits pour vous planquer. Le jeu consiste donc à rester caché derrière le meuble, de laisser passer l’orage, puis de jaillir tel un diable de sa boîte pour canarder tout ce qui bouge. Notez que même si ce n’est qu’une plaque de verre, l’élément derrière lequel vous vous réfugiez est indestructible et vous protège de tous types de tirs, y compris les grenades et les roquettes (ah, réalisme, quand tu nous tiens !).
Le jeu ne comprend que quatre niveaux, mais tous sont assez longs (comparativement aux autres jeux du même type, parce que les rail shooters ont rarement une durée de vie correcte). Vous commencez votre périple sur un yacht, abattant les mousses et le commandant de bord autant que les soldats, puis vous vous retrouverez en plein cœur d’un aéroport désert, avant d’entamer le parcours du combattant dans la base ennemie, pour finir dans les vestiges d’un vieux temple aztèque.
Chaque niveau est subdivisé en zones, qui elles-mêmes sont constituées des sections dont j’ai parlé un peu plus haut. Arrivé à la dernière zone d’un niveau, vous affronterez un boss, dont les techniques sont souvent redoutables : si le chef-cuistot se contente de se planquer derrière ses fourneaux et de vous balancer sa feuille (c’est comme ça qu’on appelle les larges couteaux de boucher hein, croyez pas qu’il joue aux avions en papier), les deux ninjas du temple en ruines sont de vraies plaies et sautent dans tous les sens, alors que le dernier boss vous demandera carrément de traverser toute une immense esplanade afin de le débusquer.
Quant à vous, vous n’avez que trois vies et des munitions illimitées. Et en plus, vous devez terminer chaque section en temps limité. Notez qu’en abattant les soldats marron-ocre, vous gagnerez un bonus de temps.
EN TEMPS DE CRISE…
C’est vrai que le scénario est débile. Et encore, quand vous aurez vu la fin, vous ne pourrez que constater le kitch de la situation. Mais à la limite, c’est pas forcément pire qu’un blockbuster américain. En gros c’est un mélange entre l’Effaceur, Die Hard et le Syndicat du Crime. Et puis il faut bien dire que les Time Crisis n’ont jamais été vraiment réputés pour leurs vertus cérébrales.
Alors revenons à quelque chose de plus terre-à-terre, la réalisation. Et là, c’est le drame. Les graphismes sont franchement pauvres en comparaison des versions arcade, et aujourd’hui cette 3D rudimentaire est complètement périmée. Quant aux animations, disons pudiquement que le réalisme n’est pas de mise ici non plus. Enfin, la partie sonore minimaliste achève d’entériner notre avis : TCPT a mal vieilli, et n’était sans doute pas très attrayant à l’époque, déjà.
Le plaisir de jeu alors ? Oui, et non. Oui, parce que TCPT conserve l’action omniprésente et tellement jouissive des opus précédents, et oui encore parce que Namco a trouvé la parade au manque de précision du pistolet optique, en plaçant dans son jeu un viseur très large (donc, pas besoin d’être super précis pour tuer) et en ciblant automatiquement l’adversaire si l’on ne s’est pas placé complètement sur lui. Enfin je veux pas m’enflammer, mais de mémoire c’était pas comme ça en arcade. Et non parce que cet auto-ciblage tue tout challenge. Je veux pas me jeter des fleurs, mais autant je suis une bille sur n’importe quel FPS, autant j’assure méchamment sur les rail shooters : eh bien là je ne faisais quasiment que des chaînes complètes d’ennemis, tant il est facile de viser. Alors déjà que le jeu tient une demi-heure à tout péter, si en plus il se la joue promenade de santé, eh ben chuis pas d’accord. Et attention, parce que d’ici peu je risque même de me fâcher, alors faudrait voir à voir, hein. Pour voir.