Tales of Phantasia est un jeu vidéo PlayStation publié par Namcoen 1998 .

  • 1998
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Tales of Phantasia

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Au commencement était Tales of Phantasia…

En 1995, Namco sortait le premier épisode de sa dorénavant célèbre série de RPG, Tales of Phantasia, sur la Super Nintendo. Il connaîtra un énorme succès. Quelques années plus tard sortait Tales of Destiny sur PlayStation, lui aussi resté dans les mémoires, bientôt suivi d’un remake du Phantasia original, dont tous les aspects avaient été grandement améliorés grâce aux capacités accrues de la console. En 2003, enfin, Namco sortait un portage du jeu sur Game Boy Advance, qui a pour principal intérêt d’être la seule version de Phantasia sortie en dehors du Japon. Ce test s’intéresse uniquement à la version PlayStation du jeu, et à ses diverses améliorations par rapport à la version originale.

L’histoire

L’histoire commence comme à peu près n’importe quel RPG classique : un jeune homme, que presque rien ne prédestinait à être un héros, se retrouve embarqué dans une aventure qui le dépasse totalement, du moins au début, après un évènement dramatique. Il se retrouvera, avec l’aide de quelques compagnons, à la poursuite du Grand-Méchant-en-Chef, d’abord par vengeance, puis pour finir ce que leurs parents avaient commencé, à travers le Temps lui-même.

Contrairement à d’autres jeux de la série, le méchant de l’histoire est défini dès le début du jeu (dès la séquence d’introduction, pour être exact). Cependant, ses réelles motivations restent vagues tout au long du jeu, et ne seront claires qu’à la toute fin, après l’avoir vaincu définitivement. Cela confère une certaine ambiguïté au jeu, et le scénario alambiqué (du fait des multiples voyages dans le temps) peut nécessiter de recommencer le jeu depuis le début pour vraiment en comprendre toutes les implications.

Le jeu

Tales of Phantasia est un RPG assez classique : on se déplace sur une carte du monde, on rentre dans des villes pour acheter des objets et discuter avec des personnages - qui n’ont pour seule raison d’être que d’attendre que vous veniez leur demander s’ils ont vu passer un homme en armure noire - ou on traverse des donjons infestés d’ennemis en résolvant des énigmes plus ou moins absurdes. Bref, un RPG japonais classique.

Mais là où la série des Tales tire son épingle du jeu, c’est au niveau des combats. Contrairement à un Final Fantasy ou un Dragon Quest, ici les combats sont en temps réel, utilisant le sacro-saint système LMBS, ou Linear Motion Battle System. Késako ? En gros, les combats se déroulent sur une même ligne, sur laquelle évoluent les personnages du groupe et leurs adversaires. On déplace son personnage en appuyant sur gauche ou droite sur son pad, on tape en appuyant sur un bouton, on effectue les coups spéciaux avec un autre bouton plus une direction, et un 3e bouton sert à bloquer les coups. Les sorts mettent un certain temps à se lancer, et utiliser un objet laisse le personnage vulnérable pendant un court instant ; il faut donc faire attention au positionnement des différents membres du groupes, et laisser les mages derrière les boîtes de conserve (en faisant attention si on tombe dans une embuscade et qu’on se fait attaquer par derrière, voire des deux directions à la fois).

Le système utilisé dans ce remake reste assez basique par rapport à celui qu’on trouve dans les jeux suivants de la série (combats sur plusieurs plans, combos aériens, puis combats en 3D, etc.), mais il reste plus évolué que dans le jeu original. En particulier, les attaques normales peuvent être plus facilement contrôlées (en appuyant sur le bouton d’attaque et en maintenant le pad vers le haut, par exemple, le héros donnera un coup d’épée vers le haut), et on peut en enchaîner deux d’affilée. On peut également contrôler n’importe quel personnage du groupe, là où l’original ne permettait de prendre le contrôle direct que du héros. Mais la plus grande évolution reste le mode Manuel, permettant un contrôle direct de toutes les actions du personnage, comme par exemple sauter, comme dans les épisodes les plus récents de la série.

Les personnages

De mon point de vue, les personnages de Tales of Phantasia sont l’un des points faibles de ce jeu. Là où des jeux comme Destiny, Symphonia ou Innocence nous proposent des héros rivalisant de charisme et d’intérêt, les protagonistes de Phantasia restent assez « creux » et clichés.

Cless Alvein est le héros du jeu, un épéiste somme toute classique, bien qu’il puisse utiliser différents types d’armes (haches, lances, etc.). Il quitte son village, détruit au début du jeu, pour tenter de trouver le responsable et se venger, et on apprendra bientôt que son père avait un passé assez chargé. Cless devra donc terminer le travail entamé des années plus tôt. Il dispose de très nombreuses techniques de combat, certaines devant être trouvées ou achetées.

Chester Barklight, l’ami d’enfance de Cless, est un archer cynique et réaliste. Disponible pendant un court instant au début du jeu, il reviendra temporairement dans le groupe un peu plus tard, pour disparaître pendant une bonne moitié du jeu. Une fois revenu définitivement, c’est par contre un excellent personnage, certes moins puissant que dans la version Super NES du jeu, mais disposant maintenant de nombreuses techniques, comme une pluie de flèches ou une flèche de feu, le rendant au final bien plus efficace.

Mint Adnade est une jeune « méthodiste » (c’est-à-dire une adepte des magies de soin) que Cless rencontre en prison. Sa mère partage le même passé que le père de Cless ; elle a donc à peu près les mêmes motivations que lui tout au long du jeu. Elle occupe le rôle de guérisseuse principale (car la seule, en fait) du groupe, et ses sorts de support peuvent renverser le cours d’une bataille.

Klarth F. Lester est le premier mage offensif qui rejoindra le groupe. En tant qu’humain, il ne peut normalement pas utiliser la magie. Il doit donc faire des pactes avec les différents esprits élémentaux (et quelques démons) de façon à les appeler lors des combats ; tous ses sorts sont donc des invocations. Étant le seul véritable adulte du groupe, c’est lui qui a le plus la tête sur les épaules, et doit souvent empêcher les autres de faire n’importe quoi. Signe particulier : il se bat à l’aide de livres tous issus du mythe de Cthulu.

Arche Klein est une sorcière demi-elfe qui rejoindra le groupe pour venger une amie (et s’amuser un peu aussi…). C’est la principale magicienne offensive du groupe, disposant de très nombreux sorts tous plus puissants les uns que les autres, mais il va d’abord falloir trouver (ou acheter) les grimoires magiques qui les renferment. En combat, elle flotte en l’air au dessus des autres personnages sur son balai magique qui lui sert également d’arme ; cela lui permet d’éviter certaines attaques, mais également risque de la mettre au premier plan pour certains sorts adverses, comme une pluie de pierres… Sa personnalité joyeuse et son efficacité en combat en font un membre très apprécié (sauf par Chester… encore que…).

Suzu Fujibayashi est un nouveau personnage jouable. Cette gamine ninja était déjà présente dans le jeu original, mais uniquement en tant que NPC. Comme Arche, elle doit obtenir ses techniques dans des parchemins trouvés ou achetés tout au long du jeu. En tant que ninja vivant recluse dans un village caché au fond d’une forêt, elle n’a pas une grande connaissance du monde extérieur, et ses réactions à la fois naïves et « ninja masquant ses émotions » à la plupart des situations finissent par être assez agaçantes.

D’un point de vue plus technique…

Ce jeu est un remake, sur une console nettement plus puissante que l’originale et sur un support d’une plus grande capacité, et ce n’est pas un simple portage. On peut donc s’attendre à des améliorations au niveau graphique et sonore, et on aura raison.

D’un point de vue graphique, la différence est flagrante : les sprites lors des combats sont de bien meilleure qualité que dans le jeu original, et la carte du monde, maintenant entièrement en 3D, est plus belle que celle de Destiny. Les villes et donjons n’ont pas reçu la même attention, mais restent de la 2D d’assez bonne facture.

Au niveau sonore, les musiques et bruitages me semblent les mêmes, mais toutes les voix ont été réenregistrées. De très nombreuses scènettes, entièrement doublées, ont été rajoutées lors des déplacements sur la carte du monde, et donnent du caractère aux personnages (c’est toujours mieux que juste entendre leurs cris lors des combats). Les musiques de Motoi Sakuraba sont comme d’habitude excellentes, rien à redire à ce sujet.

Au final, y’a quoi de nouveau ?

Voix réenregistrées, et les scènettes doublées

Graphismes améliorés, en particulier la carte du monde

Nouveau personnage jouable, Suzu

Nouveaux objets (en particulier les équipements pour Suzu)

Certains sorts et invocations ont été modifiés et/ou supprimés. En particulier, tout ce qui pouvait provoquer la mort instantanée d’un ou plusieurs ennemis a été enlevé.

Chester a maintenant plusieurs techniques, acquises en montant de niveau.

Le système de sacs de nourriture a été remplacé par un « vrai » système de cuisine, comme dans les épisodes suivants.

Plein de superbes cinématiques ! (Enfin, pas tant que ça… mais ça en fait toujours plus que les zéro de l’original.)

Nouveaux ennemis, ou nouveau sprite pour certains

Ajout d’un bestiaire recensant toutes les informations recueillies sur les ennemis rencontrés.

Une surprise dans l’arène ;)

Le verdict

Ayant découvert la série sur le tard, mais tout de même grâce à Phantasia (l’original sur Super NES), j’étais un peu forcé de jouer à ce remake, et je n’ai pas été déçu : ce jeu est une tuerie. L’histoire et les personnages ont un peu vieilli, mais l’antagoniste est un des plus intéressants de la série, et l’ensemble reste plus qu’honnête, comparé à d’autres jeux de la même période comme Valkyrie Profile (excellent lui aussi, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit). Bref, fans des Tales, foncez. Fans de RPG tout court, foncez. Les autres… c’est l’occasion de vous mettre à la série !

Tales of Phantasia