Street Fighter : The Movie est un jeu vidéo PlayStation publié par Capcomen 1995 .

  • 1995
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Street Fighter : The Movie

2/5 — Presque bien par

Développé par Incredible Technologies, édité selon les cas par Capcom ou Acclaim, connu au Japon sous le titre Street Fighter : Real Battle on Film.

Sur notre forum (oui, je me sens un peu chez moi ici) comme un peu partout sur la Toile, circule une légende urbaine, à mi-chemin entre le Père Fouettard et le running gag : « Si tu n’es pas sage, tu devras t’acquitter de deux heures de Street Fighter : The Movie ». Chose à quoi le coupable répond par la supplique traditionnelle : « Non pitié, pas ça, je ferai ce que vous voudrez, je passerai même sous le bureau de Bill Clinton si vous voulez… »

Street Fighter : The Movie, c’est la blague de Capcom envers les fans du monde entier. Tout a commencé par un film tiré d’un jeu, et on sait tous que cela vire forcément à la catastrophe. Dans ce navet de Steven de Souza, même le grand Raul Julia (paix à son âme) parvenait à se ridiculiser aux côtés du compatriote d’Angus, JCVD, et de la naïade australienne Kylie Minogue (putain Ang’, t’es fan au point de faire le pèlerinage du film ?). De fil en aiguille, c’est devenu un jeu (le jeu du film du jeu, donc, on en est là). Enfin, à condition de prendre la définition au sens large.

THAT’S ME IN THE CORNER

Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe deux jeux distincts basés sur les deux, oui deux, longs-métrages consacrés à la saga. Celui-ci concerne le film live, avec de vrais acteurs (pardon, avec de vrais êtres humains qui nous font croire qu’ils pourraient peut-être devenir des acteurs si on ne les abattait pas pour manque de professionnalisme), alors que Street Fighter II : Movie, sorti la même année sur les mêmes consoles, s’intéresse au dessin animé.

Le pitch : au fin fond d’un bled paumé d’Asie, le dictateur Mike Bison, général autoproclamé d’une armée séparatiste pour le moins bigarrée, a décrété qu’il voulait devenir le maître du monde et semble avoir les armes pour y parvenir. Plutôt que de bêtement vitrifier la zone, le gouvernement américain préfère envoyer deux soldats (youhou), un certain Guile et une certaine Cammy. De leur côté, les Chinois envoient leur meilleure recrue, Chun Li. Ah oui, et puis y’a aussi deux branleurs qui répondent aux noms de Ryu et Ken, mais ils ont un si petit rôle que l’on pourrait presque oublier qu’ils sont les héros du jeu.

Allez, je ne résiste pas à vous placer deux-trois répliques définitivement cultes du film, histoire que vous évaluiez le résultat :

  • Donne ta main.

  • Ça fait pas deux heures qu’on est là, tu peux pas te branler seul ?

  • Colonel, vous vous oubliez je crois.

  • Non, c’est vous qui avez oublié vos couilles.

  • Ici le Général Bison. Nos défenses sont verrouillées sur vous. Identifiez-vous.

  • C’est les huissiers, salopard. Ton cul est en fin de crédit, et je viens le prendre.

Ah, si ça ça fait pas rêver…

THAT’S ME IN THE SPOTLIGHT

Et si Street Fighter n’avait pas été développé par Capcom mais par Sculptured Software, les géniteurs de Mortal Kombat ? C’est à cette lancinante question que tente de répondre ce beat ‘em up en deux dimensions, qui nous propose rien moins que quinze personnages à jouer.

Ces combattants, vous les connaissez tous puisqu’ils sont issus du jeu à la base, du film ensuite. Le seul avec lequel vous n’aviez forcément jamais joué avant ça, c’est Captain Sawada, un soldat bien costaud censé remplacer T. Hawk dans cet épisode. Notez que la version arcade faisait également apparaître Blade (un soldat de Bison) et ses clones Arkane, F7 et Khyber, un peu comme la chiée de ninjas dans les Mortal Kombat. En contrepartie, cette version nous privait de Blanka et Dee Jay. Dernier point concernant les personnages, Akuma apparaît dans le jeu et pas dans le film. De toute évidence on a pourtant pris un acteur pour le jouer, un bien ridicule en plus, digne d’un film de kung-fu des années 60.

Street Fighter : The Movie conserve le jeu à six boutons. Trois touches sont dédiées aux coups de poing (faible, moyen et fort) et trois aux coups de pied (idem). Vous pouvez en régler la configuration à loisir dans le menu d’options, de même que la difficulté, le temps des rounds et le son (mono ou stéréo).

Le jeu propose plusieurs modes : l’arcade pour jouer seul, le versus pour jouer à deux et le défi, qui est en fait un mode survie. Reste le mode Movie. Ici vous ne pouvez jouer qu’avec Guile, et vous parcourez la base de Bison combat après combat, avec la possibilité de choisir parfois votre direction. Vous avez un temps limite pour vaincre Bison, et en récompense vous vous régalerez de scènes extraites du film.

Pour ce qui est des combats en eux-mêmes, le jeu se cantonne dans un classicisme qui ferait passer Vivaldi pour DJ-techno-boum-boum. En fait à la même époque, dans la vraie vie, on en est à Super Street Fighter II Turbo, et Street Fighter : The Movie en conserve les moindres aspects. Ainsi en est-il de la possibilité de choper l’adversaire en l’air, qui se généralise à tous les personnages à partir de ces opus, ou de la possibilité d’éviter une chope.

Mais bien entendu, l’attrait principal de SSF2T était la jauge de Super Combo, et ce sera le cas ici aussi. Planquée en dessous de la jauge de vie, cette dernière se remplit à mesure que vous lattez votre adversaire. Une fois qu’elle est pleine, vous pouvez déclencher un Super Combo, ce qui revient à sortir un coup spécial en appuyant sur deux boutons d’attaque au lieu d’un (quart de tour plus deux poings pour le Hadoken, par exemple).

LOSING MY RELIGION

Ah, quel plaisir que de manier une Kylie Minogue en justaucorps kaki et aux courbes euh… peu généreuses (ou un Van Damme au torse luisant, si tel est votre trip…), pas vrai ? Non ?

Non. Non, à moins d’aimer les graphismes style réalistes et digitalisés à mort, les animations dignes de Wallace et Gromitt et la musique d’ascenseur… Bref, à moins d’avoir des goûts de chiotte, vous ne passerez pas votre temps à admirer Street Fighter : The Movie. Surfant sur la vague (l’expression la plus juste serait « faire de la planche en polystyrène sur la vaguelette ») de la réalisation foireuse de Mortal Kombat, le jeu implémente également des scènes du film, ce qui n’est pas forcément une qualité non plus, je vous l’accorde.

A jouer ? Ben à jouer, c’est du Mortal Kombat pure souche : animations en deux-deux, donc timing de merde, manque de coups, « bourrinisme », aucune technique, difficulté zéro une fois qu’on a compris le truc, répétitivité, bugs de collision…

Alors voilà. Y’a des gens qui crachent au visage de ceux qui osent critiquer Mortal Kombat, et ces mêmes gens se gaussent d’un épisode de Street Fighter aussi pitoyable. Pour ma part, j’aurais pu me contenter de coller un bête zéro, celui que l’on donne à un jeu qui ne vaut même pas le coup d’œil furtif sur la vitrine crasseuse du bouclard de campagne. J’ai préféré rester cohérent : mes notes concernant les MK varient de deux à six, celui-là a droit à un quatre. On va dire qu’il est dans la moyenne des mauvais jeux, quoi.

Street Fighter : The Movie