SaGa Frontier est un jeu vidéo PlayStation publié par Squareen 1997 .

  • 1997
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo SaGa Frontier

3.5/5 — Très bien par

Autant Final Fantasy est devenu une institution un peu partout dans le monde, autant d’autres franchises de Square n’ont jamais connu le même succès. C’est par exemple le cas des SaGa, dont le parcours en occident est pour le moins erratique. Ainsi, sur les dix épisodes de la série (les trois SaGa rebaptisés Final Fantasy Legend, les trois Romancing SaGa, les deux SaGa Frontier, Unlimited SaGa et le remake du premier Romancing), bien peu sont parvenus jusqu’à nos côtes, malheureusement.

ET C’EST PARTI MON KIKI !

Première particularité de SaGa Frontier, c’est l’un des rares RPG qui ne dispose pas d’une histoire globale. En effet, en début de partie vous choisissez votre héros parmi sept pré-déterminés, et vous accomplissez son chapitre, qui dure en moyenne entre dix et vingt heures (selon que vous êtes du genre droit au but ou je prends mon temps). Vous arrivez alors à la fin du chapitre, qui représente aussi la fin de la partie : comprenez par là que les chapitres ne s’enchaînent pas, il faudra sept parties pour terminer les sept chapitres.

D’ailleurs les sept histoires n’ont quasiment aucun rapport entre elles : nous avons une starlette accusée du meurtre de son mari et qui va tout faire pour trouver le vrai coupable, un robot retrouvé en piteux état dans une décharge publique, un apprenti qui se lance dans une longue quête afin de maîtriser la magie, une bestiole dont le monde est au bord de la destruction, etc. Les scenarii ne semblent même pas se dérouler sur la même planète, ni à la même époque. Considérez donc SaGa Frontier comme sept RPG distincts réunis dans une seule galette !

BEN MON KIKI, QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE CRI-CRISE ?

SaGa Frontier se présente donc comme un RPG schizophrène, mais il conserve le concept simple du RPG tour par tour traditionnel, les personnages étant vus de dos comme dans un Phantasy Star par exemple. L’équipe de combat peut comporter jusqu’à cinq membres.

A ce propos, il est bon de noter qu’il existe un grand nombre de personnages à recruter : il est même parfois possible de recruter le héros d’un chapitre dans un autre chapitre. D’ailleurs c’est comme cela que SaGa Frontier fait le lien entre ses différentes parties : grâce aux personnages et aux lieux que l’on visite (quelques exemples en vrac parce que je sais qu’Angus aime ça : désert, cité futuriste, forteresse magique, prison, caverne volcanique…).

Bref, lors des combats chacun des protagonistes, alliés comme ennemis, attend poliment son tour avant d’en foutre plein la gueule à son adversaire. Jusque là tout va bien. Là où ça se complique, c’est que le menu traditionnel (attaque, magie, objet, fuite, que sais-je ?) est ici remplacé par un menu de techniques. Quézako ? J’y viens.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans SaGa Frontier, tout s’apprend. Au départ, vos personnages sont tous, sans exception, des quiches, des héros en carton bons à rien d’autre qu’à mourir au premier adversaire venu. Préparez-vous d’ailleurs à un bon nombre de game over. Au fur et à mesure des combats, vous allez gagner en expérience et, comme c’est le cas dans pratiquement tous les RPG, vous grimperez de niveau, ce qui occasionnera une hausse de vos points de vie, de « magie », et de vos statistiques.

Mais pour les techniques, c’est un peu à part. En fait, SaGa Frontier reprend un principe assez proche de celui de Final Fantasy II. Par exemple, les techniques d’escrime s’apprennent à force de frapper à l’épée, les techniques de combat s’apprennent à force d’utiliser vos poings nus. Pour la magie (et les attaques au pistolet) c’est plus simple : il suffit d’avoir l’objet adéquat dans son inventaire et d’utiliser un sort pour en apprendre un autre de même catégorie. Et tant qu’à faire, il existe encore d’autres techniques dont l’apprentissage diffère, histoire de bien vous retourner la tête avec mes explications bateau. Ainsi, les techniques de vos personnages de type mécha ou monstre (oui, on ne contrôle pas que des humains, loin s’en faut) fonctionnent pour leur part sur le principe des magies bleues de Final Fantasy : on les apprend en les absorbant sur les adversaires.

Pour le reste, SaGa Frontier reste assez classique (ouf !). Le menu hors combat permet comme il se doit de s’équiper, d’utiliser vos objets, de sauvegarder… Ah si, y’a encore un truc pas banal dans SF : la carte du monde. Y’en a pas ! En lieu et place apparaît parfois une roue, sur laquelle vous choisissez votre destination ; c’est aussi simple que cela. Et ça signifie aussi qu’il n’y a pas d’atlas pour faire du level-up.

LE KIKI TOUT DUR

SaGa Frontier ne plaira pas à tout le monde, j’en suis conscient et je me dois donc de le signaler d’entrée de jeu. Par exemple, le fait que les chapitres soient indépendants les uns des autres, et sans grand rapport entre eux, risque de déboussoler un peu le client.

Les graphismes également. Les sprites des personnages s’intègrent étrangement très mal dans les décors, la sensation est bizarre : on a l’impression d’un monde en papier mâché. Par contre le design est mignon, les effets de lumière lors des attaques sont souvent spectaculaires, les scènes en 3D sont kitch mais sympathiques, et surtout la bande-son, signée Kenji Ito, est de toute bôôôôté !

Mais en fait, ce n’est pas tant sur la réalisation que le néophyte trouvera à redire, que sur la jouabilité. En toute franchise, on a du mal à se faire à ce système de jeu étrange, et la difficulté - déjà énorme - du jeu à la base s’en trouve encore renforcée. Si bien que même s’ils sont très courts, les chapitres vont vous en faire baver des ronds de chapeau.

De l’aveu même du concepteur de la série, si Final Fantasy représente la Force, alors SaGa en est le Côté Obscur, réservé à une frange de joueurs capable de passer de longues heures devant leur écran à hurler de rage devant un challenge insurmontable. De fait, SaGa Frontier représente un concentré de souffrances extrêmes, qui rappellera peut-être aux plus anciens leurs premiers RPG, ceux où on en chiait.

SaGa Frontier