Quand je vous dis qu’il n’est pas simple de suivre la série des Fatal Fury : à peine neuf mois après la sortie du troisième épisode, une version revue, corrigée et simplifiée voit le jour, baptisée Real Bout Fatal Fury. On aurait pu en rester là, mais un an plus tard sort Real Bout Fatal Fury Special, dont le principal ajout concerne le retour d’anciens personnages disparus du casting des épisodes 3 et Real Bout. Et ce n’est pas fini ! Encore une année qui passe, et c’est Real Bout Fatal Fury 2 : The Newcomers qui débarque sur Neo-Geo, qui rajoute trois nouveaux combattants au roster. Deux mois plus tard enfin, la PlayStation accueille sa version exclusive, Dominated Mind. Une sorte de Real Bout 1.5, exclusif au territoire nippon.
DER WILLE ZUR MACHT
Bon, je vous la fais courte concernant le scénario, parce que depuis Fatal Fury 2, c’est du grand n’importe quoi. Alors, pour ceux qui n’ont pas lu le journal du jour, non, Geese Howard n’est pas mort à la fin de FF1. Non, Wolfgang Krauser n’est pas mort à la fin de FF2. Non, le tournoi du King of Fighters n’a pas déménagé de série au début de FF3. Quant à ce pilote d’avion nommé Alfred, me demandez pas ce qu’il fout là.
ALSO SPRACH ZARATHUSTRA
Real Bout Garou Densetsu Special : Dominated Mind (que le dernier ferme la porte) est un beat them up en deux dimensions, comme tous les autres épisodes à l’exception de l’horripilant Wild Ambition de l’Hyper Neo-Geo 64. Il propose plusieurs modes de jeu que je ne saurais pas vous traduire parce que tout est écrit en japonais, mais nous retrouvons les classiques solo, versus, survie, entraînement, etc. Ajoutons une galerie d’illustrations et des fiches sur les personnages.
En tout et pour tout, le jeu comprend vingt-deux personnages. Si vous suivez régulièrement la saga phare de SNK, vous en connaissez logiquement vingt. Les deux petits nouveaux de la classe se nomment Alfred et White. Non. NON ! C’est pas bien de se moquer. Oui OK, ils ont des noms débiles, ils sont habillés comme des sacs, mais ils pourraient bien vous mettre une branlée à la récréation. Alfred est un jeune pilote de biplan et le boss secret de Real Bout Fatal Fury 2, qui est ici jouable d’entrée. White est le boss final du jeu ; c’est un personnage exclusif mais pas vraiment novateur, du moins en terme de design, puisqu’il s’agit d’une copie carbone du Petit Alex d’Orange Mécanique (ce qui me fait penser que j’ai mis sans le vouloir une référence à 2001 en inter-titre).
Concernant le système de jeu en lui-même, de nombreux ajustements ont été effectués. Les commandes varient ainsi légèrement. Vous déplacez votre personnage au stick analogique et utilisez un bouton pour les coups de poing (croix), un pour les coups de pied (cercle), un pour les attaques puissantes (carré), qui peuvent aussi bien être des coups de pied ou de poing selon le combattant, et un pour les provocations (triangle). KEUWAH ?! vous exclamez-vous en chœur. Et où est passée ma touche pour changer de plan ? vous demandez-vous.
Eh bien c’est tout simple : elle ne servait à rien, donc elle a disparu. En effet, dans Real Bout Garou Densetsu Special : Dominated Mind, il n’y a qu’un seul et unique plan. Impossible d’aller vers le fond de l’écran pour esquiver les attaques adverses, seule la parade est autorisée.
Le titre implémente bien entendu tout un tas de techniques de combat avancées, de coups spéciaux et d’attaques ultimes, calquées sur le modèle de Real Bout Garou Densetsu Special et de sa jauge de puissance. Si cette jauge est à moitié pleine, vous pouvez déclencher un Guard Cancel, que l’on appelle ici Breakshot. Déclencher un Breakshot n’a qu’un effet mineur sur votre jauge de puissance, comprenez qu’elle ne se vide que très peu si vous utilisez cette attaque.
Une fois la jauge complètement remplie, vous passez en mode Super. La jauge se vide alors petit à petit et, pendant ce temps, vous pouvez déclencher autant de Breakshots que vous voulez, ou bien un Super Special, appelé Chou Hissatsu Waza, soit un coup spécial plus mieux bien ; dans ce cas la jauge se vide entièrement.
Enfin, si elle est complètement remplie et qu’en plus, il ne vous reste que la moitié, ou moins, de votre jauge de vie, vous passez en mode Power. Le résultat est le même qu’en mode Super, à quelques différences près. Vous pouvez déclencher autant de Chou Hissatsu Waza que vous voulez (ou que vous pouvez, parce que les manipulations de boutons pour les déclencher vous coûteront un pouce à chaque fois), mais également réaliser ce que le jeu appelle des Hidden Abilities, soit des méga coups spéciaux de la mort qui roxxe les marmottes.
JENSEITS VON GUT UND BÖSE
Il faut vraiment chercher la petite bête pour démarquer ce Dominated Mind du Real Bout Special sorti sur Neo-Geo et Saturn. Mais comme je suis un enculeur de mouches de première, faisons tout de même une rapide synthèse des nouveautés. Premier point, ce n’est pas en matière de réalisation que les changements sont les plus drastiques. Le moteur est le même, les personnages et décors sont les mêmes, mais… PAN ! Dans ton cul, la mouche : il y a au moins trois différences entre les deux épisodes. Tout d’abord, les deux personnages bonus, qui ne parviennent pas à contrecarrer la perte des versions Extra de certains personnages ; deuxièmement, les menus remaniés qui paraissent affreusement vides ; et troisième point, le plus grave, les animations des personnages ont dû être revues à la baisse pour que la vitesse de jeu égale celle de la Neo-Geo. Du coup, l’ensemble paraît haché et peu agréable à l’œil. Finalement, seule la bande-son n’a pas trop morflé, mais comme elle n’était pas brillante de base, ce n’est pas forcément ce qui se fait de mieux.
Mais ce ne sont là que chipotages, et s’il n’y a plus une mouche vierge par chez moi, que cela ne vous fasse pas croire à une catastrophe. Dominated Mind est un peu moins bien que son grand frère, mais il reste très joli à regarder. En terme de mécaniques de jeu, la perte du second plan de jeu est finalement assez anecdotique. Bien sûr la saga y perd un peu de son identité, Dominated Mind ressemble du coup à un Street made by SNK… Et pourtant, les possibilités techniques qui découlaient de ces changements de plan ne font pas vraiment défaut ici. Comparativement à tout ce que Real Bout Garou Densetsu Special : Dominated Mind propose en terme de technicité, ce manque n’est que broutille.
Cette antépénultième itération de la saga fait donc honneur à son support. Elle n’est pas meilleure que ses aînés sortis sur Neo-Geo, mais c’est plus du fait des limitations techniques de la machine que de la volonté des développeurs. Disons simplement que pour un jeu PlayStation, c’est pas trop mal. Ils sont nombreux, les beat ‘em up sur cette bécane, mais rares sont ceux à valoir leur équivalent d’arcade.