Chez l’éditeur/développeur japonais Taïto, la série des « Ray » fait généralement référence à des shoot them up. Ils sont nombreux et bien connus des adeptes du genre : RayForce, RayStorm, RayCrisis…
Pourtant, en 1997, il va affubler du préfixe Ray un titre d’un tout autre style, en faisant renaître une de leurs plus vieilles et plus populaires séries : Chase HQ.
Ray-interprétation
Qui ne connaît pas Chase HQ ? Ce jeu de courses, hit des bornes d’arcades de la fin des années 80, vous plaçant dans la peau d’un flic déterminé à arrêter les pires criminels ! Il fallait d’abord éviter de multiples obstacles sur l’autoroute de l’enfer, rattraper le bandit, et lui foncer dedans jusqu’à ce que son bolide soit réduit en pièces détachées, le tout en faisant bien attention à ne pas dépasser le temps limite. Adapté sur tous les supports jusqu’à la Mega Drive en 1992, on n’en avait plus entendu parler depuis.
Mais les franchises populaires ont la vie dure, surtout lorsqu’elles ont permis de générer un bon paquet de fric. C’est ainsi que Taïto ressort son concept de derrière les fagots en 1997. Ray Tracers reprend donc la fameuse recette. On choisit sa monture parmi 4 véhicules aux caractéristiques différentes, et on se retrouve sur le périph’ d’une grande métropole japonaise à rouler à 300 à l’heure entre les voitures, tout en évitant les nombreux obstacles qui vont vous ralentir (travaux, déformations de la chaussée…). Le tout dans le but d’arriver à un « boss » représenté par divers engins de type camion transportant des missiles et roulant aussi vite qu’Alain Prost dans ses glorieuses années, mais aussi d’autres véhicules très hi-tech tout droit sortis de l’imagination débordante des Japonais. Le gros méchant vous balance tout un tas de munitions destinées à ralentir votre progression, et votre but est de le percuter jusqu’à ce que sa barre de vie arrive à zéro. Votre voiture est incassable, elle peut se prendre des dizaines d’automobiles dans le pare-chocs, des missiles et autres rayons laser, rien ne la fera plier ! Votre seul ennemi… c’est le temps !!
Chronométray
Comme tout bon octogénaire qui se respecte, le temps est le pire obstacle à votre progression. Et même en mode facile, ce sera assez compliqué de compléter les stages dans la durée qui vous est impartie.
Le seul moyen d’y arriver, c’est de bien gérer votre seul atout : la nitro. Sous votre compteur, une petite barre verte vous donne un regain de puissance bien agréable pour repartir aux allures les plus folles après un choc. Mais la barre est petite, et il faut éviter de la gaspiller. Dans la première partie des missions, on fonce tête baissée en direction du boss et il est assez ardu de ne pas se planter sur un autre véhicule ou bien sur une bretelle d’autoroute en loupant un virage. On est alors tenté de mettre le turbo pour perdre le moins possible des précieuses secondes qui s’écoulent en haut de l’écran. Pourtant, il va falloir se retenir et faire en sorte de se prendre le moins de gamelles possible, parce que la nitro va être votre seul moyen de battre le boss. Dès que l’on s’approche de l’objectif, on a droit à un bonus de quelques dizaines de secondes durant lesquelles il va falloir faire très vite pour détruire la cible à coup de pare-buffle. Et à chaque fois que l’ennemi vous touche ou que vous le percutez, votre voiture perd du terrain, et il faut de nouveau quelques secondes de pilotage parfait pour revenir à sa hauteur et avoir une nouvelle chance de l’emboutir. La nitro se révèle donc essentielle pour récupérer rapidement du terrain et, de ce fait, de sa parfaite gestion dépend votre réussite !
Très raytro
Le jeu n’apporte aucune innovation par rapport aux titres des années 1980, si ce n’est le passage à la troisième dimension, assez réussi. L’esprit original de la saga est intact, et les sensations de rapidité sont omniprésentes. Le titre dispose d’un framerate impressionnant et l’on ne constate aucun clipping durant les chevauchées. Une performance rendue possible par le peu de décors et par la grossièreté des multiples voitures que vous aurez à croiser, ainsi que des sprites lors des collisions, et aussi par la disparition de certaines textures. Votre caisse est cependant correctement modélisée, et si les décors sont vides, on apprécie aussi le fait qu’ils soient assez différents les uns des autres.
Comme le reste du jeu, le gameplay est très arcade. On file à tombeau ouvert sans se soucier du reste. Les freinages entraînent de longs dérapages et la voiture répond au quart de tour. De sorte qu’entre la rapidité des courses et la réactivité de la bagnole, il soit assez ardu de maintenir des trajectoires correctes et d’éviter les divers obstacles. On apprécie les nombreux bruitages qui restent dans le ton du titre, des moteurs rugissants aux longs dérapages pneumatiques.
On note également la présence d’un mode de jeu plus traditionnel, dans lequel on court seul ou avec un concurrent sur les pistes du jeu. Idéal pour prendre en main la conduite endiablée et pour mémoriser les trajectoires. Il est cependant dommage de constater qu’aucun mode deux joueurs ne soit possible ici.
L’ambiance du titre est tout à fait à part ; on est en plein dans un jeu de course des années 90 à la Ridge Racer, avec ses musiques à base de synthétiseurs, ses menus épurés très proches des versions arcades. Mais contrairement à la franchise de Namco qui, à la même époque, a su faire évoluer son catalogue avec Rage Racer notamment, Taito reste figé dans un modèle de jeux de course largement dépassé pour un titre disponible au deuxième semestre de 1997.
Pour résumer…
Gameplay : Arcade, et même un peu trop. Tout va très vite et piloter correctement votre voiture demande un long apprentissage.
Graphismes : La monstrueuse rapidité du titre se fait au détriment de la qualité d’animation. Il y a de nombreux bugs et les décors sont peu fournis. On apprécie cependant la modélisation irréprochable de nos véhicules.
Bande-son : Très fidèle à l’ambiance du titre, avec des bruitages excellents
Durée de vie : Les missions ne sont pas de tout repos, et avant d’arriver à en finir une seule, il faut d’abord maîtriser le pilotage sans concessions.
Conclusion
Un titre qui reprend la recette d’un vieux classique, mais aux standards graphiques de l’époque. Un esprit conservé par la rapidité des courses, mais un format de jeu antédiluvien qui a du mal à justifier son existence en 1997.
NOTE : 6/10