Moi au départ, je croyais que Dieu, c’était Capcom. Après tout, Dieu, il est censé faire des miracles, et une boîte qui arrive à vous vendre douze fois le même jeu avec une modif à chaque fois, moi j’appelle ça un miracle. Et puis même quand on a un Street ou un Megaman en douze exemplaires, on est à chaque fois ébahi par cette œuvre divine. Oui mais voilà, depuis, Megaman X5 est sorti, et j’ai compris mon erreur. It’s a prayer for some wankers.
MARKETING VIRAL
21XX. La guerre des Reploïds est terminée. Un grand nombre de colonies spatiales gravitent autour de la Terre, Eurasia étant sans doute la plus importante et la plus avancée technologiquement. Un jour, un mystérieux Reploïd s’en prend à la colonie, la laissant au bord de la destruction. Lorsque X et Zéro arrivent sur place, ce n’est que pour constater qu’une nouvelle fois, Sigma est derrière cette tragédie. Pire, les deux Maverick Hunters assistent, impuissants, au lâcher du virus Sigma sur Terre, alors qu’Eurasia, partiellement détruite, menace à tout moment de s’écraser sur la planète bleue. En clair, on est dans le caca jusqu’au cou, et c’est encore à vous, joueurs, de nous sauver la mise.
TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS DÉTESTÉ DANS UN MEGAMAN SANS JAMAIS OSER VOUS PLAINDRE
Megaman X5 est un jeu d’action dans la lignée des précédents. Si toutefois vous découvrez la franchise, il serait peut-être bon de commencer par vous familiariser avec le jeu, en parcourant le stage d’entraînement prévu à cet effet. Une fois cette mise en jambes bouclée, vous pouvez vous attaquer sereinement à la véritable aventure, en choisissant de diriger X ou Zéro, le choix étant laissé à chaque début de stage.
Le jeu se compose de quinze niveaux, à commencer par le niveau d’introduction. Celui-ci bouclé, vous pourrez parcourir huit tableaux dans l’ordre de votre choix, sachant que vous serez dérangé tous les deux niveaux, soit par une simple cinématique vous prévenant qu’Eurasia se casse la gueule, soit par le combat contre un boss récurrent. Les huit stages passés, il vous reste encore à boucler le monde cybernétique, qui comporte quatre parties. Un plus huit plus deux plus quatre, ça fait bien quinze, tout baigne.
Pour ce qui est des commandes, Megaman X5 est un copier-coller de X4. A savoir que nos deux héros sautent au moyen du bouton croix, tirent avec carré ou triangle et dashent avec rond. X peut charger son tir en maintenant la touche enfoncée, alors que Zéro peut double-sauter, chacun son truc. Nos deux héros sont aussi des athlètes finis, et peuvent s’accrocher aux murs et y glisser.
Comme de bien entendu, détruire l’un des boss des huit niveaux au choix vous permettra de récupérer son arme de prédilection, qui vous sera utile contre un autre boss. Ces armes secondaires ont un nombre de munitions limité, mais vous trouverez çà et là des recharges, ainsi que des capsules vous permettant de vous soigner ou des vies supplémentaires.
Vous pourrez aussi récupérer des pièces d’équipement vous permettant d’upgrader vos héros, les rendant plus puissants et leur conférant même de nouvelles aptitudes (voler par exemple, pour X). C’est aussi en détruisant les boss que vous les obtiendrez, et pour cela il faut que le boss soit au moins de niveau huit (impossible en mode facile donc, puisque tous les boss y sont au niveau un). Le niveau du boss dépend non seulement du temps qu’il vous reste avant qu’Eurasia s’écrase (seize heures au début du jeu), mais aussi de votre rang, lui-même déterminé par votre score en fin de niveau (temps de parcours, blessures reçues et nombre d’ennemis tués affectent ce rang, qui peut varier de E à A, puis SA, GA, PA et enfin MMH). Vous trouverez aussi, dans certains recoins, des pièces d’armures pour X uniquement.
Enfin, sachez que le virus Sigma influe lui aussi sur le jeu. Dans certains niveaux, vous croiserez le virus, qui a la tête de Sigma et la couleur rose fluo. Si vous vous faites toucher quatre fois (un compteur en bas d’écran indique votre état de santé), vous serez contaminé. Les effets sont divers puisque si X perd peu à peu de la vie et bouge plus lentement, Zéro, lui, regagne toute sa vie et devient invincible ! Cette énigme sera expliquée en cours de partie.
PRAYER FOR A WANKER
Oh ça oui, chez Capcom on est une sacrée bande de branleurs. Pourtant, le scénario semblait prometteur, s’en allant sans aucun doute vers des révélations fracassantes sur les principaux protagonistes.
C’était compter sans la fainéantise des programmeurs, qui ont tout simplement massacré la série la plus intéressante de la franchise. Visuellement, c’est une catastrophe. Finis les décors riches et colorés, mêlant technologie et nature, des précédents épisodes, et place à des environnements dépouillés, grisonnants, qui préfigurent déjà ce que deviendra la licence, avec les Megaman Zero notamment. Si encore le design « Papa-longues-jambes » instauré dans le précédent épisode vous branche, vous apprécierez au moins les sprites.
Pour le reste, on est dans du très classique : des animations de très bonne qualité, des effets de lumière assez jolis, une bande-son technoïsante qui fait plus production à la chaîne qu’œuvre lyrique, une maniabilité au poil, une difficulté retorse mais moins importante que dans la série classique, et une durée de vie fort raisonnable, tous les ingrédients d’un Megaman X sont présents…
Attends deux minutes, « une difficulté retorse mais moins importante que dans la série classique » ? Oulah, diantre non ! Ces petits malins de chez Capcom, pensant sans doute que les aptitudes d’athlètes de nos héros étaient over-grosbillesques, ont décidé de faire chier le joueur avec des phases de jeu jusque là assez rares : les phases de course-poursuite. Si dans les épisodes précédents ces moments constituaient un petit boost d’adrénaline pas désagréable, ici ça vire au cauchemar. C’est bien simple, on passe les trois quarts du jeu poursuivi ou poursuivant (course de jet-ski, chasse à l’homme d’un sous-marin, esquive de rayons lasers géants, etc.), brimés par un scrolling rapide et pénible qui transforme Megaman en shoot ‘em up à pied des plus bancals. La jauge de santé ne sert quasiment à rien puisqu’on meurt généralement d’un coup, et les vies défilent comme au quatorze juillet. Et ne comptez pas sur les sauvegardes d’état, puisque comme dans la plupart des jeux 2D sur Playstation, charger une savestate provoque des bugs d’affichage rendant le jeu injouable.
Mais injouable, Megaman X5 l’est déjà sans ça. Alors, puisque les développeurs ont décidé que le public de base n’était pas la cible de leur jeu, laissons-le pourrir gentiment sur l’étagère du magasin qui l’a bêtement commandé, et tournons-nous vers des concurrents bien plus intéressants, ne serait-ce que l’épisode précédent.