Développé par Revolution Software, édité par SCEE, connu aux États-Unis en tant que Broken Sword II : The Smoking Mirror.
Comme tous les épisodes de la saga, cette aventure de George Stobbart est connue sous deux titres qui, a priori, n’ont rien à voir. Le nom français nous promet une aventure chez les aztèques, alors que son homologue anglais nous parle d’un miroir qui fume… Pourtant, lorsqu’on creuse un peu, ledit miroir est en fait la traduction de Tezcatlipoca, un autre dieu de cette mythologie. Finalement, quelle que soit la version à laquelle on joue, on en arrive donc au même point. C’est beau, la culture.
LES CHEVALIERS DE L’AUTRE CÔTÉ DE L’ATLANTIQUE
Les Boucliers de Quetzalcoatl est le seul volet de la série qui ne suit pas l’intrigue globale et ne concerne donc en rien les Templiers. L’histoire débute par l’enlèvement de la belle journaliste Nicole Collard, sous les yeux de son petit ami George. Ce dernier se retrouve prisonnier dans un appartement parisien, menacé par une bestiole velue et un incendie à venir. Mais bien évidemment, notre héros s’en sortira indemne et n’aura alors de cesse de retrouver sa chère et tendre, ses pas le menant droit sur une conspiration en Amérique du Sud, en rapport avec une éclipse solaire. On se croirait dans Tintin et les sept boules de cristal !
LA VENGEANCE DU SERPENT À PLUMES
Les Chevaliers de Baphomet : Les Boucliers de Quetzalcoatl est un jeu d’aventure de type point ‘n click. Pour autant, cette version PlayStation est jouable aussi bien à la manette (SACRILÈGE !) qu’à la souris. L’intégralité du jeu est en deux dimensions, et l’on y dirige tant George que, par moments, Nicole, résolvant au fur et à mesure de nombreuses énigmes.
Comme souvent, vous allez voir du pays puisque, si l’aventure débute en France, à Paris puis à Marseille, vous vous rendrez ensuite en Amérique du Sud mais aussi à Londres. À la différence de la majorité des point ‘n click, la saga des Broken Sword s’inscrit dans un contexte plus ou moins réaliste, et cette approche véridique se retrouve jusque dans les énigmes à résoudre, qui font preuve d’une certaine logique (farfelue parfois néanmoins, mais moins que dans un Monkey Island). Par exemple, pour éteindre un feu quand on n’a pas d’extincteur, il faut utiliser un distributeur d’eau de Seltz. Hélas, s’il est vide, il faut ouvrir le cabinet contenant les cartouches de gaz, et pour ce faire, rien de mieux qu’une fléchette bien pointue lorsqu’on n’a pas la clef. Enfin moi j’dis ça, j’dis rien…
Comme je vous le disais, il est possible de jouer au titre de Revolution Software à la manette et, même si ce n’est pas l’idéal, les contrôles ont été assez bien pensés : on déplace ainsi le curseur au moyen de la croix directionnelle, le bouton carré servant à interagir avec le décor (équivalent du clic gauche) et la touche cercle à observer l’endroit où se trouve George (équivalent du clic droit). La touche triangle permet d’ouvrir directement l’inventaire sans avoir à déplacer soi-même le curseur vers le bas de l’écran, et la touche Select appelle le menu de pause, dans lequel on peut régler la position de l’écran, le contraste, la vitesse du curseur, le volume sonore et, surtout, grâce auquel on peut sauvegarder où que l’on soit.
Ceci pourrait bien vous sauver la mise, parce que l’on peut mourir dans Les Chevaliers de Baphomet : Les Boucliers de Quetzalcoatl, si l’on ne réalise pas les bonnes actions à certains moments-clefs. L’interface du jeu est par contre on ne peut plus simple. L’intégralité de l’écran est utilisée pour l’exploration, l’inventaire apparaissant en bas d’écran si l’on y place le curseur. En cas de dialogue, c’est un menu spécifique qui apparaît à la place de l’inventaire. On peut discuter de tout et de rien en utilisant l’icône de la bouche, ou bien choisir parmi la liste de sujets pré-établie ; une liste qui varie bien entendu en fonction de votre interlocuteur.
PRENDRE SON MAL EN PATIENCE
Encore une fois, la série de Charles Cecil affiche des graphismes de toute beauté. Intégralement en deux dimensions, Les Chevaliers de Baphomet : Les Boucliers de Quetzalcoatl propose des décors dessinés à la main d’une richesse incomparable, dans lequel s’incrustent parfaitement les personnages, eux aussi travaillés avec beaucoup de précision. Et si votre environnement est complètement statique, les personnages, encore eux, se déplacent avec beaucoup de fluidité. Ajoutons des inter-scènes sous forme de dessins animés d’une belle qualité et une ambiance sonore toujours hors norme, et nous tenons là le meilleur de Revolution Software.
Il se dégage du jeu une ambiance extraordinaire, ponctuée de dialogues savoureux, et l’on s’y croit vraiment, bien aidés que nous sommes par une interface qui sait se faire discrète tout en restant parfaitement accessible en toute occasion. Si bien que, même si d’aventure la quête n’est pas simple, on accroche sans difficulté jusqu’à en voir le terme.
Au rayon des déceptions, on regrettera une maniabilité moins instinctive que sur PC et, surtout, des temps de chargement à rallonge. Mais qu’importe finalement, parce que sur ordinateur comme sur PlayStation, Les Chevaliers de Baphomet : Les Boucliers de Quetzalcoatl reste l’un des meilleurs point ‘n click de sa génération. Notez enfin que l’année dernière est sortie une version remastérisée du titre, sur iOS, de meilleure qualité encore (si cela était possible) et incluant un digital comic signé de Monsieur Dave Gibbons (le co-créateur de Watchmen avec Alan Moore, entre autres), déjà impliqué dans le Beneath a Steel Sky du même Revolution Software.