1996, annus horribilis. Non, ça veut pas dire trou du cul affreux, mais n’empêche qu’on en est pas si loin. Non, c’est vrai, 96 c’est pas vraiment l’année du beat ‘em up, en tout cas pas celle du beat ‘em up 3D sur PlayStation. Killing Zone, c’est la rencontre de Naxat, bien connu pour ses shmups, et de la baston en trois dimensions. Et en matière de rencontre, on peut parler carrément de crash.
TRICKS OR TREATS ?
En fait, Killing Zone reprend la fausse bonne idée de Battle Monsters, un autre beat, mais sorti sur Saturn et en 2D. Il s’agit de faire s’affronter des monstres légendaires (loup-garou, créature de Frankenstein, naga, squelette gladiateur…) dans des arènes ouvertes et sans rebords. Ça sent Halloween, ça a le goût d’Halloween, mais ça reste de la merde quand même.
MONSTRES ET COMPAGNIE
Killing Zone se présente plus ou moins - plutôt moins que plus d’ailleurs - comme un succédané de Soul Blade. Les combats se déroulent sur un plan unique, mais la caméra tournant autour des protagonistes donne l’impression d’arènes tout en troadé. Lesdites arènes n’ont pas de bord, et il est donc possible d’envoyer valdinguer l’adversaire hors de la zone de jeu (Ring Out) afin d’abréger le combat, qui par ailleurs est limité en temps par un chronomètre.
Sans entrer dans les détails d’un gameplay qui n’en vaut pas la peine, vous disposez de plusieurs boutons d’attaque (pieds, poings et spécial) et d’un bouton de garde afin de réaliser vos enchaînements et coups spéciaux, qui sont la plupart du temps chiants à sortir. Pour le reste, chacun des (nombreux, oh là ! oui : sept !) personnages dispose des mêmes coups de base que ses comparses, si bien que l’on se croirait devant un Mortal Kombat en fausse 3D. MK4 ? Oui, il y a de ça.
Sept personnages donc : un lycanthrope, une momie, un squelette, un géant, une fée, une naga et un minotaure, qui changent d’ailleurs de nom selon qu’ils sont contrôlés par le joueur un ou deux. Mais ça fait quand même que sept persos. Quant aux modes de jeu, leur nombre s’élève à deux, ce qui est toujours mieux que un, mais certainement moins bien que… quatre, mettons, histoire de dire (faire du remplissage permet aussi de me calmer les nerfs). Deux modes de jeu donc, disais-je : le mode arcade, classique, normal quoi. Et le mode automatique. Alors le mode automatique je connais, je peux en parler en toute connaissance de cause parce que je l’ai croisé au cours de ma seule et unique partie de Revengers of Vengeance, sur Mega Drive.
Le mode automatique se déroule ainsi : on choisit un personnage, et on le regarde concourir contre les autres, sans pouvoir intervenir. En gros, c’est comme la démo lorsqu’on laisse tourner un jeu à l’écran-titre, sauf que là on peut choisir le perso. Ce qui, je vous l’accorde, ne valait certainement pas un mode complet.
LE JEU QUI TUE
Naxat est une boîte qui m’a rarement déçu, mais il faut dire que je sélectionnais leurs jeux aussi, avant de les acheter. Et puis là paf, l’erreur de parcours, la faute de goût.
Killing Zone (à ne pas confondre avec Killzone) est, pour commencer, grotesque. C’est le premier mot qui vient à la bouche, à condition d’avoir un minimum de vocabulaire bien entendu. Grotesque oui, car il ne viendrait pas à l’esprit d’un enfant de plus de cinq ans de faire s’affronter le monstre de Frankenstein et les squelettes vivants des vieux péplums. Le principe est nase, aucun background ne se détache et chacun des participants dispose d’un capital sympathie égal au carré de la tangente divisé par le cosinus de l’âge du capitaine. Je pose trois, je retiens rien et ça nous fait donc un bon gros zéro pointé.
Ensuite, Killing Zone est hideux. Oui, c’est au-dessus de « moche » et à l’opposé de « beau », or à moins d’être masochiste dans l’âme, cela signifie que vous n’aimerez pas. Les décors sont totalement vides, les personnages polygonaux à souhait… Que l’on ait pu, à l’époque, bouder le pixel pour ce genre d’infamies me laisse encore perplexe.
Et c’est sans compter sur l’absence totale de musiques de fond, et surtout sur les animations bâclées : il n’est pas rare qu’un personnage traverse tout l’écran en trois mouvements, disparaissant entre deux, sans doute afin de ne pas faire surchauffer la bécane…
Seulement, lorsque cela implique des nuisances au niveau de la jouabilité, c’est problématique. Déjà que le jeu n’est pas gâté par sa maniabilité à la Mortal Kombat et sa difficulté outrancière, ça fait comme qui dirait un peu beaucoup.
Résumons : Killing Zone est grotesque, hideux et injouable. Ne manquait donc plus qu’une durée de vie minimale pour compléter le tableau : avec sept personnages et un seul mode de jeu (non, même si vous me payez je ne compterai pas le mode auto comme un mode de jeu à part entière), c’est précisément le cas.
Killing Zone est donc un jeu de son temps, ou du moins il le serait s’il était sorti en 1954. Quarante-deux ans plus tard, il est pour le moins dépassé par les événements, et il aurait sans doute mérité mon plus beau zéro si je n’avais pas joué deux jours avant à Iron & Blood, qui m’a permis de sérieusement relativiser.