Heart of Darkness est un jeu vidéo PlayStation publié par Oceanen 1998 .

  • 1998
  • Plates-formes

Test du jeu vidéo Heart of Darkness

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Heart of Darkness (HoD désormais) avait été annoncé à peu près à l’époque de la sortie de la PlayStation au Japon, si ma mémoire est bonne. 1994, époque ou la Mega Drive marchait encore bien, et où non seulement la Super Nintendo cartonnait, mais où ses plus grands jeux n’étaient pour la plupart pas encore sortis. Annoncé sous la forme d’un soft de plates-formes 2D, ce jeu avait fait forte impression.

Et pourtant, c’est fin 1998 que sort HoD, soit entre les Tomb Raider 2 et 3, avant Zelda 64 et bien après Final Fantasy VII…

Andy au pays des merveilles

Tout commence lorsque Andy (vous), sorti promener son chien et observer une éclipse solaire, voit son chien capturé par une ombre. N’écoutant que son courage, il chope une machine volante qu’il a construite, un flingue façon Ghostbuster (il a l’air d’avoir bien bossé à l’école, lui :/) et s’élance pour sauver son chien. Hélas, il se crashe dans une dimension parallèle, et arrive donc en milieu très hostile. A lui de montrer sa débrouillardise et de se démerder pour retrouver son clébard et sortir d’ici.

Bon, à ce niveau-là, vous venez d’assister à une cinématique en images de synthèse de qualité remarquable… pour l’époque. Même actuellement, l’humour qui y est présenté et la bouille de joufflu sympathique d’Andy sauvent très bien les meubles.

Et, à l’instar d’un Oddworld, le fondu cinématique/jeu réel se fait de façon très fluide.

Seul contre tous !

Nous voilà dans le jeu… et le moins qu’on puisse dire, c’est que cet environnement est très hostile, bourré d’ennemis très variés : cela va des piranhas aux plantes carnivores, en passant par les monstres humanoïdes divers, et surtout, les ombres. La plupart de vos ennemis seront en effet des ombres, et vous apprendrez à vous méfier des ombres d’éléments a priori inoffensifs.

Sans compter les obstacles plus ou moins naturels (rochers qui tombent, gouffre plein de piques). Si cela reste soft au début, ça se complique vite. On apprendra donc à manier le personnage, le fusil à protons et les différents mouvements, assez nombreux ma foi : Andy peut courir, sauter, tirer dans toutes les directions, ramper, grimper… Il gagnera aussi des pouvoirs en cours de jeu (il pourra lancer des boules de feu).

Mais passé 3 minutes de jeu, les ennemis sont tellement nombreux qu’on se croirait presque dans un Metal Slug, et plus dans un jeu de plates-formes.

Cela dit, bien que HoD soit bel et bien un jeu de plates-formes en 2D, il n’a RIEN à voir avec un Mario ou un Sonic, et se rapprocherait plus d’un Flashback ou (encore une fois) d’un des Oddworld. Pas de scrolling vertical ou horizontal, plutôt des tableaux, des salles qu’il faudra passer pour arriver à la suivante, avec à chaque fois une petite énigme à résoudre.

En effet, rien à foutre de la vitesse, et place à une extrême prudence. Chaque salle renferme son lot de pièges, et autant d’énigmes à résoudre pour les passer sain et sauf. Sachez que le jeu ne vous fera aucun cadeau à ce niveau-là, et qu’il est d’une grande difficulté. Vous allez bloquer souvent et mourir encore plus souvent.

Vive la 2D !

La 3D s’est vraiment développée avec l’arrivée de la PlayStation sur le marché. Franchement, vu la 3D toute moche qu’elle était capable de créer, et vu la 2D de ce jeu, je comprends pas le choix des développeurs de faire à tout prix de la 3D.

HoD est… magnifique, et c’est encore très loin de la vérité. Les décors sont hallucinants de beauté, de même que les ennemis ! Palme d’or pour les effets d’ombre et de lumière, qui sont… incroyables, tout bonnement. Aucune photo ne peut rendre grâce à la réalisation parfaite de ce titre, il faut voir ça en vidéo pour le croire. Car les animations sont fabuleuses ! Et je ne parle pas que d’Andy, mais aussi des ennemis, voire des décors, qui ont souvent l’air vivant, tant les jeux d’ombre y sont nombreux, tant tout fourmille de détails enchanteurs. Et le tout qui, parfois, sans qu’on s’en rende compte, passe du jeu à une cinématique en images de synthèse, sans qu’on voie la transition ou le fondu de l’écran…

Jamais je n’aurais cru la PlayStation capable d’un jeu pareil. Moi qui pensais que la Rolls des consoles en 2D à l’époque était la Neo-Geo, et en moindre mesure, la Saturn, bah, je me prosterne humblement devant Sony, pour une fois. Quand je pense que HoD était prévu pour fin 95 ou début 96 au début, je suis sur le cul. :/

Musicalement, là encore, c’est grandiose. La bande musicale semble avoir été conçue par un véritable orchestre symphonique, s’adaptant à toutes les situations comme si un maestro suivait votre progression avec attention. Les bruitages sont également parfaits, que ce soit les cris d’Andy, les bruits du décor qui bouge, les bruits d’ambiance, les ennemis…

Pas pour les gamins !

Je vois venir les nuances, déjà. Un scénario digne d’un Disney, avec comme héros un gamin joufflu et rouquin… Qui plus est, certains personnages sont extrêmement charismatiques et sympathiques, et le jeu ne manque souvent pas d’humour, malgré un scénario extrêmement développé. Mais cette impression bon-enfant est clairement trompeuse.

D’une, comme je l’ai dit plus haut, vous mourrez souvent, et de mort horrible. Bouffé par un gros monstre (on entend craquer les os d’Andy), empalé sur des pieux après une chute de 15 mètres, dissout dans un lac d’acide… Vous n’avez pas de barre de vie, et trépasserez très facilement.

Heureusement, outre les quelques véritables points vous permettant de sauvegarder durablement, une sauvegarde automatique s’effectue toutes les quelques salles, et à chaque mort, vous reprendrez à la salle où vous avez perdu, ou juste avant.

De deux : la difficulté est, en règle générale, assez élevée, même si ceux qui auront connu les jeux du genre sur 16 bits (Another World ou Flashback) risquent de trouver ça facile. Cela dit, la pratique intensive de ce jeu est très conseillée pour améliorer vos réflexes. ^^

La grande difficulté viendra du peu d’indices donnés pour progresser. Comment deviner que la plate-forme sur laquelle on se trouve est fragile, et qu’en sautant dessus elle basculera sur une plate-forme voisine, vous dégageant le passage ? Comment deviner qu’en tirant sur un rocher en particulier (qui ne se distingue en rien des dizaines d’autres à l’écran), il s’effondrera, libérant le passage ?

La règle d’or : ne surtout pas perdre patience, sinon vous deviendrez fou à jouer à ce jeu.

Quelques défauts quand même

Bon, pas la peine de tergiverser : j’ai adoré ce Heart of Darkness… même si, à mes yeux, il y a bien meilleur sur PlayStation : les deux Oddworld.

En cause : déjà HoD, s’il est difficile (moins qu’Oddworld cela dit), est assez court : 8 niveaux, et il se finit en 2-3 heures quand on a l’habitude. Heureusement, ils sont tous magnifiques et très variés. On traverse des montagnes, des jungles, un marais, un niveau sous-marin…

Ensuite, il manque de richesse, et du coup, sa rejouabilité est quasiment nulle. Alors que dans Oddworld, on prend plaisir à tout recommencer pour libérer tous les Mudokons, par exemple. Une fois Heart of Darkness fini, on est heureux, on a vécu une expérience surprenante, mais n’empêche qu’on n’a pas l’intention d’y rejouer de sitôt, parce qu’on a alors quasiment tout vu du jeu. Aucune quête annexe, aucun objectif secondaire… Dommage. :(

Un excellent jeu : 18/20

Ce jeu est un bijou en son genre. Si vous avez une PlayStation, que vous êtes nostalgique des jeux 16 bits de Shiny et que vous n’avez pas peur de galérer pour finir un jeu, il est tout bonnement indispensable, sans autres commentaires. Un très très grand jeu.

Heart of Darkness