Guilty Gear est un jeu vidéo PlayStation publié par Atlusen 1998 .

  • 1998
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Guilty Gear

3/5 — Très bien par

Premier épisode d’une série qui va connaître un succès immédiat, Guilty Gear devait se positionner en challenger, voire en successeur, de Street Fighter et King of Fighters. Arc System Works, qui jusque là ne s’était fait remarquer que pour la série méconnue des jeux de stratégie Wizard’s Harmony, se taille avec ce jeu une réputation mondiale.

FAITES LA GUERRE, PAS L’AMOUR

Nous sommes au XXIIe siècle et une nouvelle forme d’énergie, la magie, a remplacé la technologie. Les armes de destruction massive ont été proscrites, mais une nouvelle forme de guerre ne tarde pas à éclater entre les Humains et les Gears, des hommes dont l’ADN a été fusionné avec la magie. Les Gears sont menés par le fanatique Justice, et il faudra aux Humains près de cent ans et une résistance hors normes pour parvenir à maîtriser la créature, et à l’enfermer définitivement.

Jusque là c’était cohérent, malheureusement puisqu’il s’agit d’un beat, ça ne va pas durer. En effet, cinq ans après le bannissement de Justice, les portes de sa prison dimensionnelle commencent à s’éroder, et les gouvernements du monde entier organisent un tournoi afin de déterminer quels seront les champions à même d’affronter une deuxième fois Justice, s’il parvenait à s’échapper.

J’AI BAC PLUS QUATRE, OPTION BEAT ‘EM UP

Bon alors ouais, OK, Guilty Gear est un beat ‘em up tout ce qu’il y a de plus 2D, avec un panel de dix personnages plus trois à débloquer, et des modes de jeu tout ce qu’il y a de plus standard : l’arcade pour un joueur, le versus pour jouer à deux et l’entraînement. Au moins on sera pas emmerdé pour faire son choix.

Les combats en eux-mêmes n’ont rien de révolutionnaire non plus. Il s’agit de duels en un-contre-un au cours de matches en deux rounds gagnants, chronométrés ou non selon le mode de jeu. Vous devez vider la jauge de l’adversaire avant qu’il n’en fasse de même, et vous remarquez que cette jauge doit être vidée deux fois avant que le bonhomme ne tombe raide mort.

C’est à partir de là que ça va se compliquer. Mais commençons par ce qui est le plus intelligible dans l’histoire : les commandes. Vous disposez de la croix ou du stick pour vous mouvoir - appuyez deux fois vers l’avant ou l’arrière pour dasher, deux fois vers le haut pour faire un bond de cabris - et des quatre boutons pour frapper. En tout il y a un bouton dédié aux coups de poing, un aux coups de pied, et deux aux slashes, qui sont des attaques à longue portée. Vous disposez également d’une touche pour défier l’adversaire, et d’une touche pour charger vos attaques, sur laquelle je reviendrai incessamment sous pneu.

Tout de suite en fait. Cette touche est donc utilisée pour réaliser ce que l’on appelle des Charged Moves, donc des mouvements chargés si je suis pas trop une buse en anglais. En gros, il s’agit d’un coup spécial, mais au lieu de terminer votre action par un bouton de coup, vous le remplacez par le bouton de charge : du coup vous allez emmagasiner de l’énergie (attention, vous êtes bien entendu vulnérable lors d’une telle opération) sous la forme d’une jauge en bas d’écran, et la prochaine fois que vous réaliserez cette attaque elle sera bien plus puissante. Considérez ça comme les EX Moves des Street, en version chiante.

Après on a les Chaos Moves. C’est un autre délire, là. Deux moyens de déclencher un Chaos Move : soit lorsque votre barre de vie est à moitié vide (vous clignotez en rouge, c’est le même principe que les Desperation Moves de Fatal Fury), soit lorsque votre jauge de chaos, située en bas d’écran, est pleine (là c’est le même principe que les jauge de super dans les Street). Quoi qu’il en soit, les Chaos Moves sont des super coups spéciaux bien ravageurs.

Mais il y a mieux. Y’a le coup qui tue : une manip’ (valable pour tous les persos), et vous gagnez instantanément les deux rounds ! Il y a néanmoins la possibilité de la contrer, heureusement. Ajoutons à cette belle brochette toute une panoplie de contres, casse-garde, combos aériens et autres joyeusetés, et cela nous donne un beat extrêmement technique.

JE DÉCLARE L’ACCUSÉ NON COUPABLE

Guilty Gear a pour lui une réalisation en deux dimensions fort sympathique, qui n’est pas sans rappeler Dark Stalkers pour sa grandiloquence, et des personnages très travaillés qui ont beaucoup de charme. C’est également un jeu technique au challenge important, et les amateurs de rock débridé seront probablement sensibles à la bande-son tonitruante du titre.

Cependant, Guilty Gear n’est pas exempt de défauts non plus, loin s’en faut. Tout d’abord, les animations sont hachées et assez lentes, ce qui rend la jouabilité lourde et oblige à apprendre un nouveau timing, par rapport aux jeux de la concurrence. Ensuite, le gameplay est vraiment technique, trop même, et on passe plus de temps à apprendre à maîtriser les personnages qu’à véritablement s’amuser. La difficulté déjà importante du jeu s’en trouve encore rehaussée. Enfin, Guilty Gear souffre d’une faible durée de vie. Quand bien même la véritable longévité d’un beat se mesure à son mode versus, il manque tout de même ici un peu trop de personnages et de modes de jeu pour en faire un soft complet.

Ceci dit, il faut prendre Guilty Gear pour ce qu’il est : le brouillon d’une œuvre globalement forte, qui a véritablement commencé avec l’épisode X.

Guilty Gear