Alors quoi, pas le moindre test de l’un des deux Fear Effet ? Pourtant, la franchise a connu son heure de gloire et ses géniteurs, chez Eidos (Tomb Raider notamment), avaient de quoi être fiers. Pas fan des aventures de Lara Croft, je me suis pourtant intéressé à ce jeu, en particulier à cause d’une vidéo loin d’être anodine. J’en recause dans deux minutes, le temps de vous expliquer de quoi il retourne.
WHAT THE HELL IS THAT FUCKING THING ?!
Difficile de résumer le scénario de Fear Effect en trois lignes. Tout commence pourtant comme une simple enquête policière mâtinée d’espionnage : la séduisante fille d’une businessman chinois a été enlevée, et une force d’intervention est envoyée pour la récupérer. Elle se heurtera à la fois aux kidnappeurs et aux sbires du milliardaire, qui veulent la retrouver avant.
Seulement là où ça se complique, c’est lorsque la mission se transforme en « Sauvez la planète » et qu’entrent en ligne de compte les armées du Roi de l’Enfer en personne ! Ce dernier veut ouvrir un portail vers la Terre afin de la conquérir. Et face à lui, y’a que vous : une espionne super motivée !
MÊME PAS PEUR !
Fear Effect est difficile à classer. Il s’apparente à la fois aux jeux d’aventure type Tomb Raider (forcément) et aux survival-horror tels qu’ils existaient à l’époque. Le jeu est divisé en cinq gros chapitres qui tiennent à la fois de l’exploration, de la résolution d’énigmes basiques et du flingage de streums, avec un ou deux boss histoire de dire. Notez que le jeu tient sur quatre CD, et plutôt que de s’enchaîner logiquement comme la plupart des jeux PlayStation, il vous faudra régulièrement alterner les CD comme c’est le cas, souvent, sur PC.
Les contrôles sont dans la mouvance des jeux d’époque : pour aller dans une direction, il ne suffit pas d’incliner le stick, il faut d’abord changer de direction puis avancer (des déplacements à la Tomb Raider, on en revient encore et toujours au même point). Triangle permet de réaliser une action contextuelle ou de changer d’arme, croix permet de tirer et carré et cercle de se déplacer dans l’inventaire de l’héroïne. L1 permet de faire demi-tour d’un seul coup, R1 de courir, L2 d’esquiver et R2 de s’accroupir. Tout ceci n’étant valable que si vous laissez la configuration par défaut.
Hana (c’est le nom de l’héroïne) disposera d’un grand nombre d’armes - pistolet, uzi, mitrailleuse, fusil à pompe… - mais, lorsque vous tomberez à court de munitions, vous devrez continuer à vous battre seulement avec un canif en main.
La principale différence entre Fear Effect et un autre jeu du genre, c’est que vous ne disposez pas d’une quelconque jauge de santé. Techniquement, vous ne pouvez pas véritablement mourir de vos blessures. En lieu et place d’une telle jauge vous verrez apparaître à l’écran, lorsque vous vous trouverez en danger, votre ECG, votre rythme cardiaque quoi, qui est ici appelé ‘niveau de peur’. En effet, lorsque Hana se bat, se retrouve en danger ou en présence de quelque chose qui l’angoisse, son pouls s’accélère. Au départ vert et calme, le Fear Level vire au jaune, puis à l’orange et enfin au rouge. Et là, c’est pas bon : à moins que vous ne résolviez rapidement le problème qui vous cause une telle frayeur, vous allez mourir !
Et le pire dans l’histoire, c’est qu’il n’y a rien pour « soigner » un Fear Level élevé. Il n’existe pas de kit médical comme dans n’importe quel survival, rien, que dalle ! Le seul moyen est de vous calmer, et donc de trouver un endroit sans ennemis. Ce qui ne restaure d’ailleurs pas toujours complètement votre ECG. Le seul moyen de retomber dans le vert, c’est d’affronter un boss (avant et après le combat, le jeu vous soigne la plupart du temps), de changer de personnage (vous contrôlerez à certains moments d’autre héros que Hana) ou de compléter une mission.
LE JEU QUI VA VOUS FAIRE DE L’EFFECT !
Fear Effect a pour lui une réalisation hors normes. Scénarisé comme un blockbuster hollywoodien, le jeu en conserve le cadrage dynamique, les nombreuses scènes cinématiques se fondant littéralement dans l’action pour un résultat des plus savoureux. Qui plus est, les personnages sont très travaillés, et Hana notamment dispose d’un énorme capital sympathie.
D’autant que le jeu est affublé de graphismes esthétiquement intéressants, préfigurant un peu le style cel-shading qui deviendra une norme quelques années plus tard. A l’époque, où ce terme n’existait pas encore, on pouvait décrire ces grands à-plats et ce style dépouillé comme une transposition en jeu vidéo des dessins de Batman Beyond (l’animé américain mettant en scène le Batman du futur).
Par contre, il faut bien avouer que les animations sont loin de faire dans le réalisme, et Hana se déplace vraiment avec un balai dans le cul en dehors des CG. La partie sonore est, quant à elle, minimaliste, ce qui a l’avantage de renforcer l’ambiance oppressante du jeu.
Reste que Fear Effect n’est pas un dessin animé. Et c’est bien là que le bât blesse. En effet, la jouabilité est pénible (c’est principalement à cause des déplacements à la con que j’évite autant que faire se peut les Tombraider-like), la visée manque de précision et elle n’est qui plus est pas beaucoup aidée par des cadrages parfois vraiment débiles (genre dans l’angle d’un mur, ou tellement en hauteur qu’on a l’impression de regarder une fourmilière… C’est sympa dans un film, mais plus chiant dans un jeu).
Du coup l’aventure s’avère souvent complexe, d’autant que le Fear Level a une fâcheuse tendance à grimper en flèche à la moindre occasion. Sinon, la quête n’est pas bien longue, tenant grosso merdo une dizaine d’heures. Mais les plus persévérants pourront la rejouer trois fois au moins, puisque c’est précisément le nombre de fins différentes.
Ah oui c’est vrai, j’ai pas parlé de la fameuse vidéo. Dans ce trailer, on voyait Hana et une autre jeune femme (à l’époque on ne savait pas qui elle était) nous allumer en nous faisant clairement comprendre qu’elles n’allaient pas en rester là dans leur rapprochement. Or, j’avais dix-sept ans à l’époque, il m’en fallait pas beaucoup plus pour me convaincre : ce jeu, il me le FALLAIT ! Aujourd’hui, je ne regrette pas franchement, mais disons que ça aurait pu être franchement sympa avec une maniabilité un peu mieux pensée.