Destrega est un jeu vidéo PlayStation publié par KOEIen 1998 .

  • 1998
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Destrega

0.5/5 — Nul !! par

Déjà à l’origine de Dynasty Warriors pour le compte de la même KOEI, Omega Force signe l’année suivante un beat ‘em up, toujours sur PlayStation. Destrega est son nom, et désastreux est le terme qui lui convient le mieux.

FINAL FANTASY VI, MON IDOLE

L’histoire de Destrega commence quelques mille ans plus tôt. A cette époque, les Strega (comme y’en a plusieurs, on dit « des Strega » ; non, ne me remerciez pas), un puissant peuple capable de maîtriser la magie, offrit à l’humanité des objets magiques, les Reliques, qui lui permettraient d’atteindre le même niveau d’illumination. Cependant, le genre humain étant ce qu’il est, cette nouvelle source de pouvoir donna bientôt lieu à une guerre sans fin parmi les Hommes. Aujourd’hui, seule une poignée de Strega a survécu, traquée sans relâche par un certain Zauber, empereur de la nation de Zamuel. On comprendra aisément que le bougre veuille annihiler toute résistance afin d’asseoir sa domination.

On remarquera aussi qu’en remplaçant « Strega » par « Magus », « Reliques » par « Magicite » et « Zauber » par « Gesthal », on obtient mot pour mot le scénario de Final Fantasy VI, preuve qu’Omega Force ne manque pas d’imagination, lorsqu’il s’agit de piquer les idées des copains.

SI TU ME CHERCHES TROP, JE TE TRANSFORME EN SHEEP

Destrega est un beat ‘em up intégralement en 3D, avec une caméra toujours placée au-dessus des combattants, se rapprochant ou dé-zoomant selon l’éloignement des adversaires. En effet, la principale caractéristique du jeu est d’offrir des arènes vraiment vastes et biscornues, à la manière des Smash Bros. ou Jump Ultimate.

De ces arènes découle directement le gameplay. En effet, puisque le terrain est loin d’être plat, il a été prévu une touche de saut (croix). Puisque le terrain est vaste, les combattants courent plutôt que d’avancer sagement l’un vers l’autre. Et parce qu’il est vraiment difficile de coller son poing dans la gueule d’un adversaire situé à trente mètres de distance, les combattants maîtrisent des attaques à longue portée.

Ainsi, les touches carré, triangle et cercle permettent de balancer des sorts à l’adversaire si vous êtes trop loin (c’est l’ordinateur qui détermine à quel moment vous êtes trop loin). De près, elles permettent respectivement de frapper faiblement devant soi, fortement ou sur le côté.

Mais revenons-en aux magies. Là encore, il y a trois types de sorts : carré déclenche un sort faible mais rapide appelé Tidu, triangle envoie un sort puissant mais lent et concentré baptisé Est, et cercle balance un sort moyennement puissant mais au large rayon d’action nommé Foh. Notez que vous planez légèrement lorsque vous concentrez ces sorts, si bien que votre adversaire devra vous coller au caleçon s’il veut vous frapper, et ainsi vous empêcher de lui mettre une misère.

Pour le reste, Destrega est relativement classique. Vous affrontez votre adversaire en un contre un, durant deux rounds gagnants qui, pour une fois, ne sont pas chronométrés. Vous avez plus ou moins la possibilité de réaliser des enchaînements, et vous pouvez sélectionner votre personnage parmi douze, dont certains cachés venus directement de Dynasty Warriors.

JE VOUS DEMANDE DE BIEN VOULOIR CESSER

Il existe deux catégories de mauvais jeux : ceux qui ont voulu bien faire mais qui se sont plantés, et ceux qui enchaînent les tares comme Ronaldo enchaîne les jongles. Je vais pas vous faire un dessin, mais vous comprendrez au vu de ma note que Destrega s’inscrit dans la deuxième catégorie. En fait, il s’inscrit même pas, il en a pas besoin : il est désigné d’office.

Destrega, c’est d’abord un scénariste qui a osé pomper l’histoire de mon jeu à moi que j’aime, et qui a cru que je m’en apercevrais pas. Non mais oh, tu me prends pour un cave, mon gars, ou quoi ? Et puis bon, c’est pas non plus comme si les personnages avaient un quelconque charisme.

Destrega, c’est aussi un graphiste qui pense que le vide, c’est de l’art. Je vois que ça pour expliquer à quel point les arènes sont vides, ternes, moches, sèches, mortes, fades, inexpressives, froides et inexpugnables. Si, elles sont inexpugnables si je veux. Tu places deux bonshommes de trois polygones sur deux dans des décors gigantesques et vides, ternes, blablabla, eh ben moi je dis que c’est inexpugnable. Comment ? Inexcusable ? Ouais, si tu veux.

Enfin bref, Destrega, c’est encore un animateur (pas Jean-Pierre Foucault, je parle du mec qui fait les animations) fan de Pinocchio - ça peut être que ça vu comment les personnages se déplacent comme des marionnettes - et un musicos qui a oublié qu’un synthé pouvait rendre plusieurs notes différentes.

Mais surtout Destrega, c’est un programmeur aigri. Gamin, le monsieur qui a codé le bouzin s’est probablement fait lyncher à coup d’Intellivision, ou alors il s’est fait tabasser par un gorille portant un t-shirt I love Atari. Bref, quoi qu’il en soit, il en a conçu une profonde aversion pour les joueurs de jeux vidéo, et du coup il a décidé de les faire souffrir. C’est pas tellement que le jeu est injouable, c’est juste qu’il ne présente aucun intérêt. Au corps à corps, les combos s’enchaînent simplement en martelant le même bouton encore et encore ; y’a pas de coups spéciaux, je veux dire des vrais, avec des manips à la con pour sortir une pauvre boule de feu deux de tension ; l’ordinateur a une interprétation très variable de la notion de distance, si bien que des fois on balance une magie alors qu’on voulait frapper à la main… Vous l’aurez compris, le gameplay a été à peu près aussi réfléchi que celui de Mortal Kombat.

Bon, grosso modo, ces cinq individus dont je viens de vous dresser le portrait nous prouvent qu’Omega Force est une belle usine de canards boiteux. Alors OK, second degré, toussa toussa… Mais il n’empêche que Destrega reste à jamais une bonne, une grosse, une savoureuse merde, à éviter comme la peste.

Destrega