Cho Aniki : Kyuukyoku Muteki Ginga Saikyou Otoko est un jeu vidéo PlayStation publié par N/Cen 1995 .

  • 1995
  • Shoot Them Up

Test du jeu vidéo Cho Aniki : Kyuukyoku Muteki Ginga Saikyou Otoko

0.5/5 — Nul !! par

Ovni ludique

Japon, terre des jeux vidéos étranges où le summum de certaines catégories côtoie parfois des essais inclassables…

Un jeu délirant, autant par son côté « gay power » que par sa nullité.

Introduction

Choh Aniki sur PS1 est un shoot them up, genre très classique du jeu vidéo où, d’ordinaire, on dirige un vaisseau spatial capable de se mouvoir dans toutes les directions de l’écran pour pouvoir faire face à des envahisseurs venus de l’espace en tirant moult projectiles. Un principe immuable, ancestral, dont on ne soupçonnerait pas qu’il puisse contenir une once d’originalité. Et pourtant… si des titres comme Ikaruga sur Dreamcast ont certaines originalités qui dépoussièrent le genre, Choh Aniki se distingue par son design…

Il faut savoir que cette série est ancienne et a vu le jour sur Nec PC Engine déjà, avant de faire un tour sur toutes les consoles au Japon. Il est ce qu’on appelle un « kusogé » au Japon, c’est-à-dire ‘kuso’ = ‘merde’, et ‘gé’ = contraction de ‘game’ en anglais.

Un jeu… de merde. Il faut savoir aussi que les Japonais vouent un véritable culte aux jeux pourris ; plus c’est daubissime, plus ils en parlent pour s’en moquer. Il y a même, dans Famitsu (le magazine console japonais le plus connu), un top « kusogé » dans lequel Choh Aniki figure depuis longtemps.

C’est aussi la raison pour laquelle ce jeu est célèbre : parce que c’est complètement pourri, donc culte ! C’est le même sentiment qui nous anime, nous, certains Européens, à adorer des films -qu’on appelle « nanards »- pourris, ridicules, mais tellement qu’ils nous font rire, et qu’on finit par s’y attacher (regardez « l’attaque de la moussaka géante », vous comprendrez ce que nanard veut dire).

Et là, ça va loin dans le kusogé, avec pour thème une homosexualité et une passion des beaux corps huilés affichées, le tout sous la forme d’un presque classique shoot them up des familles.

Vous l’aurez compris, Choh Aniki sur PS1 est un shoot them up mettant en scène un personnage, homme ou femme, qui se déplace dans le ciel en position allongée et qui part vaincre une légion d’ennemis composée en grande partie d’hommes musclés et quasi-nus, dont les parties sensibles ne sont voilées que par un slip très léger ou des parties métalliques les faisant vaguement ressembler à un vaisseau spatial humain avec un slip en métal… Outre les culturistes envahisseurs, les ennemis ont également des formes indescriptibles. Certains, si minuscules qu’on peine à les distinguer, évoquent une forme phallique ; d’autres sont des troncs humains armés de mitraillettes, ou encore des têtes dont la coiffure rappelle les meilleurs moments des Jackson Five ! Un bestiaire indescriptible, complètement barré, et qui ensevelit votre écran par leur trop grande présence.

Écran pas très chatoyant, d’ailleurs. Les graphismes mêlent des personnages digitalisés avec des techniques de 1995 et des décors en pixels plus classiques. Décors représentant durant la quasi totalité du jeu une espèce de temple que l’on imagine dans l’espace, avec un parterre de fleurs très gaies et dont les colonnes sont des statues d’hommes virils en pleine démonstration de leurs atouts.

L’intro en jette, avec ses culturistes musclés qui boudinent des biceps pour faire fantasmer tout homme sensible aux charmes du même sexe. Jugez plutôt :

un bonhomme bizarre en 2D marche et chante, en alternance avec de beaux mâles qui exhibent une musculature impressionnante. À la pression sur start, une espèce de dieu vous demande, sans doute, d’aller éradiquer le mesquin (c’est dommage que les subtilités de la langue japonaise m’échappent, car les dialogues doivent sans doute être formidables, pleins de jeux de mots… enfin j’imagine).

Le jeu

Un start plus tard, me voilà face au jeu. Enfin. Et là, dans les airs d’une ville en 2D sous fond de musique dance bizarre, je dirige un beau mâle bodybuildé habillé juste d’un casque à cornes et d’un slip noir, qui tourne sur lui même et envoie des boulettes mortelles aux ennemis en pressant O, touche caractéristique des jeux japonais qui, à l’inverse de l’Europe, considèrent la croix comme une annulation, alors qu’ici c’est le contraire. Voilà pour la petite anecdote à sortir en soirée mondaine.

Sans trop comprendre ce qui m’arrive, je me démène -comme tout joueur de shmup le ferait- contre des ennemis de formes indescriptibles. Lorsque je comprends, par pur hasard, qu’une manipulation haut/bas répétée amène un super-tir. Manipulation dont je vous laisse le soin d’imaginer le rapprochement. Mais la horde d’adversaires est trop vivace et je péris vite face aux ennemis, pas excessivement nombreux mais difficiles à cause d’une jouabilité « gastéropodique ».

Me voilà donc face à un superbe écran qui montre mon personnage à terre, en insistant sur le slip du dieu (?) que ne renierait pas le Thierry la fronde que nos parents regardaient, moulant à satiété.

Game Over ?

Non.

Un court écran inter-titre et me revoilà sous d’autres cieux, avec un nouvel éphèbe à diriger, cette fois-ci secondé par deux sous-fifres sculpturaux prêt à casser de l’ennemi. Quelques « agitements » (hem…) de la manette plus tard, je péris à nouveau.

Notons, chose importante, que le choix entre un homme et une femme est possible lors d’un écran court comme l’éclair.

Impossible de renâcler à la tâche : comme dans un jeu antique, je me mets à apprendre le déplacement des ennemis, leur position à tel moment, pour espérer franchir un niveau ; comme au bon vieux temps des 16 bits (pas de jeux de mots vaseux je vous prie).

Une difficulté rare, totalement due à la maniabilité atroce, survient.

Petit à petit, je progresse. Dans un délire où les formes phalliques abondent, poussé par une musique dont on ne soupçonne pas l’hypnotisme (mais pas de quoi pousser au coming out), je parviens à me hisser au boss du premier niveau. Boss qui, là encore, essaye de me faire tomber, dans une certaine approche à grand renfort d’imagerie sexuelle « pour les hommes qui aiment les hommes », dans des territoires sombres où je ne m’aventurerais pas, et me fait succomber sous ses tirs ennemis.

Lassé, j’arrête. Et je me dis « ça c’est un jeu unique en son genre ». Une expérience à vivre, rien que pour le fun.

Conclusion

Soyons clairs : c’est un jeu excessivement pourri. La maniabilité est inexistante, la cadence de tir ridicule, les graphismes sont, même pour l’époque, inadmissibles… Mais c’est l’un des kusogé les plus rares et les plus insupportables de son temps ; pas étonnant qu’il soit si cher et si introuvable aujourd’hui (vu a 150 € sur e-bay !).

Une expérience unique en son genre : le seul jeu qui abreuve les hommes qui aiment les hommes d’imagerie affichée, qui ose… et rien que pour ça, il est unique.

Si vous cherchez un shmup, donnez à ce jeu la note de 1/10. Si vous cherchez une bizarrerie japonaise, un culte aux hommes musclés, là, vous serez comblé.

Cho Aniki : Kyuukyoku Muteki Ginga Saikyou Otoko