Le roi Midas…
Tout le monde connaît la légende de Midas, qui changeait tout ce qu’il touchait en ce métal cher à Picsou, l’or. Quel rapport, me demanderez-vous, avec Card Shark?
Et bien, il se trouve que la société qui a édité ce jeu s’appelle Midas Game, et semble ne plus avoir donné signe de vie depuis 2003.
Midas Game fut l’un de ces éditeurs spécialisés dans ce que j’appelle le hard discount du jeu vidéo : des jeux programmés avec des bouts de ficelle, proposés neufs à des prix défiants l’imagination. Vous savez, ce genre de jeux qu’on trouve à foison dans les bacs « jouez pas cher » dans les grandes surfaces, avec des jaquettes aguicheuses pour quelques euros, et dont tout gamer qui se respecte aura le sourire aux lèvres en entendant le profane derrière lui qui s’exclame « Waaah c’est pas cher, ça a l’air bien ! Ultra Destruction Racer, ça doit être mortel ! »
PC, PS2, PSP, toutes les plates-formes ont subi les affres du roi au doigt d’or, dans tous les genres : jeux de cartes, stratégie, simulation, sudoku… c’est quasiment incalculable. Actuellement, c’est sur DS que ce genre de jeux affluent, avec la prestigieuse société 505 Games (humour…).
Voici donc l’un de ces navets, perdus et oubliés de tous sur la petite console grise, ayant pour thème les jeux de cartes à jouer.
Quinte flush royale
La jaquette de Card Shark éveille déjà la curiosité. Je cite, c’est collector : « Vibrant presentation brings the action to life with up to four players able to compete simultaneously, a game of card has never been so much fun! »
Donc, le monsieur nous apprend que la présentation ultra fun du jeu apporte un intérêt extraordinaire. Alors là, je demande à voir !
Une fois la galette enfournée, c’est la consternation devant la présentation super fun, d’un risible à en avoir mal au ventre. Imaginez un dessinateur de BD au chômage, qui n’a jamais percé parce qu’il est simplement mauvais. Vous obtiendrez la « vibrant presentation » : des images en 2D de singes prétendument rigolos, une bouilloire avec un air méchant, un rejeton de Pikachu dépressif, et d’autres encore, tellement mauvais qu’on préfère les oublier, tout à fait en rapport avec l’ambiance sérieuse et particulière d’une partie de poker. Ça n’inspire pas de fun, mais une profonde compassion pour le talent du graphiste.
Ne commettons pas l’outrage d’oublier la musique ! Un clavier bontempi des 80’s, une parodie de jingle TF1 bien joyeuse de la même époque, et on a là l’intro la plus pitoyable qui soit. Ça fait rire, oui, mais pas comme Midas l’aurait espéré ! Quelques mauvais dessins pendant un temps de chargement longuet plus tard, on accède enfin aux modes de jeu, ma foi assez complets.
Ce seront 10 modes de jeux qui s’offriront à votre soif de papier glacé. Je ne ferai pas l’affront de rappeler les règles de ces jeux de cartes, un tour sur google vous les expliquera mieux que moi.
7 à la suite, splash, bridge, concentration, speed, the rich man, page one, old maid, poker, black jack, certains semblent avoir été inventés pour l’occasion mais reposent sur le même système que celui de la « bataille » : aligner les cartes de plus en plus fortes jusqu’à ce qu’un des adversaires n’en possède plus et remporte ainsi le match.
Sinon, pour les jeux authentiques, heureusement les grandes lignes des règles sont respectées, mais n’étant pas expert, je ne peux pas garantir que toutes les subtilité d’un jeu comme le bridge soient présentes.
Quelques fonds d’écran façon peinture à la Van Gogh viennent relever le désastre de la « vibrant presentation ».
À l’écran, c’est minimaliste. Un singe rigolo en avatar sensé symboliser votre adversaire, et l’essentiel : votre main et des cadres sur lesquels cliquer pour effectuer une action (changer, miser, etc.). Un habillage de misère, mais suffisant pour ce type de jeux.
Mais voilà, ça reste un jeu de cartes, mal aidé par une esthétique catastrophique. Taper le carton dans des conditions pareilles, on en vient à se dire que même les jeux implémentés à Windows sont plus sympathiques.
You lose !
Card Shark est ce qu’il est : un jeu micro budget, qui passionne autant que les cours de la bourse. Quitte à jouer aux cartes virtuellement, il y a des milliers d’autres solutions plus intéressantes sur internet. Un jeu vite fait, vite oublié, qui ne se vendra même pas, mais croupira lentement dans un carton.