Développé par Appaloosa Interactive, édité par Konami.
Appaloosa Interactive, c’est le studio qui a réalisé, entre autres, le sympathique Ecco the Dolphin : Defender of the Future de la Dreamcast. Mais avant ce haut fait d’arme, le développeur au cheval-pas-cabré avait commis ses premiers actes de torture sur la série Contra, avec Contra : Legacy of War et C : The Contra Adventure. Ces jeux s’inscrivent dans la volonté, à l’époque des 32 bits, de passer les séries à succès en 3D. Des initiatives malheureuses qui ont donné naissance à des Megaman Legends, Fatal Fury : Wild Ambition, Street Fighter EX, puis un peu plus tard à des Worms 3D ou Metal Slug 3D.
FAUX ET USAGE DE FAUX
Pour commencer, C : The Contra Adventure ne s’inscrit pas dans la chronologie officielle de la série, et d’ailleurs il ne met en vedette ni Lance Bean, ni Bill Rizer, mais plutôt d’anciens membres de la Contra Force, celle-là même qui tenait le haut de l’affiche dans le jeu éponyme sur NES. L’action débute dans un temple maya, où une météorite s’est écrasée. Bien vite, une créature extraterrestre s’y développe et prend le contrôle de la région. Tasha, ancien membre de la Contra Force, est envoyée en mission dans le temple mais finit portée disparue. C’est à Ray Poward, un ancien des Hard Cops, qu’est confiée la double mission de secourir sa compatriote et d’éradiquer la menace alien.
DESTRUCTION DE BIENS PUBLICS
C : The Contra Adventure est un run ‘n gun plus ou moins dans la lignée de ses ancêtres, et quoi qu’il en soit, dans le même esprit que son prédécesseur direct, Contra : Legacy of War. Le jeu propose trois modes de difficulté, l’aventure s’arrêtant vers la moitié si l’on choisit le niveau le plus simple. Pour commencer, il est de bon ton de participer au stage d’entraînement, qui vous permet de vous familiariser avec les spécificités de cet épisode. Ensuite, place à neuf niveaux conclus chacun par un boss et affichant bien souvent un boss de mi-parcours, également. Les stages alternent entre une vue de profil, de dessus ou en 3D, à la troisième personne.
Ainsi, le premier niveau dans la ville vous rappellera indubitablement le début de Contra III : The Alien Wars avec sa vue de profil, tandis que le suivant, se déroulant dans un village abandonné, ressemble plus à un Resident Evil première génération en mode grosbill, avec munitions illimitées. Les deux portions suivantes du parcours, qui se déroulent toutes deux dans un canyon, sont vues de dessus à la manière de Super C. Retour ensuite à la 3D pour deux niveaux où vous allez explorer la pyramide maya. Le stage suivant est un peu particulier : vous vous trouvez dans un ascenseur, sans gravité. Vous pouvez ainsi vous tourner dans tous les sens mais vous ne vous déplacez pas, vous restez dans la même salle et éliminez toute menace venue du fond de l’écran. Le niveau d’après vous rappellera les heures glorieuses du tout premier Contra, lorsque vous deviez trouver votre chemin dans des forteresses en simili-3D. Ici c’est la même chose : l’environnement simule un effet de profondeur mais vous vous déplacez sur un plan fixe. Enfin, le dernier monde est vu de profil comme le premier.
Pour vous défaire de la racaille qui infeste ces lieux (principalement des robots plus ou moins humanoïdes, mais aussi deux-trois plantes bizarres), vous pouvez compter sur votre solide fusil d’assaut aux munitions illimitées, et sur divers bonus tels que le 3-way (un tir qui part en cône d’une trentaine de degrés d’angle) ou le lance-flamme. Notez que vous pouvez transporter plusieurs armes à la fois et sélectionner celle qui vous arrange sur le moment. Enfin, C : The Contra Adventure, comme son grand frère, donne à votre avatar une jauge de santé. Vous pouvez recharger votre jauge en récupérant les kits de soin disséminés dans les décors.
ABUS DE POSITION DOMINANTE
Que le titre d’Appaloosa soit hors contexte, passe encore. Nous pouvons admettre la chose lorsque la réalisation est au rendez-vous, comme dans le vénérable Contra Force. Que les ennemis et les décors ne correspondent pas aux canons de la saga, pourquoi pas ? Un renouvellement n’est pas forcément à rejeter, encore une fois à condition que le reste suive.
Mais BORDEL DE MANCHE À COUILLES, C’EST QUOI CETTE MERDE ?! C : The Contra Adventure est pour commencer d’une laideur incommensurable. Il n’existe pas de mots pour décrire la souffrance visuelle que provoquent les décors vides et si peu texturés, les couleurs de fond de slip qui semblent badigeonnées à même les énormes polygones, les personnages sans visages qui se déplacent comme des marionnettes dans ces environnement en carton-pâte… La seule chose qui soit digne d’un minimum d’intérêt dans cette réalisation d’une pauvreté abyssale, c’est la bande-son un tout petit peu énergique et un chouïa originale.
Il n’y a donc pas de double effet Kiss Kool ; C : The Contra Adventure fait saigner les yeux, pas les oreilles. Ah mais attendez… On me signale dans l’oreillette qu’il fait aussi saigner les paumes des mains. C’est vrai, j’ai failli oublier de vous parler des sueurs froides que provoque cette putain de caméra qui va toujours se foutre dans des endroits indicibles lors des phases en 3D ; de ces balles invisibles dont vous n’apprenez l’existence que quand elles vous trouent la peau ; de ce level-design tellement incohérent qu’il enchaîne les phases mortes et les alertes rouges quel que soit le niveau de difficulté choisi…
La difficulté, tiens, parlons-en ! Je les vois déjà, les vieux roublards qui hurlent au scandale parce que le développeur nous a collé une barre de vie. Ils feront moins les marioles quand ils verront à quel point elle défile vite. Non vraiment, dans ces conditions atroces, absurdes même, envisager de se farcir les neuf longs niveaux que compte le jeu n’est vraiment pas une option. Moi ? Oui, mais moi c’est pas pareil : je me sacrifie au nom du bien commun.
Vous pouvez dormir tranquilles : l’Antekrist veille sur vous.